La transformation de la matière première au niveau local est nécessaire pour booster la diversité de la production nationale, a déclaré le professeur Brahim Guendouzi, hier, lors d’un colloque sur la financiarisation du marché mondial des matières premières et son impact sur les produits de consommation en Algérie, organisé par la faculté des sciences économiques, de gestion et des sciences financières de l’université Mouloud Mammeri (UMMTO).
Et ce, a souligné le même chercheur, à travers la création d’un tissu économique viable en mesure de répondre de manière efficace à la demande. «Ce sont les pays industrialisés qui transforment la matière première des pays qui ont des richesses», a-t-il expliqué, tout en précisant que «l’approvisionnement en matière première se répercute immédiatement au niveau de la production». Pour lui, la matière première fait partie des enjeux géopolitiques. «La spéculation provoque la pénurie des produits.
La baisse des stocks fait aussi augmenter les prix», a-t-il fait remarquer, tout comme le professeur Chabha Bouzar, enseignante de la même faculté, qui estime également qu’il est nécessaire de procéder à la régulation afin d’organiser les circuits de distribution. L’intervenante a parlé aussi de l’impact de la globalisation sur le système financier. D’autres chercheurs ont présenté des communications ayant trait à la thématique de cette rencontre scientifique.
Ainsi, le Dr Saida Chetbani de l’université Abderrahmane Mira de Béjaïa et Djamal Tebache, maître de conférences à l’université Ferhat Abbès de Sétif, ont évoqué l’incertitude et l’inefficience du marché céréalier dans un contexte de libéralisation et de globalisation financières (analyse à l’aide de la théorie VNM et la modélisation VECM 2006-2019).
La gestion des risques de la chaîne logistique à l’international a été abordée par Lyès Gheddache et Nour El Houda, respectivement maître de conférences et doctorant à la faculté des sciences économiques de Tizi Ouzou. L’intervention du Dr Madjid Hadjem, sur «La promotion des exportations hors hydrocarbures en Algérie : entre nécessité économique et résilience politique» a mis en exergue certains aspects liés particulièrement à l’instabilité des réformes structurelles qui a, selon lui, «fortement et de longue date contrarié la construction d’une véritable politique commerciale, à même de permettre à l’économie algérienne de dépasser ses contraintes au niveau interne et d’assurer son intégration aux économies régionale et mondiale.
Et pour cause, l’Algérie n’arrive pas à relever le défi de la diversification de son économie pour s’affranchir de la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures», a-t-il argumenté, tout en estimant que l’enjeu est encore «plus grand quant à la capacité de l’économie algérienne à absorber les chocs liés à l’ouverture du commerce extérieur, d’une part, et à l’insuffisance de politiques publiques dotant l’économie de telles capacités de résilience, d’autre part».
Notons que les travaux de ce colloque se poursuivront aujourd’hui, notamment avec la communication de Hocine Sam, docteur en économie et enseignant-chercheur, ainsi que Aziz Oussaïd, maître assistant à l’UMMTO, qui porte sur la financiarisation et son impact sur l’intensification des crises financières.
Par ailleurs, Lila Amiar, maître de conférences à l’UMMTO et coordinatrice scientifique de cette rencontre, a souligné que «l’objectif de ce colloque est de présenter les répercussions de la fluctuation des cours mondiaux des produits agricoles sur les prix pratiqués par les entreprises algériennes de l’agroalimentaire. Pour ce faire, il serait utile de bien comprendre le fonctionnement des Bourses mondiales du commerce et d’expliquer les mécanismes de la spéculation financière».