Doit-on choisir son impérialisme ?

18/08/2022 mis à jour: 06:12
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Le massacre que perpétue Tsahal à Ghaza ne sera pas télévisé. La vie des enfants palestiniens comme celle des Yéménites ne compte pas pour le «monde libre», ses plateaux télé et ses BHL. 

En revanche, on nous impose cent fois par jour de pleurer Kiev et ses provinces, et de retenir notre souffle pour Taïwan. N’y voyons pas ici une illustration du choc des civilisations, car le modèle hungtintonien semble épuisé depuis que l’ennemi djihadiste est remplacé par «le boucher de Moscou». 

Derrière la guerre en Ukraine et l’escalade en mer de Chine, derrière la (re)bipolarisation du monde se cachent de moins en moins une guerre économique et une course à l’hégémonie entre les Etats-Unis qui veulent redessiner un nouvel ordre mondial excluant la Chine et la Russie, et une alternative proposée par ces deux dernières qui composent désormais le bloc eurasien. 

Le monde est divisé entre deux capitalismes puissants et nous sommes sommés de choisir entre les deux impérialismes. 

En effet, et n’en déplaise aux nostalgiques, la Chine et la Russie ne sont pas les Mecque du socialisme et de l’égalitarisme qu’elles étaient au siècle dernier, mais bien des capitalismes prédateurs. La Chine beaucoup plus. Sa nouvelle Route de la soie ne vise qu’à s’approprier les marchés africain et sud-américain. 

Et en l’espace d’une décennie, cette stratégie a permis au pays au 1,4 milliard d’habitants de posséder 50% des dettes des pays pauvres, qui s’élèvent à plus de 330 milliards d’euros, selon une récente étude américaine. 

Un levier de domination qui revenait exclusivement aux Etats-Unis. Un privilège que redoute d’ailleurs la Maison-Blanche, d’où son animosité et sa méchante stratégie d’isolement de la Chine par le pivot asiatique. Le conflit armé et les tensions aux relents militaires finiront sûrement un jour et on verra plus clair ce qui se cachait derrière la rhétorique et l’autojustification, mais on sait d’ores et déjà que le complexe militaro-industriel américain profite largement de la guerre en Europe pour vendre ses lots et multiplier ses profits, et que les blocs en compétition tirent avantage de l’instant pour faire leur transition énergétique en contrôlant les voies d’acheminement, ou encore en recentrant leurs marchés. 

C’est le cas notamment des usines de puces semi-conductrices pour lesquelles les deux puissances investissent beaucoup pour remplacer le leadership taiwanais. 

Le voyage hypermédiatisé de Nancy Pelosi semble servir davantage à brouiller ces pistes et empêcher d’y voir plus clair. C’est aussi la mission des médias mainstream qui entretiennent les mensonges des politiques et amplifient la propagande autour des raisons du conflit. La guerre en Ukraine en est la preuve malheureuse. 

Ce pays a été détruit et son peuple poussé au vagabondage pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la version des BHL et des plateaux télé… 

Ces mêmes plateaux où la Palestine est occultée quoi qu’il lui arrive ! Qu’il soit unipolaire ou bipolaire, ce monde écrase les peuples. Jusqu’à quand ?

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