Diagnostic différé

04/06/2022 mis à jour: 08:06
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Des professeurs en médecine émérites se sont succédé à la tête du ministère de la Santé avec l’ambition de remettre sur pied un secteur névralgique resté en souffrance durant de longues années. Ils n’auront que très modestement réussi et l’on s’interroge si leur apport aurait été plus significatif s’ils avaient poursuivi leur activité dans leurs services de soins respectifs. 

A présent qu’ils ont quitté leurs fonctions gouvernementales et sont quelque peu affranchis de l’obligation de réserve, leur parole serait précieuse pour comprendre le mal qui ronge un secteur conçu pour améliorer la qualité de vie des citoyens. 

Imprégnées du discours incompréhensible et des atermoiements propres au système de gouvernance du pays, les autorités en poste ne sont d’aucun secours pour identifier les raisons qui bloquent le secteur relevant de leur responsabilité et de leur gestion. 

Le diagnostic est continuellement différé, sinon inversé. «En instaurant ce système, l’État aura franchi un pas de géant pour protéger le citoyen de tout éventuel dépassement pouvant être commis par des établissements de santé», a déclaré jeudi dernier l’actuel ministre de la Santé, évoquant la «révision de la liste des activités médicales et une proposition de tarification unifiée». 

Une réponse absconse annonçant l’installation imminente d’une commission intersectorielle chargée de l’«activation de ce système et la définition de la nomenclature des actes médicaux ». 

Le parlementaire auteur de la question voulait des explications et des propositions concrètes au sujet des tarifs des prestations médicales, un dossier solidement mis sous le coude des autorités depuis des décennies. 

Quand ce sont des images qui deviennent parlantes et édifiantes, comme celles envoyées depuis le CHU d’Annaba, c’est le responsable de l’établissement qui fait les frais de la situation proche du désastre que vit le secteur. Immédiatement après, on retombera dans le déni et on excellera dans l’art d’éluder la réalité vécue par les citoyens. La vidéo réalisée dans les services des urgences à l’est du pays, en dehors du fait qu’elle confirme encore une fois la révolution dans les médias et le mode de transmission de l’information, s’était invitée avec fracas dans un agenda officiel anesthésié et complètement coupé des réalités. 

Durant la même semaine, un responsable informait que le ministère était en train d’élaborer un guide contre le tabagisme, à l’heure où les addictions ont radicalement changé de registre. Les journées d’étude sur des maladies à faible prévalence sont également une tradition bien ancrée, à un moment où des témoignages provenant des hôpitaux publics font savoir qu’une seule table de radiologie est fonctionnelle dans un périmètre englobant des centaines de milliers d’habitants.

En l’état actuel du discours officiel et de l’action gouvernementale, on est amené à croire que tout est mis en branle pour que rien ne change. 

Aux prochaines assises de la santé, on se fixera des axes de travail qui auront la propriété d’occulter les véritables questions qui se posent dans le secteur. Pourtant, s’agissant du système de soins, la vérité a ceci de particulier qu’elle est vitale. 

Dans les propos du ministre, globalement hermétiques à la compréhension du commun des citoyens, l’ont peut relever une expression qui recueille l’acquiescement de tous : «La santé a un coût, mais elle n’a pas de prix.»

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