Échanges économiques, Ghaza et situation au Sahel : L'Algérie et la Turquie se concertent

13/06/2024 mis à jour: 05:25
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Ahmed Attaf a remis, mardi, un message écrit au président turc Recep Tayyip Erdogan de la part du président Tebboune - Photo : D. R.

Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a évoqué, mardi, avec le président turc, Recep Tayyib Erdogan, les derniers développements en Palestine, mais aussi la situation dans la région sahélo-saharienne.

Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, s’est rendu mardi en Turquie pour une visite de travail. M. Attaf a été porteur d’un message écrit du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan. «Un message qui s’inscrit dans le cadre des contacts et de la coordination entre les dirigeants des deux pays à même de hisser les relations algéro-turques à de hauts niveaux», a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Lors de cette visite éclair, le chef de la diplomatie algérienne a évoqué avec le président Erdogan les relations de coopération et de partenariat entre les deux pays qui connaissent une dynamique positive. Comme il a abordé la situation chaotique à Ghaza, mais aussi les développements de la situation dans les autres territoires palestiniens occupés, a précisé le même communiqué.

Le ministre des Affaires étrangères a également évoqué avec le président turc la situation dans la région sahélo-saharienne, a ajouté la même source.

Le président Recep Tayyip Erdogan a fait part à M. Attaf de son souhait de rencontrer le président Tebboune «dans un avenir proche» et de poursuivre «leurs efforts communs, au service des relations bilatérales et en soutien aux causes de la Oumma, en tête desquelles la cause palestinienne». Les relations algéro-turques se sont substantiellement renforcées dans tous les domaines au cours de ces dernières années. Les deux pays ont échangé plusieurs visites de très haut niveau.

Depuis 2020, le président Tebboune a effectué deux visites officielles en Turquie, la première en mai 2022 et la seconde en juillet 2023. Le président Erdogan est venu en Algérie dans le cadre de deux visites officielles, la première juste après l’investiture du président Tebboune à la tête de l’Etat en janvier 2020 et la seconde en novembre 2023. Liés depuis 2006 par un Traité d’amitié et de coopération, les deux pays  ont établi un partenariat économique stratégique. L’Algérie est devenue le deuxième partenaire commercial de la Turquie en Afrique.

Multitude de défis

La Turquie, quant à elle, est le premier investisseur étranger en Algérie avec près de 380 projets réalisés et 30 000 emplois créés. Le volume de ces investissements dépasse les 5 milliards de dollars. Le nouvel objectif tracé pour les échanges entre les deux pays est d’atteindre 10 milliards de dollars.

Pas moins de 1500  entreprises turques sont présentes sur le marché algérien, activant dans divers domaines, allant de la construction à l’acier en passant par le textile. Cette année, la Turquie est d’ailleurs l’invité d’honneur de la 55e Foire internationale d’Alger qui ouvrira ses portes le 24 juin.

La coopération entre les deux pays n’est pas limitée à l’économie. Elle touche divers domaines et s’étend à la coopération diplomatique sur des dossiers régionaux d’intérêt commun, comme dans le cas de la cause palestinienne ou de la crise libyenne. Ce n’est pas fortuit que parmi les sujets abordés lors de l’audience qu’a eue le ministre des Affaires étrangères avec le président Recep Tayyip Erdogan, on trouve la situation dans la région sahélo-saharienne.

Cette région instable et exposée à une multitude de défis et de dangers constitue une préoccupation majeure de l’Algérie qui partage de longues frontières avec le Mali et le Niger. C’est aussi une région à laquelle la Turquie s’est beaucoup intéressée ces dernières années. Ainsi, après avoir soutenu militairement le gouvernement de Tripoli face aux assauts de l’armée nationale libyenne dirigée par le maréchal Haftar, la Turquie apporte une assistance militaire au Mali et au Niger pour faire face aux menaces sécuritaires multiples.

Cette assistance prend différentes formes. Il y a la vente d’équipements militaires comme les drones. Il y a également la formation de soldats ainsi que l’appui opérationnel aux forces armées de ces deux pays par le biais de la société paramilitaire privée Sadat. Une société de la même nature que la russe Africa Corps, anciennement Wagner ou l’américaine Blackwater.

A travers cette coopération militaire accrue, Ankara cherche visiblement à renforcer sa position au Sahel, après le départ forcé des militaires français du Mali, du Niger et du Burkina Faso mais aussi suite au retrait en cours des militaires américains du nord du Niger.

Ayant de bonnes relations avec la Russie, la Turquie n’aura pas de mal à cohabiter militairement avec les forces russes déjà présentes dans ces pays. L’Algérie, qui surveille de près l’évolution de la situation sécuritaire dans ces pays frontaliers œuvre assurément à conjuguer ses efforts avec la Turquie pour faire régner la paix et la stabilité au Sahel, région minée par les interventions d’acteurs extrarégionaux et les guerres par procuration.

 

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