L’usine de production de stylos à insuline «100% algérienne» d’une capacité de 60 millions d’unités/an, est entrée en service dimanche dernier, à Alger. Il s’agit de la première usine spécialisée dans la production d’insuline en «full process». Conçue conformément aux normes de bonnes pratiques en vigueur à l’échelle mondiale (GMP/FDA), cette unité, née d’un investissement proprement national, compte une seule ligne de production d’une capacité annuelle de 12 millions de boîtes de cinq stylos à insuline. En ce qui concerne le taux de couverture de la production locale des besoins du marché national en insuline, le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Ali Aoun, a assuré qu’il oscillera entre 40 et 50% grâce à l’usine Biocare Biotech et l’usine d’assemblage de stylos de Novo Nordisk, ainsi que l’usine du groupe public Saidal pour la production des flacons d’insuline, dont l’entrée en service est prévue pour mars prochain. A noter que l’entrée en production de l’unité de production de stylos à insuline de Boufarik (Blida), relevant des laboratoires Novo Nordisk, va contribuer à une réduction sensible de leurs prix, tout en assurant leur disponibilité. «Cette nouvelle unité est le fruit d’un partenariat algéro-danois. Elle va permettre une baisse de 1000 DA l’unité, dans le prix des stylos à insuline destinés aux diabétiques, avec une qualité analogue à celle des stylos importés», a précisé le ministre de l’Industrie pharmaceutique.
Cette inauguration a donc ravi les professionnels du secteur, notamment Ahmed Benfares, président de la section officine, qui assure que l’ouverture de cette usine est une excellente chose. «Malades et pharmaciens sommes à la recherche de la disponibilité et de la qualité du produit. Avoir des médicaments localement fabriqués pourrait apporter des solutions à la problématique des ruptures, à condition que les taux d'intégration soient assez importants pour ne pas tomber dans les mêmes scénarios qui ont passablement gêné malades et pharmaciens durant les 6 derniers mois», affirme-t-il. En ce qui concerne la qualité des produits, le spécialiste assure que celle-ci ne devrait pas inquiéter avec tous les mécanismes de contrôle existants. «Toutefois, il y a un autre facteur non négligeable pour nous pharmaciens, c’est celui du maintien des prix à une hauteur qui permettrait aux pharmacies de se maintenir en activité», ajoute-t-il. Par ailleurs, le pharmacien assure que cette inauguration est aussi importante sur deux niveaux. «Il y a non seulement le transfert de technologie mais aussi un gain en devises non négligeable», précise-t-il.
Justement à ce propos, le ministre de l’Industrie pharmaceutique a fait savoir que la facture d’importation de l’insuline sera réduite grâce à ce niveau de production national de près de 200 millions de dollars d’ici fin 2023, contre 420 millions de dollars par an actuellement. M. Aoun a également exhorté les opérateurs dans le domaine de l’industrie pharmaceutique à orienter leurs activités vers la fabrication en full process, relevant l’impact de la diversification de la production nationale dans la lutte contre le phénomène de monopolisation du secteur de l’industrie pharmaceutique. D’ailleurs, le ministre de l’Industrie pharmaceutique a fait état de la levée de la majorité des obstacles qui entravaient la concrétisation des projets de l’industrie pharmaceutique, qui s’étaient posés aux personnes souhaitant investir dans ce domaine. Expliquant que la majorité de ces obstacles sont fictifs et illégaux, ayant pour objectif de bloquer l’investissement dans ce domaine pour encourager l’importation. M. Aoun a aussi souligné que les médicaments de fabrication locale couvraient actuellement près de 60% des besoins du marché national, un taux qui devrait augmenter à l’avenir après l’entrée en service de plusieurs nouvelles usines, notamment celles spécialisées dans la fabrication de médicaments destinés aux cancéreux et aux malades chroniques.
SAIDAL doit remonter la pente
Alors que Saidal couvrait 45% des besoins du marché national, le groupe n'en couvre actuellement, selon M. Aoun, que 2%, faisant état d’une baisse conséquente en termes de médicaments produits par le groupe de 350 à 50 médicaments. Pour tenter d’en faire une locomotive pour l’industrie pharmaceutique en Algérie et ainsi recouvrer «sa place» sur le marché national des médicaments et mettre un terme, par la même occasion, à la dépendance aux laboratoires étrangers, le ministre de l’Industrie pharmaceutique a annoncé le lancement de l’opération de «réorganisation et restructuration» du groupe Saidal. Surtout que l’Algérie ambitionne de produire localement près de 80% des besoins du marché national du médicament d’ici fin 2024, en donnant la priorité aux médicaments traitant les maladies chroniques. Cela va aussi contribuer à réduire davantage la facture d’importation. D’ailleurs, M. Aoun a fait savoir récemment que la facture d’importation en 2022 avait atteint 1,2 milliard de dollars, contre près de 2 milliards en 2019, ce qui a permis d’économiser 800 millions de dollars, soulignant que le budget alloué à la gestion du ministère était de 250 millions de dinars, soit 2 millions de dollars seulement.
A noter que le ministre de l’Industrie pharmaceutique a récemment affirmé que ses services ont imposé, à travers le cahier des charges, la nécessité de garantir un stock stratégique suffisant pour couvrir la demande sur une durée de 6 mois en ce qui concerne la matière première pour les fabricants et les médicaments pour les distributeurs. En ce qui concerne le volet export, M. Aoun a évoqué, à de nombreuses reprises, l’importance de développer la coopération avec non seulement les autres pays du continent, en vue du potentiel «très important» de ces marchés, mais aussi avec les pays d'autres continents. D’ailleurs, Ali Aoun avait déjà discuté avec l’ambassadeur du Qatar à Alger, Abdulaziz Ali Al Naama, des moyens de renforcement de la coopération bilatérale et des possibilités d’exportation des produits pharmaceutiques algériens vers le Qatar. Une rencontre avait également été tenue avec l’ambassadrice de la République de Turquie à Alger, Mahinur Ozdemir Gokta, accompagnée d’une délégation du Holding Abdi Brahim conduite par son PDG, Baris Guven, avec lesquels le ministre a abordé les voies de développer la coopération dans le secteur. Au cours de cette réunion, les discussions ont porté, notamment, sur «la volonté des laboratoires Abdi Brahim de renforcer les investissements (en Algérie) à travers la production de médicaments à forte valeur ajoutée et leur exportation, notamment vers les marchés africains».
Le ministre de l’Industrie pharmaceutique a aussi reçu, il y a quelques jours, le président du Conseil d’affaires algéro-américain, Smail Chikhoun, avec lequel il a abordé les investissements dans le domaine de la recherche et du développement et la production de médicaments innovants. «Les entretiens entre les deux parties leur ont permis de passer en revue l’état de la coopération ainsi que les perspectives de son renforcement dans le domaine de l’industrie pharmaceutique», a précisé le communiqué du ministère. Dans la même dynamique, M. Aoun a reçu l’ambassadeur du Royaume-Uni, de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, Sharon Anne Wardle, dans le cadre du renforcement et de l’élargissement de la coopération bilatérale.
La rencontre a été consacrée aux opportunités de coopération qu’offre l’industrie pharmaceutique algérienne aux grandes firmes britanniques déjà installées en Algérie. Les deux parties ont ainsi exprimé leur volonté «de voir le niveau des investissements s'accroître par l’élargissement et l’orientation de la gamme de médicaments fabriqués vers les médicaments innovants, par la promotion de la recherche et développement», poursuit le communiqué.