Deux corps découverts dans la soute d’un avion d’Air Algérie : Drame à l’aéroport d’Alger

05/06/2022 mis à jour: 01:33
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L’accès aux avions est théoriquement soumis à un contrôle strict

Deux corps de sexe masculin ont été découverts, hier à 5h, dans l’une des parties d’un avion d’Air Algérie, qui était stationné sur le tarmac de l’aéroport international Houari Boumediène (Alger). Les victimes étaient âgées entre 20 et 23 ans. 

Une information, étayée par un communiqué de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), annonce l’ouverture d’une enquête pour élucider les circonstances du drame. Leur identité précise n’a toutefois pas été révélée, ni leur région d’origine.

Il s’agit certainement de passagers clandestins qui voulaient passer la frontière d’une manière illégale et rejoindre l’autre rive de la Méditerranée ou atteindre ce qui est supposé être l’eldorado européen. 

Après avoir opté dans la majorité des cas pour la voie maritime à bord d’embarcations légères, certains harraga tentent de plus en plus le voyage par avion, en soutes ou dans le train d’atterrissage, où pourtant, selon les spécialistes de l’aérien, les chances de survie sont infimes, pour ne pas dire inexistantes. 

En effet, à partir d’une certaine altitude, les températures chutent drastiquement. Les personnes qui se cachent dans les trains d’atterrissage des avions risquent de mourir d’hypothermie mais aussi de manque d’oxygène. Ils peuvent également tomber de l’appareil.

Failles de contrôle

Sans être fréquentes, ces tentatives désespérées ne sont pas exceptionnelles. Rappelons dans ce contexte, le voyageur clandestin, Ayman, 16 ans, qui a pu s’engouffrer dans les soutes d’un avion d’Air Algérie faisant la liaison entre Constantine et Paris Charles-de-Gaulle (Roissy) en France le 9 mars dernier. Une tentative qui n’était pas sans risques, vu le manque d’oxygène, l’épuisement et le froid qui le menaçaient durant les deux heures de vol. Il a été qualifié de véritable miraculé.  Il a exposé sa vie à tous les dangers et à tous les périls. 

C’est une véritable tragédie. Un drame qui soulève plusieurs interrogations et relance du coup le débat concernant le phénomène des harraga. Beaucoup d’observateurs y voient un signe de la crise profonde que vit la société algérienne et du ras-le-bol harassant qu’éprouve une jeunesse frustrée et déçue. 

C’est une réalité douloureuse. Ils partent car ils sont désespérés, ils ne voient leur avenir qu’en Europe, où ils espèrent pouvoir aider leurs familles qui restent au pays. 

La motivation des harraga se trouve derrière le manque d’épanouissement individuel qui caractérise le mal de vivre de plusieurs générations. Les sociologues pensent que ce n’est pas la misère qui les pousse à partir, mais plutôt le rêve d’un autre mode de vie. 

Une question se pose aussi : comment se fait-il que ces deux jeunes ont pu arriver jusqu’à l’avion alors que l’aéroport international d’Alger est l’un des plus sécurisés et des plus surveillés du monde, selon des rapports internationaux, avec un déploiement massif des services de sécurité ? 

Encore une fois, l’image de l’Algérie en prend un coup. Il y a au moins trois contrôles pour y accéder : la police à l’entrée de l’aéroport avec passage au scanner des bagages et fouille corporelle, la PAF pour les vérifications d’identité et de visa et la douane pour contrôler la somme d’argent que détient le voyageur (les devises). Il y a des agents de sécurité qui font des rondes sur le tarmac… sans oublier les caméras de surveillance.

Des responsabilités à déterminer

En plus de cela, les avions sont considérés comme des appareils sensibles et tout autour est censé être réglementé.

L’objectif est de contrôler les accès des aéroports, de surveiller les déplacements, d’éviter les intrusions et d’intervenir si besoin.

Y a-t-il des complicités pour acheminer les clandestins jusqu’au pied de l’avion où les victimes ont juste déjoué la vigilance des services de sécurité et agit de leur propre chef ? 

L’enquête va éclairer les zones d’ombre. Mais au regard de la gravité de la situation, des têtes risquent de tomber dans les prochains jours.  

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