Elle a voulu perturber l’intervention de Nouria Hafsi devant une commission de l’ONU : Le geste indélicat de l’ambassadrice du Maroc

10/10/2024 mis à jour: 00:46
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Photo : D. R.

Un incident s’est produit lors de la prise de parole de Mme Nouria Hafsi, secrétaire générale de l’Union nationale des femmes (UNEF), durant le débat général de la quatrième commission de l’ONU, en charge des questions politiques spéciales et de la décolonisation.

Plaidant en faveur du droit légitime du peuple sahraoui à l’autodétermination, cette dernière a «été interrompue par l’ambassadrice du Maroc», a-t-elle assuré. «Je pense qu’elle n’a pas apprécié que je parle du colonisateur. Elle a d’ailleurs affirmé que mes propos allaient à l’encontre des règles des Nations unies», a poursuivi Mme Hafsi. La secrétaire générale de UNEF l’a alors sommée d’arrêter de perturber les pétitionnaires et de «nous laisser nous exprimer librement». «Il faut savoir qu’elle l’a fait avec pratiquement tout le monde. A chaque fois qu’un pétitionnaire allait à l’encontre de ses idées, elle perturbait la salle», confie Mme Hafsi.

La quatrième commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, a examiné les points de son ordre du jour relatifs à la décolonisation en procédant à l’audition de pétitionnaires concernant la question du Sahara occidental. D’ailleurs, le représentant du Front Polisario, Sidi Mohamed Omar, a qualifié l’arrêt rendu le 4 octobre par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de «victoire historique», confirmant l’illégalité des accords entre l’Union européenne (UE) et le Maroc et estimant qu’ils ont été conclus en violation du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à la souveraineté sur ses ressources naturelles.

Pour sa part, Mme Hafsi  a réclamé l’intervention de l’ONU et de l’Union africaine (UA) pour freiner l’entêtement du Maroc à perpétuer le statu quo colonial en imposant son plan d’autonomie. «Il s’agit d’un fait colonial honteux et inadmissible», a-t-elle martelé. «J’ai expliqué que la monarchie marocaine, le makhzen et la diplomatie du roi Mohammed VI endossent le blocage et l’obstruction de la question du Sahara occidental et cela a déplu à l’ambassadrice marocaine», confie-t-elle.

Et d’ajouter : «Elle[ambassadrice du Maroc, ndlr] n’a tellement pas apprécié mes propos qu’elle a demandé à me faire sortir de la salle. Mais je ne me suis pas laissé faire.

Je n’ai pas non plus apprécié qu’elle dénigre mon pays et je lui ai bien fait savoir. Je lui ai signifié que c’est elle qui enfreint les règles de l’ONU.» Malgré le grabuge occasionné, cette dernière a tenu à poursuivre son discours, affirmant qu’il y a «une mauvaise foi et une volonté délibérée du Maroc de défier les résolutions du Conseil de sécurité et celles de l’AG de l’ONU qui reconnaissent au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination». Mme Hafsi a fini par appeler l’ONU à agir fermement et stopper la rébellion du Maroc.

A noter que les travaux de la quatrième commission de l’ONU se sont ouverts mardi à New York. Un grand nombre de pétitionnaires, venus de différentes régions du monde, ont plaidé pour le droit légitime du peuple sahraoui à l’autodétermination et la fin de l’occupation prolongée du Sahara occidental par le Maroc.   

 

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