Le gouvernement allemand avait présenté un projet en août dans la foulée du triple meurtre au couteau imputé à un Syrien soupçonné de liens avec l’organisation djihadiste Etat islamique lors d’une fête dans la ville Solingen (ouest).
Le gouvernement d’Olaf Scholz a atténué son projet de durcissement de la politique d’accueil des demandeurs d’asile décidé après des attentats meurtriers au couteau qui avaient choqué l’Allemagne, selon un document obtenu hier par l’AFP. L’une des mesures phares de ce texte présenté fin août prévoit la suppression des aides pour les demandeurs d’asile entrés dans un autre pays de l’UE avant de venir en Allemagne.
Si cette disposition est maintenue, les partis de la coalition du social-démocrate Olaf Scholz (SPD), formée avec les Verts et les Libéraux, ont ajouté des exceptions. Une suppression complète sera ainsi possible seulement si le départ des demandeurs d’asile dans le pays de l’UE où ils sont arrivés en premier «est juridiquement et effectivement possible», selon ce document.
Elle est également exclue dans le cas où des enfants sont concernés. «Nous ne voulons pas provoquer de sans-abrisme ou de paupérisation des demandeurs d’asile dont la responsabilité incombe à un autre Etat membre» de l’UE, expose le député du SPD, Dirk Wiese, dans une lettre à ses collègues du groupe parlementaire, dont l’AFP a également obtenu copie.
Selon le «règlement de Dublin» sur lequel se sont entendus les pays de l’UE, le premier pays de l’Union dans lequel entre un étranger clandestin est responsable de sa demande d’asile. Le texte modifié doit être débattu d’ici vendredi au Parlement. Le gouvernement avait présenté son projet en août dans la foulée du triple meurtre au couteau imputé à un Syrien soupçonné de liens avec l’organisation djihadiste Etat islamique lors d’une fête dans la ville Solingen (ouest).
En juin, une autre attaque au couteau, imputée à un Afghan lors d’un rassemblement anti-islam à Mannheim (ouest), avait fait un mort, un policier qui s’était interposé. Ces drames ont nourri la progression du parti d’extrême-droite AfD, hostile aux migrants, qui a remporté un scrutin régional pour la première fois en septembre et réalisé des scores historiquement élevés dans deux autres.
Le «paquet Sécurité» du gouvernement prévoit aussi de faciliter l’expulsion de réfugiés ayant fait usage d’armes, une limitation du port d’armes blanches, et un élargissement des compétences pour les autorités. Les mesures avaient été jugées insuffisantes par l’opposition conservatrice. Un de ses députés, Thorsten Frei, a critiqué le texte modifié, estimant auprès du journal Rheinische Post hier que des réfugiés, dont l’Allemagne n’est pas responsable, «vont pouvoir continuer à se cacher derrière de prétendues exceptions».