Dialogues / Tahar Houchi : «Plus de 1000 œuvres ont été exposées au festival en 18 ans»

11/06/2023 mis à jour: 03:48
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Journaliste, critique et réalisateur de films, Tahar Houchi quitte le pays dans les années terrorisme après une licence en lettres et linguistique obtenue à Alger, et poursuit ses études DES en études du développement, DEA de langue, littérature et civilisation françaises, pour finir par fonder le festival de Genève. 
 

 

 

-En tant que co-fondateur du festival, quel bilan faites-vous de cet évènement qui en est déjà à sa 18e édition ?
 

En tant que fondateur du festival, quand je regarde mon point de départ à mon arrivée à Genève, en laissant derrière moi un pays déchiré par le terrorisme, et je regarde la belle plateforme que j’ai créée et où ont été exposées plus de mille œuvres en 18 ans, je ne peux ressentir que de la satisfaction. Quand je me rappelle les nombreuses figures du cinéma, comme Kaouther Ben Henia, Kamel Ben Smail, Karim Moussaoui, Salah Isaad, Lyes Salem et autres qui sont passés par le FIFOG avant de briller dans d’autres festivals, je ressens de la satisfaction. Quand je réalise que plus d’une centaine de partenaires nous font confiance, je ressens de la satisfaction. Malgré ce sentiment de l’accompli qui me remplit, je ressens une pointe de tristesse que je n’ai pas pu le faire dans mon pays. 

 

-Vous êtes aussi algérien, avez-vous pensé à monter un festival en Algérie ou c’est trop difficile ?
 

Disons qu’un festival ne peut pas se faire à distance. Il y a une partie opérationnelle qui relève de ma compétence. Mais il reste une qui relève du diplomatique, rôle généralement assumé par la présidence et le comité. J’ai exploré la possibilité de mettre en place quelque chose, mais je n’ai pas réussi à trouver un partenaire qui soit rêveur comme moi. Un projet, c’est avant tout une vision, et une vision à long terme. On se projette sur plusieurs années. La situation du pays a réduit, rabougri et appauvri les rêves des citoyens. Même à l’étranger, ce n’est pas facile. J’ai monté deux festivals en Espagne et au Canada : le festival del film del integracion de Valencia et le festival du film amazigh de Montréal. Mais quand la vision manque aux partenaires, les projets se meurent.
Alors, j’ai continué à voler des bouts de rêves, emprisonnés par des cinéastes dans des pellicules, pour en faire un grand à Genève. D’ailleurs, l’édition 2023 est dédiée au Rêve.
 

-Vos coups de cœur de cette année ?

Mes présences sont nombreuses. Puisqu’il faut en citer quelques-unes, je nomme inévitablement La dernière reine de Damien Ounouri et d’Adila Bendimerad, Le voyage de Youssef du Syrien Joud Said et The Last Postmen de l’Irakien Saad Al Essamy. Le premier, une tragédie d’où l’on ne sort pas indemne tout en offrant des décors flamboyants et un spectacle impressionnant. Le deuxième aussi narre des événements tragiques : des Syriens poussés à l’exil, mais l’humour et l’espoir ne les désertent pas. Le dernier donne à voir un spectacle de désolation d’un Irak post guerre du Golf. Un personnage naïf qui rappelle un peu Hassan Terro (film de Mohamed Lakhdar Hamina, ndlr) nous transporte à travers ses illusions et désillusions.. 

 

Propos recueillis par   Chawki Amari
 

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