Selon des médias turcs, les autorités cherchent à décapiter la direction du CHP, un an après la large victoire de l’opposition aux élections municipales.
Le principal parti d'opposition en Turquie, le CHP, organise ce dimanche un congrès extraordinaire durant lequel son président, Özgür Özel, devrait être reconduit dans ses fonctions, au terme de dix jours de tensions provoquées par l’arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, figure emblématique du parti.
Ce congrès, présenté comme une démonstration de force par le CHP, vise à rassembler une foule massive à Ankara. Selon Eren Aksoyoglu, spécialiste de communication politique, l’événement est conçu pour afficher l’unité du parti face aux attaques. Özgür Özel a déclaré qu’il s’adresserait aux délégués présents dans la salle, mais qu’il comptait également s’exprimer devant une foule nombreuse à l’extérieur, appelant tous les citoyens, qu’ils soient ou non sympathisants du CHP, à se rassembler devant le lieu du congrès. Il a précisé que l’une des principales revendications de ce rassemblement serait la libération d’Imamoglu, candidat du parti à la prochaine élection présidentielle.
Le CHP espère, par ce congrès et ces rassemblements, répondre aux pressions croissantes, notamment après la destitution et l’arrestation de sept maires de ses rangs, dont celle très médiatisée d'Imamoglu le 19 mars. Le pouvoir en place semble vouloir affaiblir la direction du parti d’opposition, dans un contexte tendu depuis sa victoire électorale aux municipales.
Fin mars, le président Recep Tayyip Erdogan avait lancé une mise en garde voilée en affirmant que lorsque certaines vérités éclateraient, leurs auteurs n’oseraient plus regarder leurs proches en face, encore moins la nation. Une déclaration perçue comme une menace envers les cadres du CHP. Plusieurs médias turcs avancent que les autorités cherchent à neutraliser la direction du parti après sa large victoire aux élections municipales de mars 2024, où il a obtenu 37,8 % des voix au niveau national et conquis de nouveaux bastions du parti présidentiel AKP, en plus de conserver Istanbul et Ankara.
Özgür Özel avait annoncé dès le 21 mars la tenue de ce congrès, estimant nécessaire de réagir fermement à ce qu’il considère comme une tentative de prise de contrôle du CHP par des moyens extrajudiciaires. L’arrestation d’Imamoglu, que le parti qualifie de coup d’État, a provoqué des manifestations massives à Istanbul et dans d’autres grandes villes du pays. Malgré son incarcération, Imamoglu a été officiellement désigné comme candidat à la prochaine présidentielle, comme cela était prévu de longue date par la direction du parti.