Dr Bouache Mourad. Expert à la Silicon Valley : «Nous serons mobilisés pour qu’une Algérienne décroche le prix Nobel à l’avenir»

13/04/2022 mis à jour: 11:05
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L’expert algérien, le Dr Bouache Mourad, à l’entrée de l’Entreprise Intel à Silicon Valley (USA) / Photo : D. R.

De retour au pays pour vivre quelques jours du mois de Ramadhan en famille, l’expert en Data centers, qui avait exercé dans un laboratoire de recherches chez Yahoo, en supervisant une équipe de chercheurs au laboratoire, à la Silicon Valley (USA). Actuellement, il est responsable chez Intel, toujours à la Silicon Valley. Dr Bouache Mourad sillonne les wilayas à la rencontre des étudiants, pour les motiver, en dépit d’un climat morose et d’un environnement qui n’encourage pas à aider les étudiants à aller de l’avant. Il avait initié depuis les dernières années un programme destiné à soutenir et accompagner ses jeunes compatriotes, gracieusement, les étudiants doués pour l’informatique. Son projet s’intitule «La caravane de l’intelligence artificielle». Des génies en I.A avaient été détectés dans des wilayas par les chercheurs et experts algériens établis à la Silicon Valley. Spontanément, bien que son emploi du temps soit chargé, l’expert en I. A, Dr Mourad s’est montré disponible, en ces moments furtifs, durant le mois de jeûne, pour répondre à nos questions.

  • Avant de vous voir en ce moment, vous avez déjà séjourné à Biskra, n’est-ce-pas ?

En effet, je me suis rendu à Biskra. J’ai participé à un événement scientifique intitulé «South Challenge», qui signifie «Les défis du Sud». Cette rencontre est dédiée au start-up. En clair, il s’agit d’expliquer aux étudiants comment créer les star-up, en utilisant des outils de l’Intelligence Artificielle (I.A, ndlr). J’avais animé un cours ayant pour titre, «l’I.A au cœur de la Silicon Valley».

J’avais expliqué aux étudiants comment résoudre les problèmes à la Silicon Valley à travers l’I.A, avec le concours des grandes entreprises, telles que Intel, Google, Apple, Yahoo, etc., ensuite, j’avais organisé un workshop.

J’avais sélectionné des start-up très intéressantes, en mesure de contribuer au développement à Biskra et le sud du pays en général. Après, j’ai rallié Sétif pour animer un cours dans un institut privé. J’avais constaté que l’infrastructure de cet établissement est superbe.

On peut créer un environnement d’éducation pour les étudiants dans le domaine de la stat-up, de l’entrepreunariat et l’I.A. D’ailleurs, depuis la Silicon Valley, j’ai pu donner des cours à distance pour les étudiants de cet établissement futuriste de Sétif. D’ailleurs, il y a un projet d’organiser prochainement une conférence dans cet institut ayant pour thème, «deep learning. dz».

Ce sera une rencontre qui regroupera toutes les élites algériennes spécialistes en I.A, établies aux USA, en Europe et celles qui travaillent ici dans le pays. Je vais solliciter les directeurs des entreprises pour les inviter à cette conférence inch’Allah à Sétif, qui sera et deviendra la première station de l’I.A en Algérie. J’ai rejoint Batna ensuite, car j’enseigne les cours de l’I.

A à distance depuis la Silicon Valley aux étudiants de l’ENSER (Ecole nationale supérieure des énergies renouvelables). C’est mon 8e cours, pour une quarantaine d’étudiants, I.A.

Ma présence à Batna a coïncidé avec le déroulement d’un événement qui consiste à utiliser et conjuguer l’I.A dans les énergies renouvelables dans divers secteurs, dans le cadre des priorités nationales dans notre pays.

J’ai proposé ma stratégie, avec l’utilisation de l’I.A dans l’écosystème algérien, en respectant l’éthique de l’I.A. Néanmoins, il faut créer l’infrastructure qui sera pourvue des centres de calcul, la connectivité, la mise en place de la 5G, ensuite, il est facile d’aborder la stratégie de l’I.A dans les secteurs de l’éducation, de l’enseignement supérieur. L’I.A est la spécialité qui appartient à l’informatique. Il faut créer des conférences et échanger d’autres programmes internationaux dans l’I.A.

  • Alors qu’elle est votre vision, votre stratégie ?

Ma vision pour l’I.A consiste à créer un réseau national d’I.A. L’Algérie dispose de plusieurs universités et centres universitaires. J’ai vu qu’il existe 7 pôles universitaires à l’est du pays, 7 pôles universitaires à l’Ouest et 33 établissements au centre du pays qui relèvent du secteur de l’enseignement supérieur. Alors pourquoi ne pas créer 4 centres de calcul dans chaque région, et inclure le sud du pays  ? A titre d’exemple, l’étudiant d’Adrar ou des wilayas du Sud sera en mesure de se connecter à ce réseau pour faire son training.

  • Là, c’est fini pour vos déplacements en Algérie ?

Non, non. Je m’apprête à rejoindre l’USTO, ensuite les universités de Tlemcen et de Sidi Bel Abbès. Je rentabilise ma présence dans mon pays. Je multiplie mes rencontres avec les étudiants.

Mon activité rentre dans le cadre de la caravane de l’intelligence artificielle. Je donne la définition de l’I.A, et expliquer pourquoi cette spécialité est importante, pourquoi nous devons protéger nos données, car il s’agit de l’avenir pour notre pays.

D’ailleurs, je suis occupé à écrire un livre sur l’I.A. Sachez que l’I.A est l’électricité et les données constituent le nouveau pétrole. Voilà, je m’attelle à sensibiliser les étudiants algériens sur l’importance et les objectifs de l’I.A, à titre gratuit, je le précise.

  • Peut-on connaître la composante de la caravane de l’I. A ?

L’idée m’est venue quand j’étais à la Silicon Valley. Je recevais beaucoup d’invitations sur ma page facebook. Il y avait un engouement des étudiants et des enseignants. Une fois revenu au pays pour quelques jours de vacances, j’ai crée l’événement ayant pour thème, «Boot Camp». Les événements étaient organisés à Skikda, Constantine et Biskra.

L’idée de perpétuer cet élan sur l’I.A en Algérie a pris forme. La caravane de l’I.A était composée par moi-même et mon ami Senoussi Ben Omar. Cette fois-ci, elle se constitue de mon épouse, docteur en communication à l’Université du Kansas (USA). Elle donne des cours sur l’innovation et le leadership, quant à moi, je donne des cours sur l’I.A. Je précise encore sans contrepartie.

  • Vous ne m’avez pas évoqué vos projets dans la wilaya de Tipasa ?

C’est ma wilaya, puisque je suis natif de Cherchell. J’ai fait beaucoup de projets. Il y a tous les facteurs pour créer une smart-city. Je crois que de nombreux problèmes peuvent se résoudre à travers l’I.A. Il y a des priorités, d’abord l’éducation.

J’ai constaté la présence des compétences pour donner naissance à des incubateurs, en mesure d’encourager la création de la stat-up. Ici à Tipasa, les idées ne manquent pas. L’I.A peut faire évoluer et développer le secteur de la pêche. La numérisation dans les sites archéologiques, les musées, ces technologies permettent aux archéologues d’effectuer des fouilles plus pointues sur les sites.

J’ai pu rencontrer le wali de Tipasa à son bureau. Nous avons longuement discuté sur les perspectives de l’I.A dans la wilaya. Il était positif, en m’affirmant que l’Etat répondra favorablement à toutes mes initiatives engagées dans la mise en polace de l’I.A en faveur des étudiants, des jeunes, et le développement de la wilaya de Tipasa.

Le chef de l’Exécutif de la wilaya, selon ses propos, m’a informé qu’il a entrepris des démarches pour élever le statut du centre universitaire de Tipasa en une université qui ouvrira des perspectives, afin de permettre à l’I.A d’être étudiée. Moi-même, je n’ai pas encore de contacts avec le centre universitaire de Tipasa.

  • Concrètement, comment mettre en place tous ces programmes ?

Les infrastructures manquent, je parle des centres de calcul, comment dans ce cas peut-on protéger les données ? Il faut aussi passer à la mise en place de la 5G dans le pays, car c’est un potentiel qui peut soutenir les étudiants dans leurs travaux. En ce moment, je suis à l’aise ici, car j’arrive à travailler à distance avec mes chercheurs depuis l’Algérie, en tenant compte du décalage horaire. J’ai apprécié.

Cela signifie qu’il y a une amélioration dans l’internet en Algérie, comparativement à la dernière fois où j’ai séjourné 10 jours. Je n’ai pas de contrainte en travaillant à distance depuis l’Algérie. Cela me soulage. Mais je dois y aller, car j’ai des conférences à donner aux USA. Elles sont programmées.

  • Durant vos séjours en Algérie, avez-vous détecté des génies ?

Tout en étant aux USA, nous avons détecté des génies en Algérie, grâce à nos contacts avec des jeunes à travers l’internet effectués, lors de l’organisation des Boot Camp à distance, à cause de la pandémie. Il y a des étudiants sérieux qui veulent aller très loin dans leurs études et leurs recherches. Ils sont en contact permanent avec nous. C’est trop sérieux.

Ils passent des tests difficiles, selon les critères des grandes écoles américaines. Pour ma part, j’ai deux écoles, l’I.A des juniors et l’I.A des seniors. J’insiste pour mon pays, je ne demande pas de l’argent. D’ailleurs, personnellement, les étudiants que je prépare, cela se passe à titre gracieux. J’ai détecté du potentiel hors normes. Des génies avaient été sélectionnés. Il y a déjà 5 élèves âgés entre 12 et 15 ans. Ils n’ont pas encore passé leur bac.

Parmi eux, je citerai la jeune Isra Boucetta de Biskra. Elle est très intelligente. Elle assimile rapidement. Elle maîtrise 7 langues. C’est une jeune fille rare dans le monde. Ses capacités intellectuelles sont reconnues. Nous allons tous aux USA la soutenir. Elle a un grand avenir dans l’I.A. Son savoir a un niveau mondial. Inch’Allah, elle aura un prix Nobel.

Nous allons nous mobiliser pour cet objectif. Il y a un autre jeune de Birtouta qui présente des excellents programmes, notamment dans les domaines de la santé et de l’agriculture.

Nous avons par ailleurs une application qui détecte le plagiat dans les thèses. Nous allons aider ces génies pour rejoindre les grandes écoles américaines. Ils rendront service à notre pays à l’avenir. Je suis optimiste pour cette jeunesse qui croit en ses potentialités, en dépit des faibles moyens. 

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