Les conservateurs partent largement favoris pour revenir au pouvoir en Allemagne à l'issue des élections du 23 février, après une campagne enflammée marquée par la progression de l'extrême droite, directement soutenue par l'entourage de Donald Trump, rapporte l’AFP.
Ce scrutin anticipé, faisant suite à une crise gouvernementale fin 2024, intervient dans un contexte de chamboulement généralisé pour le pays: crise économique, remise en cause du modèle industriel et géopolitique sur lequel le pays a bâti sa prospérité et fragmentation du paysage politique. Dans ces conditions, quel que soit le résultat dans une semaine, les négociations en vue de former une coalition gouvernementale stable s'annoncent difficiles et longues.
Selon le dernier sondage pour la chaîne de télévision publique ARD, les conservateurs CDU/CSU sont donnés largement en tête, et progressent, à 32%. Ils devancent le mouvement d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui a dominé les débats de la campagne, et est crédité de 21%. Ce serait un record au niveau national et le double du score obtenu en 2021.
Le parti social-démocrate de l'impopulaire chancelier Olaf Scholz, dont la coalition avec les Verts et les Libéraux du FDP a implosé suite à des différends incessants sur la politique budgétaire, s'effrite encore, à 14%, ce qui serait du jamais vu pour cette formation depuis la guerre, au même niveau que les écologistes. Le leader de l'opposition conservatrice Friedrich Merz, qui a droitisé le parti devenu centriste dans l'ère Angela Merkel (2005-2021) a déjà exhorté les formations «du centre large» à la coopération après le vote.
Si le prochain gouvernement ne répond pas aux défis économiques, migratoires et de sécurité du pays, l'Allemagne aura une extrême droite qui pourrait «se rapprocher de la majorité», a prévenu le probable futur chancelier. L'appel ne manque pas de sel de la part de cet homme de 69 ans qui s'est appuyé sur l'AfD fin janvier pour faire voter une résolution non contraignante limitant l'immigration, brisant un tabou d'après guerre qui exclut toute alliance avec l'extrême droite au niveau fédéral.
L'initiative très controversée l'a contraint ensuite à faire marche arrière en promettant qu'il ne ferait pas alliance avec l'extrême droite au gouvernement, malgré les exhortations en ce sens du vice-président américain JD Vance vendredi lors de la Conférence sur la sécurité de Munich. L'ancienne chancelière conservatrice Angela Merkel (2005-2021), dans une rare intervention sur la vie politique quotidienne, a dénoncé l'alliance sur ce vote au Bundestag et des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues pour protester.
«Nous savons maintenant que si Friedrich Merz trouve le compromis entre démocrates trop difficile, il fera cause commune» avec l'AfD, affirme Olaf Scholz. Plusieurs agressions et attaques meurtrières commises par des étrangers, notamment un attentat à la voiture-bélier vendredi à Munich dont l'auteur présumé est un jeune Afghan, ont propulsé les questions d'immigration et d'insécurité au premier plan.
Cela profite en premier lieu à l'AfD. Le paysage politique s'est un peu plus émietté avec l'arrivée d'un nouveau parti populiste de gauche autour de Sarah Wagenknecht (BSW), même si son entrée au Bundestag, comme celle des libéraux du FDP, n'est pas assurée. Actuellement, le scénario d'une «grande coalition» associant conservateurs et SPD paraît le plus probable.