Dr Mohamed Yousfi. Président de la Société algérienne d’infectiologie : «Il faut tirer des leçons du coronavirus»

15/05/2022 mis à jour: 14:30
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Dans cet entretien accordé à El Watan en marge du congrès qui se tient à Oran, le Dr Mohamed Yousfi, président de la Société algérienne d’infectiologie, préfère rester prudent quant à la fin de la pandémie de Covid-19. «La pandémie n’est pas finie», a-t-il alerté tout en appelant à tirer les leçons de la dure épreuve liée à la Covid-19. 

  • La pandémie de Covid-19 a-t-elle pris fin ?

Non, la pandémie n’est pas finie. La quatrième vague qu’on a vécue est certes finie, car nous n’avons quasiment pas eu de cas Covid-19 depuis deux mois, mais ce ne sera qu’à partir du moment où l’OMS déclarera la fin de la pandémie qu’on pourra dire que cette dernière est terminée, car les variants du virus circulent toujours. Nous sommes sur la bonne voie, mais il faut être vigilant. 

  • Y a-t-il un risque de rebond de la pandémie ? 

Même s’il est minime, ce risque n’est pas écarté. Nous ne sommes pas à l’abri de nouvelles vagues épidémiques. La vaccination est le seul remède face à de tels périls infectieux. 

  • Quelles sont les leçons à tirer de la Covid-19, tant sur le plan scientifique qu’institutionnel ? 

Sur le volet scientifique, c’est la plus grande crise sanitaire qu’on a vécue depuis près d’un siècle. C’est un nouveau virus qui a ébranlé tous les systèmes de santé à travers le monde. C’est une grande épreuve qui a eu des répercussions, non seulement sur le plan scientifique, mais aussi économique, social, politique et dont on subira encore les conséquences pendant des années. Au départ, c’était l’inconnu. Grâce à la coordination entre les scientifiques à travers le monde qui a permis un échange de connaissances, le virus a été mieux maîtrisé. Cela a permis de mettre au point des vaccins en un temps record, qui n’a pas dépassé dix mois. Cela constitue indéniablement un grand bénéfice scientifique que nous avons tiré grâce à la concertation entre les scientifiques. Cela a permis de donner beaucoup d’espoirs pour d’autres pathologies. La technologie de l’ARN messager est, par exemple, désormais utilisée pour le VIH, les cancers… Il y a incontestablement d’importantes avancées scientifiques. 

Sur le plan institutionnel, la pandémie a mis à nu le système de santé algérien qui est très mal en point, et ce, bien avant la Covid-19. Tout le monde est d’accord sur le fait qu’il y a un important dysfonctionnement, non seulement concernant la gestion de la Covid-19, mais plus généralement de mise à niveau du système de santé. Tout le monde se rappelle des longs délais d’hospitalisation, le manque d’oxygène… C’est grâce aux femmes et aux hommes du secteur médical à travers tout le territoire national, auxquels il faut rendre hommage, en ayant une pieuse pensée à tous ceux qui ont été emportés par la pandémie, qu’on a pu contenir et venir à bout de cette pandémie. 

Et là, la leçon à tirer est de mettre en place de meilleures conditions de travail pour le personnel médical. Il faut aussi mettre en application les décisions du président de la République, dont une grande partie n’est pas encore concrétisée. Nous attendons avec impatience l’application de la loi sanitaire, dont le volet lié à la contractualisation, la numérisation et la gestion efficiente des ressources humaines pour construire un système de santé de qualité. 

Propos recueillis par Cherif Lahdiri

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