Élections législatives en Espagne : Le spectre de l’extrême droite

24/07/2023 mis à jour: 03:50
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L’opposition de droite est le grand favori de ce scrutin

Quelque 37,5 millions d’électeurs ont été appelés hier à renouveler pour quatre ans les 350 membres du Congrès des députés et à élire 208 sénateurs.

L’opposition de droite est la grande favorite de la consultation, laquelle peut néanmoins constituer une aubaine pour l’extrême droite quant à arriver au pouvoir, selon des sondages.

Le leader du Parti populaire (PP), courant de droite, Alberto Nunez Feijoo, qui pourrait succéder au Premier ministre socialiste Pedro Sanchez si les sondages ont vu juste, a dit à la presse espérer que l’Espagne «entame une nouvelle ère», après avoir voté dans le centre de Madrid, rapporte l’AFP. De son côté, le chef de l’Exécutif a qualifié cette élection de «très importante (...) pour le monde et pour l’Europe».

Le scrutin suscite un intérêt particulier du fait de la possibilité de voir surgir au pouvoir une alliance entre la droite conservatrice et le parti d’extrême droite Vox, dont le soutien pourrait être indispensable au PP pour former un gouvernement.

Un tel scénario marquerait le retour au pouvoir de l’extrême droite en Espagne pour la première fois depuis la fin de la dictature franquiste, il y a près d’un demi-siècle (1975). 

Et à l’approche des élections européennes de 2024, le basculement à droite avec peut-être la participation au pouvoir de l’extrême droite, de la quatrième économie de la zone euro, après celui de l’Italie l’an dernier, constituerait un revers pour les gauches européennes.

L’Espagne exerce actuellement la présidence tournante de l’Union européenne (UE).Le chef de Vox, Santiago Abascal, s’est dit convaincu que les élections «permettront un changement de cap en Espagne». 

La ministre du Travail sortante Yolanda Díaz, leader de Sumar, une formation de gauche radicale, et alliée de P. Sanchez, a déclaré que «pour les gens de ma génération, ce sont les élections les plus importantes». 

Et d’observer : «C’est la prochaine décennie qui se joue», a-t-elle dit. L’objectif de N. Feijoo est de remporter 176 députés, ce qui lui donnerait la majorité absolue au Congrès et permettrait au PP de gouverneur seul. 

Mais pas un sondage n’a envisagé un tel score et le PP devrait donc avoir recours à une alliance. Son seul partenaire potentiel est Vox, parti d’extrême droite ultranationaliste et ultraconservateur, né en 2013 d’une scission du PP, avec lequel il gouverne déjà dans trois des 17 régions du pays. 

Le parti d’extrême droite refuse néanmoins de faire des concessions sur ses priorités, à savoir son déni de l’existence de la «violence de genre», du retrait des drapeaux arc-en-ciel devant les institutions locales pendant le mois des fiertés, ou de la négation du changement climatique. 

Positions qui ne sont pas celles du PP. Aussi, Vox est de tendance souverainiste. «Nous ferons pression en faveur d’un nouveau traité européen qui redonne aux Etats membres une place centrale face à la bureaucratie d’une Commission européenne que personne n’élit et que personne ne peut contrôler», a soutenu le parti dans son programme. 

«Nous défendrons la primauté de la Constitution (espagnole) sur le droit européen.» Comme «nous favoriserons la récupération de la souveraineté nationale dans l’exécution des jugements de nos tribunaux», a-t-il affirmé. 

Santiago Abascal a averti le PP que le prix de son soutien serait une participation à un gouvernement Feijóo. Ce dernier, qui a décrit le PP comme «un parti de centre-droit réformiste», a maintenu jusqu’au bout le flou sur ses intentions, admettant toutefois vendredi, dans une interview au quotidien El Mundo, qu’un gouvernement de coalition avec Vox «n’est pas l’idéal».

Se maintenir au pouvoir

Donné battu après la déroute de la gauche lors des élections locales de mai, P. Sanchez a joué sur la peur de l’extrême droite. Dénonçant «le tandem formé par l’extrême droite et la droite extrême» il a estimé qu’un gouvernement issu d’une telle coalition «serait non seulement un recul pour l’Espagne» sur le plan des droits, «mais aussi un sérieux revers pour le projet européen».

 Pour lui, la seule alternative est le maintien au pouvoir de l’actuelle coalition de gauche, mise sur pied en 2020, entre son parti socialiste et la gauche radicale.
Les conservateurs ont remporté une large victoire face à la gauche lors d’un double scrutin, municipal et régional. Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) a ainsi recueilli moins de 6,3 millions des voix (28,1%) aux municipales, contre plus de 7 millions (31,5%) pour son rival conservateur, le PP. Une progression de deux millions de voix pour la droite en quatre ans, et un recul massif de la gauche. 

Pourtant le bilan économique du gouvernement socialiste est positif : la croissance a atteint 5,5% l’an dernier et l’Espagne est devenue en juin l’une des premières économies de l’UE où l’inflation est tombée sous la barre des 2% (1,9%). Mais ces défaites électorales a poussé Pedro Sanchez, au pouvoir depuis 2018, a annoncé la convocation d’élections législatives anticipées le 23 juillet. 

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