Dix membres d’une même famille périssent dans une explosion de gaz à Bordj Bou Arréridj : Le drame de trop

09/04/2022 mis à jour: 01:55
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La violente explosion a provoqué l’effondrement d’une habitation de trois étages à Bordj Bou Arréridj, dans l’est du pays

La ville de Bordj Bou Arréridj a été secouée, dans la matinée de jeudi, par une forte explosion, entendue à des kilomètres à la ronde. Alors que la cité des Arcades, située dans la partie ouest de la ville, sur l’axe menant vers l’autoroute Est-Ouest, en direction d’Alger, commençait à connaître une certaine animation avec l’ouverture des boutiques en cette journée ensoleillée du mois de Ramadhan, une forte déflagration est survenue vers 9h30 dans un quartier de cette cité plus connu par «Les Arcades». 

Les citoyens ne comprenaient pas ce qui venait de se passer. Tout un pan de cette cité a subi l’onde de choc partie d’une bâtisse en R+2 qui s’est complètement effondrée, alors que plusieurs maisons situées dans un périmètre de 100 mètres ont subi de sérieux dégâts. 

«Nous n’étions pas loin des lieux, lorsque nous avons été surpris par cette forte déflagration vers 9h30 ; des débris de verre se sont envolés dans toutes les directions, des fenêtres emportées sur des dizaines de mètres, des portes soufflées, des toits envolés et des voitures endommagées», a témoigné un riverain à El Watan. Des personnes âgées ont déclaré n’avoir jamais assisté à un tel scénario dans l’histoire de la ville. Certains avaient même cru à un attentat. Du coup et après les premières minutes de panique, une foule importante est accourue vers les lieux. 

Devant un paysage de désolation, il y avait tant de curieux et de conducteurs de voitures qui se sont arrêtés pour savoir ce qui se passe, qu’un énorme bouchon s’est formé sur cet axe névralgique en double voie à la sortie ouest de la ville. Les premières informations recueillies sur place font état d’une fuite de gaz qui serait derrière ce désastre. 

L’arrivée des équipes de la Protection civile a enclenché le plan des secours. Une course contre la montre a été engagée pour sauver les victimes ensevelies sous les décombres. Quelques heures après le début des opérations, un premier bilan de sept blessés a été avancé. 

Une ville sous le choc

«Tous les moyens de la Protection civile ont été mobilisés pour dégager les victimes de sous les décombres, alors qu’un dispositif a été mis en place pour la prise en charge des blessés et la protection des biens des familles sinistrées», a déclaré sur place le wali de Bordj Bou Arréridj, Mohamed Benmalek. Ce dernier a annoncé qu’une cellule de crise a été installée pour suivre la situation.

Toute la journée, des ambulances dans un ballet à sirènes hurlantes ont convergé vers les urgences de l’hôpital Lakhdar Bouzidi, transportant des victimes, extraites au fur et à mesure des décombres, parmi elles 14 blessés, majoritairement des voisins, dont 12 ont quitté la structure aussitôt après leur admission, tandis que deux ont dû être orientés vers les services de pédiatrie et de neurochirurgie. En fin d’après-midi, on saura que trois des victimes ont succombé à leurs blessures, avant que le bilan ne s’alourdisse avant la rupture du jeûne pour être porté à sept morts. 

Dans la soirée de jeudi, on saura auprès de sources hospitalières que le bilan s’est alourdi pour atteindre neuf morts d’une même famille. Toute la ville était sous le choc, au moment où les images de ce drame ont fait le tour des réseaux sociaux. Dans l’enceinte de l’hôpital Lakhdar Bouzidi, où nous nous sommes rendus quelques heures avant la rupture jeûne, un climat de consternation se mêlait à une chape de plomb régnant parmi les parents des victimes, au rythme du va-et-vient des médecins légistes, des urgentistes et des infirmiers qui s’activaient dans tous les sens. 

Le même état d’esprit constaté dans les couloirs de l’hôpital et la morgue, parmi les endeuillés, qui tentent de se consoler dans le mince espoir d’apprendre une bonne nouvelle. L’ampleur du drame était telle, qu’il était impossible pour nous d’en savoir un peu plus, et les rares médecins et auxiliaires d’anesthésie que nous avons pu interroger ont dû interrompre la conversation, pour une extrême urgence au bloc opératoire ou à la réanimation. 

Un peu plus tôt dans la journée, nous avons pris contact avec la cellule de communication de la Protection civile. Son responsable n’a pas pu nous donner la moindre information sur l’origine de l’explosion, en précisant que seule une enquête pourra déterminer les causes exactes du drame.

 Une enquête est en effet en cours. Une équipe pour une prise en charge psychologique devra être installée. Par ailleurs, nous avons appris dans la soirée de jeudi que les opérations se sont poursuivies à la recherche d’une personne sous les décombres. Hier matin, soit 24 heures après le drame, les citoyens ont découvert l’ampleur des dégâts étendus jusqu’aux habitations avoisinantes. 

Le site de l’accident a été entouré par un périmètre de sécurité et tous les accès au quartier ont été fermés. Durant toute la nuit de jeudi à vendredi les fouilles se sont poursuivies pour déblayer l’habitation en ruine et l’opération a permis d’extraire la dernière femme ensevelie sous les gravats, ce qui porte à dix le nombre des morts dans ce désastre. Le bilan arrêté hier faisait état de dix morts et quinze blessés. 

Parmi les morts appartenant à la même famille, on retrouve la mère, sa fille, l’un de ses fils et son épouse, l’épouse de son second fils et cinq enfants. Seuls le patriarche et son fils y ont survécu. Deux blessés parmi les voisins des habitations avoisinantes sont maintenus à l’hôpital Bouzidi. Les ministres de l’Intérieur, de la Solidarité et de la Santé ont assisté à l’enterrement. 

Une enquête a été ouverte pour déterminer les parts de responsabilité dans ce drame qui a anéanti dix personnes de la même famille.

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