Élection en vue au Pakistan : L’ex-Premier ministre Nawaz Sharif de retour d’exil

22/10/2023 mis à jour: 01:46
AFP
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Nawaz Sharif reste sous le coup d’une condamnation à sept ans de prison pour corruption datant de 2018

L’ancien Premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, est rentré hier dans son pays, après presque quatre années d’exil à Londres provoqué par ses déboires avec la justice, pour tenter de ramener son parti au pouvoir à l’approche des élections. Le retour de celui qui a été trois fois Premier ministre intervient alors que son principal rival, le populaire Imran Khan, est emprisonné depuis août et inéligible pour cinq ans. 

M. Sharif, qui avait passé les derniers jours à Dubaï, a atterri hier à Islamabad, à bord d’un vol affrété rempli de journalistes. «Nous sommes tout à fait prêts pour les élections», a-t-il déclaré avant le décollage de son avion. Pour revenir au Pakistan, Nawaz Sharif a dû tempérer ses critiques envers l’armée dont il aurait obtenu, selon des analystes, la garantie de ne pas être incarcéré.

 Après son arrivée à Islamabad M. Sharif, 73 ans, a pris un vol à destination de Lahore, capitale de la province du Pendjab, son fief électoral, où il est ensuite monté dans un hélicoptère à destination d’un parc où il doit s’adresser à ses partisans. Dans la ville, des banderoles, affiches et drapeaux verts et jaunes lui souhaitant la bienvenue ont été installés dans les rues. Plus de 7000 policiers ont été mobilisés pour cette occasion, selon un officier.
 

Réduire l’inflation   

«Dieu lui a donné une chance de revenir et de redresser la situation. Il l’a déjà fait par le passé», déclare un jeune sympathisant, Razi Ullah. «Les pauvres sont désespérés.» Un autre de ses partisans, Umar Sabir, assure avoir fait 250 kilomètres pour venir l’accueillir. «Je suis un pauvre homme», dit-il. «Je n’attends qu’une chose de lui : qu’il mette fin à l’inflation.» 
 

La Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) compte sur son expérience pour gagner les élections, qui ont été reportées à fin janvier. Mais Nawaz Sharif reste sous le coup d’une condamnation à sept ans de prison pour corruption datant de 2018, une peine qu’il n’a que partiellement effectuée. Un tribunal d’Islamabad lui a accordé jeudi la liberté sous caution par anticipation jusqu’au 24 octobre, écartant la menace d’une arrestation à son retour. M. Sharif a été destitué pour corruption en 2017 par la Cour suprême, après des révélations sur de luxueux biens immobiliers détenus par sa famille via des holdings offshore. Il a été banni à vie de tout mandat politique par cette même juridiction en avril 2018. Niant toute malversation, il a dénoncé un complot de l’armée visant à favoriser la victoire électorale d’Imran Khan. Après sa condamnation en décembre 2018, il a été emprisonné pendant dix mois avant d’être libéré pour raison médicale et autorisé à aller se soigner quelques semaines à Londres.
 

«Le lion du Punjab» 
 

Selon l’analyste Zahid Hussain, les obstacles juridiques empêchant M. Sharif d’accéder au pouvoir ont probablement été levés suite à un accord conclu en coulisses entre son parti et l’armée. «Il y a eu une sorte d’arrangement avec l’establishment militaire, sans cela, il n’aurait pas décidé de revenir», a-t-il dit. Souvent drapé dans une écharpe Gucci rouge, Sharif a vu sa fortune politique croître et décroître en fonction de ses relations avec la puissante armée pakistanaise, faiseuse de rois dans le pays. 
 

Au Pakistan, les hommes politiques sont souvent empêtrés dans des procédures judiciaires qui, selon des observateurs des droits de l’homme, sont orchestrées par l’armée, qui a dirigé directement le pays pendant plus de la moitié de son histoire. Les partisans de Sharif le surnomment «le lion du Punjab», la province la plus peuplée où son soutien est le plus fort. 

L’ancien dirigeant est également connu pour faire défiler des félins lors d’événements politiques extravagants afin d’obtenir des soutiens. Il a cependant la lourde tâche de conquérir un électorat lassé par les politiques dynastiques et une population jeune séduite par le parti de Khan. «Le principal défi de M. Sharif est d’abord de s’imposer, lui et son parti, comme des options viables pour remplacer Imran Khan, qui est déjà populaire, et ensuite de redresser l’économie», a relevé l’analyste politique Ayesha Siddiqa. Le Pakistan est actuellement dirigé par un gouvernement intérimaire à l’approche des élections.
 

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