El Qods : Plus d’une centaine de blessés lors de heurts sur l’esplanade des Mosquées

16/04/2022 mis à jour: 04:55
AFP
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Jérusalem, hier, vendredi 15 avril 2022

Des affrontements entre manifestants palestiniens et policiers israéliens sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem, les premiers sur place depuis le début du Ramadhan, ont fait plus d’une centaine de blessés hier sur fond de crainte d’un embrasement dans les Territoires palestiniens occupés. 

«Cent dix-sept blessés ont été transférés» vers des hôpitaux de Jérusalem et des «dizaines» d’autres ont été traités sur le site, a indiqué à l’AFP un responsable du Croissant-Rouge palestinien à propos de ces violences dans la Vieille Ville de Jérusalem, située dans un secteur occupé depuis 1967 par Israël. 

De son côté, la police israélienne a fait état d’au moins trois blessés dans ses rangs lors de ces heurts, qui étaient pour l’essentiel terminés à la mi-journée sur l’esplanade. 

Troisième lieu saint de l’islam, l’esplanade des Mosquées – nommée aussi mont du Temple par les juifs – est située dans la Vieille Ville à Jérusalem-Est, théâtre de nombreux affrontements violents entre policiers israéliens et manifestants palestiniens. 

Plus tôt hier, des témoins avaient fait état de pierres lancées par des Palestiniens et de tirs de balle en caoutchouc et de grenades assourdissantes vers des manifestants palestiniens. Vers 4h, «des dizaines de jeunes émeutiers masqués», certains s’affichant avec des drapeaux du mouvement islamiste armé Hamas, ont «amorcé une procession» sur l’esplanade des Mosquées, et lancé des pierres en direction du Mur des Lamentations adjacent, plus important lieu de prière de la tradition juive, a indiqué la police israélienne, disant être intervenue pour «rétablir l’ordre».

Faire pression, sans guerre ?

Ces affrontements sur l’esplanade des Mosquées sont les premiers cette année depuis le début du Ramadhan, période de grands rassemblements pour les musulmans sur ce lieu sacré au cœur du conflit israélo-palestinien, les Palestiniens revendiquant Jérusalem-Est, territoire occupé depuis 1967 par Israël, où se trouve l’esplanade des Mosquées. 

Lors du Ramadhan en 2021, des manifestations nocturnes à Jérusalem et des heurts jusque sur l’esplanade s’étaient mués en 11 jours de guerre entre le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Ghaza, et Israël. «Il n’y a aucune place pour les envahisseurs et les occupants dans notre sainte Jérusalem», a déclaré hier le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, dont le mouvement a appelé à une mobilisation contre l’Etat hébreu. 

Le Hamas, dont les capacités ont été affectées pendant la guerre de 2021, cherche à maintenir le conflit actif en Cisjordanie occupée et à Jérusalem, tout en évitant une escalade dans la bande de Ghaza, d’autant plus qu’Israël risque de mettre fin aux milliers de permis de travail des ouvriers ghazaouis en cas de conflit, estiment des analystes. 

«Le Hamas ne veut pas d’une nouvelle confrontation», souligne Moukhaimer Abou Saada, professeur de sciences politiques à l’université Al Azhar de Ghaza. Le Jihad islamique, second mouvement islamiste palestinien, qui ne contrôle ni la Cisjordanie ni la bande de Ghaza, serait quant à lui plus enclin à une escalade avec Israël, estime une source de sécurité israélienne. «La confrontation sera plus rapprochée et difficile» pour les forces israéliennes si «elles ne mettent pas fin à l’agression contre notre peuple», a indiqué hier le Jihad islamique dans un communiqué.

«Aucun intérêt» pour une escalade

«Nous n’avons aucun intérêt à ce que le mont du Temple devienne le centre de violences. Cela nuirait à la fois aux musulmans sur place et aux juifs au Mur des Lamentations», a commenté le ministre israélien de la Sécurité publique, Omer Bar-Lev, membre de la coalition hétéroclite (gauche, droite, centre, arabe) du Premier ministre, Naftali Bennett, qui a perdu la semaine dernière sa majorité au Parlement avec le départ d’une députée de droite. 

Peu avant le début du mois du Ramadhan, le 2 avril, de hauts responsables d’Israël et de Jordanie – le premier pays contrôlant l’accès à l’esplanade des Mosquées, le second administrant ce lieu saint musulman – ont multiplié les contacts afin d’éviter de nouveaux heurts sur place pendant le mois sacré. 

Ces affrontements sur l’esplanade des Mosquées, qui coïncident cette année avec le début des célébrations chrétienne de Pâques et juive de Pessah, s’ajoutent à des semaines de tensions en Israël et en Cisjordanie occupée. 

Depuis le 22 mars, Israël a été frappé par quatre attaques, les deux premières menées par des Arabes israéliens liés à l’organisation djihadiste Etat islamique (EI), et dont les trois auteurs ont été tués par les forces israéliennes. Deux autres attaques ont été perpétrées dans la région de la métropole Tel-Aviv par des Palestiniens originaires du secteur de Jénine, en Cisjordanie. 

Ces attaques ont fait 14 morts en Israël. En outre, 22 Palestiniens, dont des assaillants, ont été tués depuis cette date dans des violences, liées notamment à des «opérations de contre-terrorisme» en Cisjordanie, selon un décompte de l’AFP. 

Jeudi, trois Palestiniens ont été tués dans des opérations israéliennes en Cisjordanie ayant fait aussi de nombreux blessés dont l’un a finalement succombé hier à ses blessures, a indiqué le ministère palestinien de la Santé.

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