Développement agricole : Plaidoyer pour des réformes «structurelles»

15/03/2022 mis à jour: 04:00
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Yacine Ould Moussa a déploré l’abandon de la politique du renouveau rural / Photo : H. Lyès

L’Algérie dispose de seulement 8 millions d'hectares de terres arables dont 3 millions sont destinées à la culture des céréales.

Le professeur et expert en économie, Yacine Ould Moussa, qui a pointé, hier, du doigt les boulets que traîne le secteur agricole, a plaidé en faveur de la mise en place de «réformes structurelles»

«Les statuts des terres agricoles constituent pour les investissements certains obstacles. 75% des exploitations agricoles ne dépassent pas 10 hectares, une taille qui n’est pas compatible avec des investissements importants et qui ne peuvent pas être amortis rapidement ou à long terme. Par conséquent, la taille de ces exploitations constitue un frein pour la production en général mais surtout à la productivité puisque on ne peut pas aller vers des techniques de plus en plus pointues», a déploré Yacine Ould Moussa, membre du think tank GRFI (Groupe de réflexion filaha innov), invité de la Radio nationale.

Il imputé les déficits enregistrés par les filières de base à la faiblesse de l’irrigation, la réduction de la surface des terres arables et la désorganisation des filières de base agricoles. 

L’Algérie dispose de seulement 8 millions d'hectares de terres arables dont 3 millions sont destinées à la culture des céréales.

Pour sortir d’une agriculture «presque vivrière», l’invité de la radio a plaidé en faveur de la mise en place de «politiques plus vigoureuses et structurelles». «Dans 5 ans, nous seront 50 millions d’habitants et quand on sait que 75% de notre consommation est importée et quand on sait la fragilité des mutations géopolitiques des recettes d’hydrocarbures, il est temps que notre agriculture trouve une place définitive et conséquente dans notre stratégie de développement.

Il faut que les pouvoirs publics affichent le rôle de l’agriculture dans le développement économique et social pour les prochaines années comme un grand vecteur de croissance et un puissant levier de développement social. Ensuite, il faut mettre en place les politiques publiques, les instruments adaptés et les formations appropriées», a-t-il recommandé. 

Selon lui, la question de l’agriculture ne peut pas être dissociée du modèle de croissance.

«Tant qu’on n’aura pas changé notre modèle de croissance, celui-ci étant épuisé, l’agriculture ne trouvera pas sa place. Elle trouvera seulement des mesures urgentes et conjoncturelles et non pas des politiques structurelles et vigoureuses», a-t-il mis en garde.

Autres recommandations, multiplier la mise en valeur pour augmenter les surfaces agricoles utiles, intégrer la jeunesse dans un mouvement d’inclusion socio-économique, développer l’irrigation et les filières stratégiques (lait, viandes, céréales).

A ses yeux, le développement local doit aussi privilégier dans certaines régions le développement agricole, l’investissement agricole et le développement rural. «Il faut mettre en place un écosystème pour permettre aux Algériens de mettre en valeur les ressources du pays», a souligné l’expert en économie. 

A ce titre, Yacine Ould Moussa a déploré l’abandon de la politique du renouveau rural, lancée par l’ancien ministre Benaïssa Rachid, qui était, selon lui, «économiquement rentable et socialement acceptable». 

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