A Chréa, une localité montagneuse située à 1500 m d’altitude, les loisirs manquent cruellement. Le touriste lorsqu’il s’y déplace, il ne trouvera aucune activité récréative, sportive ou ludique.
Pourtant, sa station de ski, la plus ancienne en Afrique (1922) n’est pas opérationnelle depuis plusieurs années, et ce, au détriment des amoureux des sports de montagne. Un site censé développer la pratique sportive du ski et promouvoir la belle Chréa à travers des compétitions nationales, continentales et pourquoi pas internationales. Malheureusement, la date de sa réhabilitation est toujours renvoyée aux calendes grecques faute de moyens et d’une réelle volonté politique.
Aussi, le fameux télésiège, une remontée mécanique faite d’une série de sièges suspendus à un câble unique, qui offrait une belle balade montagneuse entre ciel et terre aux skieurs et touristes, est à l’arrêt depuis une trentaine d’années déjà. Toutes les promesses quant à sa réhabilitation sont restées vaines. Même le déplacement par téléphérique, de Blida vers Chréa et vice versa, n’est plus possible depuis environ six mois pour cause de maintenance. Le comble est qu’à ce jour, aucun communiqué officiel n’a été établi par la société de transport par télécabine quant au délai de l’arrêt.
Concernant l’hôtellerie, le tout Chréa possède moins de 100 chambres seulement, un nombre insuffisant par rapport à la vocation touristique des lieux, obligeant ainsi les familles et touristes en général à avoir recours à la location de chalets. Et là, les prix ne sont pas à la portée des petites et moyennes bourses puisque le dernier des chalets est loué à 10 000 DA la nuitée ! Heureusement qu’un hôtel d’une capacité de 90 lits est en cours de construction, lequel sera réceptionné (officiellement) vers la fin de l’année 2024. Faisant l’objet d’une récente visite du ministre du Tourisme, ces travaux de réalisation ont atteint les 60%, un plus pour une localité montagneuse qui reçoit jusqu’à deux millions de touristes par an, d’après les chiffres officiels.
Le tourisme, un créneau porteur
Le propriétaire du nouvel établissement hôtelier rassure la population locale que les jeunes de Chréa seront prioritaires pour ce qui est du recrutement. Mais cet investissement n’est guère suffisant pour répondre à une demande de plus en plus grandissante, d’une part.
D’autre part, le manque d’hôtel à Chréa pousse certains à se demander sur le sort d’un ancien hôtel datant de l’époque coloniale squatté par des familles pendant plusieurs années. Il aura été récupéré, selon nos sources, par le ministère de l’Intérieur il y a quelques années «pour en faire un centre de repos pour les fonctionnaires du secteur», nous dit-on. Mais à ce jour, il demeure toujours fermé.
Des élus locaux espèrent qu’il sera mis à la disposition de l’APC de Chréa afin de le louer et par ricochet, renflouer les caisses d’une commune assez pauvre.Et à cause du manque flagrant en foncier urbanisable, les mêmes élus espèrent aussi que les autorités du pays accordent des dérogations d’investissement touristiques dans des zones forestières, et ce, tout en préservant la nature et la vocation des lieux.
«En dehors des hôtels, pourquoi pas des centres de repos et d’entraînement pour les équipes sportives, comme c’est le cas de Ain Drahem en Tunisie. Pourtant, le site s’y prête à merveille : l’air pur, l’altitude, la verdure...», insiste-t-on. Côté colonie de vacances, Chréa était réputée pour cela. Malheureusement, et en dépit de l’amélioration de la situation sécuritaire depuis une vingtaine d’années, les colonies de la BNA, de la CNAT, de la CNAS, de la BEA et de la Banque d’Algérie peinent à retrouver leur vocation initiale, soit offrir aux enfants un lieu où la nature et l’ambiance festive et ludique y sont rois. Des élus locaux espèrent que «ces colonies reprendront du service au profit de centaines d’enfants, mais aussi au profit de la commune. Une colonie fonctionnelle, ça crée de l’emploi et de la richesse à l’échelle locale. Elle aura besoin de pain, de fruits et légumes (et autres).
Donc, elle fera travailler le boulanger et les préparatrices de galettes traditionnelles du village, le fournisseur local en alimentation générale, en fruits et légumes...». Enfin, le wali de Blida, Brahim Ouchen, s’impliquera-t-il à booster le développement touristique à Chréa et les activités qui en découlent, d’autant que toute la wilaya de Blida manque d’espaces de loisirs et que le citoyen blidéen est souvent contraint d’aller au-delà des frontières de sa wilaya pour assurer à ses enfants loisir et détente ? Contribuera-t-il à faire sortir Chréa de sa léthargie et, par conséquent, à renflouer les caisses de cette commune ?
Une chose est sûre, le même wali a réagi favorablement à notre article concernant le flagrant retard de la construction du siège de la nouvelle APC de Blida, un projet qui piétine depuis presque 40 ans et qui a fait l’objet de sa visite il y a quelque temps pour le booster. Brahim Ouchen a aussi répondu présent à l’appel lancé par l’association El Badr des cancéreux sur nos colonnes.
Cette association a bénéficié d’un terrain à Blida, il y a plus de dix ans, pour y construire le premier centre d’oncologie pédiatrique en Algérie, faut-il le rappeler. N’ayant pas eu la possibilité d’entamer les travaux de construction pour cause de la nature du terrain (agricole mais situé dans une zone urbaine) et que cela nécessitait une réunion interministérielle pour son déclassement, le wali de Blida a alors pris en charge ce problème en 15 jours seulement pour faire le transfert du bien et en délivrant l’acte de propriété à l’association en question, ce qui permettra à cette dernière d’entamer les travaux dans la légalité au profit des enfants cancereux.
Comptant sur sa «récurrentes» réactivité positive à l’appel des citoyens et de la société civile, les élus de Chréa espèrent que les nombreux problèmes et entraves existant dans cette commune touristique, exceptionnelle de par sa beauté et sa situation géographique, soient débloqués par le wali.