En vue d’un accord entre la RDC et le Rwanda : Washington a proposé d’étendre le «couloir de Lobito», selon une diplomate américaine

19/01/2025 mis à jour: 23:56
578

Les Etats-Unis ont proposé d’étendre leur projet d’investissement africain emblématique à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), en tant qu’incitation à la conclusion d’un accord de paix, mais le Rwanda a fait machine arrière. C’est ce qu’a indiqué hier Molly Phee, secrétaire d’Etat adjointe américaine  chargée des affaires africaines dans un entretien à l’AFP.

Elle a déclaré que les Etats-Unis ont proposé d’étendre l’axe ferroviaire de Lobito, un projet visité le mois dernier par le président Joe Biden et qui vise à accélérer le transport des minerais du sud de la RDC et de la Zambie jusqu’à la côte atlantique de l’Angola. «Nous avons proposé aux deux parties que si nous parvenions à stabiliser l’est de la RDC, nous pourrions travailler au développement d’un embranchement du couloir de Lobito à travers l’est de la RDC», a déclaré Mme Phee lors d’un entretien avant son départ demain, alors que l’administration Biden s’achève. «Nous avons essayé d’offrir des incitations positives. Un véritable cadre, bien négocié par les parties, existe, et pour l’instant, le Rwanda semble s’en être éloigné», a-t-elle déploré. 

Depuis novembre 2021, le mouvement M23, groupe armé soutenu par le Rwanda, s’est emparé de vastes pans de territoire dans l’est de la RDC, riche en ressources naturelles et déchiré depuis 30 ans par des conflits.

Le président rwandais Paul Kagame, sans jamais admettre une implication militaire directe, a exigé l’élimination des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), groupe armé formé par d’anciens hauts responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 et réfugiés depuis en RDC. Selon Mme Phee, les Etats-Unis ont présenté une solution qui prévoyait que Kinshasa réprime les FDLR. Mais «ils n’ont pas agi en ce sens», a-t-elle dit à propos du pouvoir en RDC. «Nous avons tout remis à plat et j’ai pensé que nous étions sur la bonne voie». 


Réticence de Kigali

«Finalement, le président Kagame a décidé de ne pas se rendre au sommet de Luanda en décembre et vous avez vu le Rwanda et le M23 se saisir de davantage de territoire», a-t-elle dit.


Le président Joe Biden a pris ses fonctions il y a quatre ans en promettant d’accorder plus d’attention à l’Afrique que Donald Trump, son prédécesseur et successeur, mais son administration s’est rapidement vue accaparée par les guerres en Ukraine et à Ghaza.

Molly Phee se félicite néanmoins que les Etats-Unis aient pu aider à mettre fin au conflit dans la région du Tigré, en Ethiopie, qui a fait au moins 600 mille morts sur deux ans avant un cessez-le-feu conclu en novembre 2022. «Je suis  fière du travail que nous avons accompli pour mettre fin à la guerre dans la région du Tigré, qui était à l’époque le plus grand conflit au monde», a affirmé cette diplomate de carrière. 


Elle s’est toutefois inquiétée des actions menées par les forces éthiopiennes depuis lors, dans les conflits des régions d’Amhara et d’Oromia. «Il s’agit d’un problème légitime et difficile, comme le sont toutes les insurrections, mais nous avons le sentiment que les services de sécurité ont la main lourde et ne sont pas aussi attentifs aux victimes civiles qu’ils devraient l’être», a-t-elle  observé. 

L’administration Biden a exclu l’Ethiopie d’un important pacte commercial, mais les Etats-Unis «aimeraient être en mesure de reprendre le type de partenariat que nous avions », a indiqué Mme Phee, tout en soulignant que l’Ethiopie se devait de prendre des mesures. 

Copyright 2025 . All Rights Reserved.