Droit de réponse à la déclaration de la famille Bentobbal

05/03/2024 mis à jour: 13:30
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Monsieur le directeur du quotidien El Watan, monsieur le rédacteur en chef, suite à la parution, dans votre édition du 22 février 2024, d’une déclaration non signée émanant, selon son contenu, de la famille Bentobbal, j’aimerais faire à votre intention ainsi qu’à vos lecteurs quelques remarques et observations :
 

1. Étant nommément désigné et incriminé dans une affaire de droit d’auteur, il me semble, sauf erreur de ma part, que la rédaction de votre quotidien, qui m’avait accordé l’hospitalité de ses colonnes lors de la sortie des 2 tomes intitulés S. L. Bentobbal «Mémoires de l’intérieur» et «La Conquête de la souveraineté», il aurait été judicieux et conforme aux règles de la déontologie (disponibilité et compétence, respect, impartialité, transparence) que l’on m’informe de ladite déclaration avant sa parution, afin que je puisse donner ma version des faits.

2. Concernant la question des droits d’auteur, sur le plan juridique d’abord, l’affaire avait été jugée une première fois, dans la forme comme dans le fond, par deux cours et tribunaux (Bir Mourad Rais et Sidi M’hamed, (janvier et février 2022), dont les ordonnances en référé et jugements ont conclu que les héritiers Bentobbal n’avaient pas la qualité d’auteur de cet ouvrage et que leur demande était sans fondement. 
 

La décision de la Cour d’appel d’Alger remettant en cause les premiers jugements des tribunaux fait actuellement l’objet d’un pourvoi en cassation auprès de la Cour suprême. 
 

3. Concernant la question des droits d’auteur sur l’objet-livre, il est bon de rappeler que l’arrêt dont les héritiers Bentobbal se prévalent n’a pas tranché sur la propriété des droits d’auteur de ce livre.  
 

4. Pour rappel, selon les dictionnaires arabes ou français, un ouvrage est un «ensemble d’actions coordonnées par lesquelles on met quelque chose en œuvre et pour lesquelles on effectue un travail» (…) «Objet produit par le travail d’un ouvrier, d’un artisan» et, en l’occurrence, d’un historien. 
 

De ce fait, il faut savoir que l’entretien enregistré de S. L. Bentobbal a été complété et corroboré par l’enregistrement des colonels Amar Ouamrane (wilaya IV) et Ali Kafi (wilaya II), des commandants Tahar Bouderbala et Ahmed Belabed (wilaya II) des chefs de zone Mohammed Habba et Lakhdar Oucifi (wilaya1), des membres du comité fédéral de la Fédération de France du FLN (wilaya 7), sans compter les témoignages de 31 autres cadres du FLN et de l’ALN pour la plupart cités en référence ou en notes de bas de page. Je ne parle même pas des ouvrages consultés avant, pendant et après l’enregistrement oral de S. L. Bentobbal pour mener à terme l’entretien et donner à l’ouvrage sa forme définitive. 
 

Comment les héritiers peuvent-ils me traiter d’usurpateur et se déclarer propriétaires d’un manuscrit, d’enregistrements et d’autres documents constituant la matérialité du travail de l’auteur auxquels ils n’ont pris aucune part ?

Sans trop m’étendre sur les détails de l’affaire, et tout en faisant entière confiance à la justice de mon pays, je tiens à rappeler que nous nous trouvons là devant un conflit entre les héritiers du nom et la valeur du travail d’un historien qui, après 6 années de labeur, a mis à la disposition des générations actuelles et à venir un ouvrage historique de référence. 

 

Daho Djerbal , Maître de conférences HDR à la retraite

Alger le 3 mars 2024

 

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