II y a 70 ans, jour pour jour, avait eu lieu l’une des premières batailles de la Guerre de libération, quinze jours à peine après le déclenchement de la révolution de novembre 1954 dans la région des Aurès à travers les premières opérations dirigées par le chef de la zone I, Mostefa Benboulaïd.
Il s’agit de la bataille de Djebel Khaled, qui a eu lieu près de Yabous, dans la région de Khenchela, opposant les combattants de l’ALN aux troupes françaises lourdement armées, engagées dans la région pour mener des représailles contre la population après le succès des premières attaques menées contre les casernes militaires et les postes de la police et de la Gendarmerie dans la nuit du dimanche 31 octobre au lundi 1er novembre 1954.
Dans ses mémoires conservées au bureau de l’Organisation nationale des moudjahidine de la wilaya de Khenchela, le regretté Mohamed Maâche, qui fut l’un des acteurs de cette bataille avait apporté son témoignage pour l’histoire. «Les moudjahidine stationnés dans les massifs montagneux de la région de Yabous ont su renverser un grand nombre de soldats ennemis français dans une zone forestière située à la périphérie de la région du Taghrist, dans la commune actuelle de Yabous», avait-il noté. «Cette bataille, qui s’était déroulée à Djebel Khaled, pas très loin de Batna, avait été déclenchée à la suite de renseignements reçus par les forces coloniales françaises, signalant la présence de deux groupes constitués de 70 moudjahidine dirigés par Mohamed Belbar et Smaïl Ghabrouri, réfugiés dans une zone forestière à l’est de Taghrist», avait-il ajouté. L’armée française avait l’intention de mener une opération d’envergure en mobilisant un important contingent de soldats, appuyés par des hélicoptères, des chars d’assaut et soutenu par l’artillerie de campagne.
FORCES ARMÉES FRANÇAISES
Dans son témoignage, Mohamed Maâche avait raconté que les combattants de l’ALN étaient contraints de quitter leurs refuges pour faire face aux soldats ennemis après les bombardements par les hélicoptères des tranchées qui leur servaient de cachette. Les combats avaient duré toute la journée du 15 novembre 1954, avant le retrait des moudjahidine à la tombée de la nuit. Selon toujours le témoignage de Mohamed Maâche, les forces ennemies françaises avaient subi des pertes importantes, dont une soixantaine de soldats tués et 20 autres blessés, en plus de la récupération d’une mitraillette de type Mat 49, alors que six moudjahidine, dont le commandant du 2e groupe, Mohamed Belbar, sont tombés en martyrs et trois combattants avaient été blessés et évacués loin des lieux de la bataille pour recevoir les soins.
L’analyse des faits historiques par certains spécialistes, dont Noui Benmabrouk, professeur d’histoire à l’université Abbas-Laghrour de Khenchela, a fait ressortir que les causes qui avaient permis aux moudjahidine de tenir tête aux forces armées françaises dans un combat à forces inégales résident dans plusieurs facteurs, mais le plus important avait été le déroulement de la bataille dans une zone boisée et montagneuse n’ayant pas permis le déploiement des chars ennemis.
Le Pr Benmabrouk a précisé que la bataille de Djebel Khaled à Yabous, qui a causé des pertes inattendues aux troupes françaises, dès les premiers jours de la Guerre de libération, qualifiée à l’époque d’une simple rébellion locale, avait eu un impact positif sur le moral des moudjahidine, ayant mené le combat avec des armes rudimentaires en majorité de fabrication italienne et allemande abandonnées en Libye lors de la Seconde Guerre mondiale.
La bataille de Djebel Khaled n’avait été que le commencement d’une longue série de combats menés par les combattants de l’ALN dans la région des Aurès marquant le parcours d’une révolution qui finira par atteindre ses objectifs et changer le cours de l’histoire. S. Arslan et APS