La nouvelle politique dans le secteur du dessalement tend à utiliser les composantes et les matériaux produits localement et à recourir à la sous-traitance avec des entreprises algériennes.
Le développement de la sous-traitance prend de plus en plus de place dans les programmes sectoriels. En juillet dernier, le ministre de l’Economie de la connaissance, des Startups et des Micro-entreprises, Oualid El Mahdi Yacine, a annoncé le lancement avant la fin de l’année en cours d’une plateforme numérique sur la sous-traitance. Le cap est en effet mis sur la connexion entre les grandes entreprises et les micro-entreprises.
Dans ce cadre d’ailleurs, l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat (Nesda) compte mettre en place plusieurs programmes en matière de sous-traitance. L’enjeu est de taille. Il s’agit d’encourager la production locale, d’augmenter les taux d’intégration et surtout de réduire les factures d’importations dans différents secteurs.
Ce que tente de faire le groupe Sonatrach en concluant des contrats avec des entreprises algériennes pour la fourniture de pièces détachées. En 2022, le groupe a d’ailleurs réussi à économiser plus de 30 millions d’euros grâce au recours à la production nationale de pièces de rechange.
Dans le domaine du dessalement de l’eau de mer, l’Algérie s’oriente vers la production locale de membranes d’osmose inverse, utilisées dans le processus, selon le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab. L’entreprise Algerian Energy Company (AEC), filiale de la Sonatrach, s’est déjà lancée dans des pourparlers avec plusieurs entreprises internationales spécialisées dans la fabrication et la production d’intrants et d’équipements pour les stations de dessalement.
Dans ce cadre, un mémorandum d’entente a été signé entre l’AEC et le groupe allemand PEL spécialisé dans la fabrication des membranes semi-perméables, dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant.
L’accord porte sur la production de ces membranes en Algérie pour stimuler notamment l’industrie locale. La nouvelle politique dans le secteur du dessalement tend en effet à utiliser les composantes et les matériaux produits localement et à recourir à la sous-traitance avec des entreprises algériennes, pour ce qui est de l’élaboration des études notamment.
Des discussions sont en cours entre l’AEC, des universités algériennes et des producteurs locaux en vue de développer de nouvelles techniques pour les stations de dessalement. La politique adoptée dans l’industrie pharmaceutique vise également à promouvoir la fabrication locale. Cela pour dire qu’un travail est en cours pour créer une passerelle entre les grandes entreprises et les petites unités de production.
Industrie automobile : Des mesures incitatives
Ce travail s’accélère dans l’industrie automobile. Dans ce secteur, une vingtaine d’opérateurs ont déjà obtenu des autorisations pour la création d’usines de pièces détachées. Certains ont même abouti, selon le ministre de l’Industrie, Ali Aoun, à un contrat de prestation fourniture avec des constructeurs automobiles après une phase d’accompagnement-homologation alors qu’au total, 200 sous-traitants ont déjà été présélectionnés pour alimenter les usines de montage de voitures.
«Les potentialités sont là et notre rôle est de mettre les unités de production avec les donneurs d’ordre en cette période de relance et de restructuration du secteur industriel», nous dit à ce sujet un représentant de la Bourse de sous-traitance et de partenariat.
L’industrie automobile est en effet appelée à jouer un rôle clé dans le développement de la sous-traitance dans plusieurs filières : mécanique, électricité, électronique, métallurgique, le caoutchouc et le plastique. Et ce «au-delà des autres services connexes qui doivent impérativement accompagner le développement de ce secteur», notent à ce sujet les organisateurs du Salon de la sous-traitance qui se tiendra à Alger pour sa neuvième édition du 2 au 5 octobre prochain.
«La démonstration des capacités industrielles nationales est largement suffisante pour entamer une transformation en profondeur du tissu industriel», estiment-ils encore, mettant l’exergue sur les besoins et les ressources disponibles de l’ensemble du secteur industriel manufacturier.
Le ministère de l’Industrie et de la Production a, dans ce cadre, adopté une stratégie d’accompagnement aux sous-traitants. La création d’une base de sous-traitance, le renforcement de l’intégration des capacités nationales à travers la valorisation des intrants locaux constituent les axes principaux de cette stratégie.
Aussi, des mesures incitatives ont été mises en œuvre pour encourager l’activité de sous-traitance, à travers un régime préférentiel et une exonération des droits de douanes et de la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) des composants et matières premières importés ou acquis localement par les sous-traitants dans le cadre de leurs activités.
L’objectif étant pour les usines qui s’installent dans le secteur de passer progressivement du stade de l’assemblage des voitures à celui de la fabrication, tout en augmentant le taux d’intégration conformément au cahier des charges. Ce dernier impose un taux d’intégration de pièces locales progressif de 10% après la première année de production, puis 30% au bout de 5 ans.
Les partenaires de l’Algérie dans cette course à l’édification d’une industrie automobile sont appelé à jouer le jeu. Dans ce sillage, le ministre de l’Industrie, Ali Aoun, n’a pas manqué d’inviter Stellantis qui dispose d’une filiale d’équipementiers, Fauricia, à contribuer au développement de la sous-traitance en Algérie. Une manière d’inciter les équipementiers à investir en Algérie.
De son côté, en juin dernier, l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI) a lancé un appel aux porteurs de projets dans le domaine de la sous-traitance automobile, les invitant à soumettre leurs intentions d’investissement. Une initiative qui s’inscrit dans le cadre d’un programme visant à attribuer des terrains industriels pour la réalisation de projets spécifiques à ce secteur.