Dr Nabila Kabli. chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique algérien (INRAA) : «Nos travaux de recherche à l’INRAA visent la réhabilitation de l’abeille saharienne dans son milieu naturel»

24/05/2023 mis à jour: 04:03
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-Quelle est l’importance de l’abeille saharienne dans l’écosystème oasien ?
 

La répartition géographique de cette sous-espèce est définie dans les régions steppique et saharienne du Sud-Ouest algérien, à savoir les montagnes de Aïn Sefra, Béchar et Beni Ounif. Elle est facilement reconnaissable à sa couleur jaune oranger et est caractérisée par sa douceur, comparativement à la tellienne (Apis mellifera intermissa). L’abeille saharienne, au même titre que les autres races d’abeilles, joue un rôle important dans l’écosystème qu’elles occupent. En effet, elle joue un rôle crucial ; d’une part, dans la pollinisation des espèces végétales contribuant ainsi à la sécurité alimentaire, d’autre part, elle assure une diversification des sources de revenus des communautés rurales, soit à travers le miel ou bien les autres produits de la ruche (propolis, pollen, venin, gelée royale, cire). 


-Quels sont les travaux de recherches que vous menez à l’INRAA sur ce noble insecte ? 

Nos travaux de recherches à l’INRAA sur l’abeille saharienne visent la connaissance, la préservation et la réhabilitation de l’abeille saharienne dans son milieu naturel. Nous travaillons principalement sur la mise en œuvre d’un programme de cartographie de la répartition de l’abeille saharienne (et de l’abeille tellienne) et le développement d’un outil technologique basé sur l’empreinte ailaire pour l’identification biométrique de l’abeille saharienne. Deuxièmement, nous menons des recherches sur les moyens d’amélioration et de conservation de la semence des mâles de l’abeille saharienne dans le but d’opérer l’insémination artificielle hors période de reproduction naturelle des abeilles. Cela permettra de contribuer à la sélection et la purification génétique de cette sous-espèce qui est déjà sujette à une importante hybridation. Troisièmement, nous étudions la résilience de l’abeille saharienne vis-à-vis des effets des changements climatiques, particulièrement quand, ils affectent la disponibilité de la ressource pollinique. En outre, nous testons et proposons des substituts protéiniques biologiques. En dernier lieu, nous œuvrons à l’établissement d’un programme de production de reines sahariennes sélectionnées au sein de stations de fécondation dédiée à la réhabilitation de cette sous espèces dans son habitat naturel.
 

-Que préconisez-vous pour sa sauvegarde et sa protection ?

Il faut établir un plan de conservation et de valorisation de l’abeille saharienne en collaboration avec les apiculteurs locaux et les autorités concernées et sensibiliser sur l’importance de la préservation de cette abeille «patrimoine génétique locale». 

Constituer des réseaux formels constitués d’apiculteurs, de chercheurs et de décideurs pour la sélection, la préservation et la réhabilitation de l’abeille saharienne dans son berceau naturel. Il faut aussi asseoir un cadre juridique régissant les déplacements des ruches (transhumance) vers l’habitat naturel de l’abeille saharienne ainsi que la constitution de la région de Aïn Sefra comme conservatoire de l’abeille saharienne. Il faut aussi procéder à une élection génétique de l’abeille saharienne à travers, entre autres, la création de stations de fécondation dédiées à la purification de cette sous-espèce. 

 

Entretien réalisé par Omar Arbane

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