Le Président en exercice, Ali Bongo Ondimba, convoite un troisième mandat face à Albert Ondo Ossa. Président depuis 14 ans, il a été élu une première fois en 2009 après la mort de son père, Omar Bongo Ondimba, qui dirigeait le pays depuis plus de 41 ans.
Quelque 850 000 Gabonais ont été appelés hier aux urnes pour les élections législatives et municipales, et à choisir leur Président le tout en un tour de scrutin. Le Président en exercice, Ali Bongo Ondimba, convoite un troisième mandat face à Albert Ondo Ossa. Professeur d’université agrégé d’économie, ancien ministre d’Omar Bongo, ce dernier a été choisi par les principaux partis de l’opposition, rassemblés dans la plateforme Alternance 2023, à huit jours seulement du scrutin et n’en a eu que six pour mener campagne.
Quatorze prétendants s’affrontent pour cette présidentielle marquée par l’absence de médias étrangers, qui se sont vu refuser des accréditations ou l’entrée dans le pays, a dénoncé hier vendredi Reporter sans Frontières (RSF), et sans observateurs internationaux, africains comme européens. Ondo Ossa promet de « chasser» du pouvoir par les urnes le Président et sa formation le Parti démocratique gabonais (PDG) et de mettre un terme à une «dynastie Bongo» à la tête depuis plus de 55 ans d’un pouvoir que l’opposition accuse de mauvaise gouvernance et d’être gangrené par « la corruption».
Ali Bongo, président depuis 14 ans, a été élu une première fois en 2009 après la mort de son père Omar Bongo Ondimba, qui dirigeait le pays depuis plus de 41 ans. Professeur d’université agrégé d’économie, ancien ministre d’Omar Bongo, Ondo Ossa a appelé les Gabonais à «ignorer» les législatives pour se concentrer sur la présidentielle, «seul enjeu des élections». Il a promis de dissoudre l’Assemblée nationale issue du vote s’il est élu président.
Candidat indépendant, son bulletin unique ne comprend pas de prétendant à la députation. Les scrutins présidentiel et législatifs sont regroupés en un seul vote par le truchement d’un bulletin unique pour les candidats à la présidentielle et à la députation issus d’un même parti.
L’opposition a déjà critiqué une «modification des règles du jeu» il y a cinq mois pour tailler une réélection sur mesure au sortant, en faisant repasser le scrutin de deux à un tour, gagnable donc à la majorité relative pour M. Bongo, face à 13 candidats.
En 2016, il a été réélu mais laborieusement, avec 5 500 voix seulement d’avance sur l’opposant Jean Ping, qui dénonçait des «fraudes». Un AVC en octobre 2018 a laissé A. Bongo de longs mois absent et une partie de l’opposition continue, bientôt cinq ans après, de mettre en doute ses capacités physiques et intellectuelles à diriger le pays.
La majorité dénonce des campagnes centrées sur sa santé, «sans aucun autre programme». Le Gabon est l’un des pays les plus riches d’Afrique en PIB par habitant, grâce à son pétrole, son manganèse et son bois notamment. Mais «le pays peine à traduire la richesse de ses ressources en une croissance durable et inclusive» et un tiers (32,9%) de ses habitants vivent sous le seuil de pauvreté, a indiqué la Banque mondiale en avril 2023.
La dynastie Bango : plus de 60 ans au pouvoir
Ancienne colonie française, pays de l’Afrique centrale, le Gabon proclame son indépendance le 17 août 1960. En février 1961, Léon Mba devient Président. Trois ans plus tard, il est renversé par un coup d’Etat puis réinstallé grâce à une intervention de l’armée française. Lui succède à sa mort en décembre 1967, Albert-Bernard Bongo qui impose en mars 1968 le PDG comme parti unique.
Converti à l’islam, il devient Al Hadj Omar Bongo. Unique candidat, il est élu Président en 1973, 1979 et 1986. En avril 1990, le multipartisme est adopté. En mai-juillet de la même année, l’opération militaire «Requin» permet à Paris de rétablir l’ordre à Libreville après des émeutes. Officiellement, elle est destinée à l’évacuation des ressortissants français.
Mais Omar Bongo remporte toutes les présidentielles (1993, 1998 et 2005). Scrutins tous contestés. En 2010, la justice française ouvre une enquête sur le patrimoine amassé en France par Omar Bongo et d’autres chefs d’Etat africains (affaire des «biens mal acquis»). En 2014, le journaliste français Pierre Péan affirme, dans son livre Nouvelles affaires africaines, que Ali Bongo a falsifié son acte de naissance.
Démentie par le pouvoir, la thèse soutient aussi que le Président est un enfant nigérian adopté par Omar Bongo pendant la guerre du Biafra (1967-1970) au Nigeria. Selon la Constitution, il faut être né Gabonais pour briguer la présidence.
A la fin de la même année, de violents heurts opposent manifestants de l’opposition et forces de l’ordre, lors d’un rassemblement interdit réclamant le départ d’A. Bongo, faisant officiellement un mort. Le régime, confronté à une crise économique à cause de la chute des cours du pétrole fait face à des tensions sociales croissantes, avec des grèves dans la fonction publique et le secteur privé.
Avant la présidentielle d’août 2016, l’opposition demande en vain l’invalidation de la candidature de Ali Bongo, indiquant qu’il est un enfant nigérian adopté et ne peut ainsi être Président.
Le 31 août, la commission électorale annonce la réélection de Ali Bongo, devant son adversaire Jean Ping. Reportées trois fois, les législatives prévues en décembre 2016 se tiennent en octobre 2018, avec une victoire écrasante du parti au pouvoir. En début janvier 2019, une tentative de coup d’Etat mené par un groupe de soldats contre le président Ali Bongo, a échoué au Gabon.