Des milliers de personnes endurent quotidiennement des déplacements forcés : Désastre total à Ghaza

28/08/2024 mis à jour: 09:33
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Photo : D. R.

«Si nous devions décrire la situation ici, c’est un désastre total», résume la porte-parole de l’UNRWA, Louise Wateridge. «Au cours des dernières semaines, nous avons reçu des ordres continus de déplacements forcés dans les parties centrale, sud et nord de la bande de Ghaza, et ce à quoi nous assistons ici est le déplacement forcé de centaines de milliers de personnes chaque jour. L’accès à tout moyen de transport pour ce type de déplacement est désormais devenu très limité et les gens ne savent pas où aller», déplore-t-elle.

Au lendemain de nouveaux ordres d’évacuation émis par l’armée israélienne, obligeant la population palestinienne à quitter des secteurs entiers de Deir Al Balah, au centre de la bande de Ghaza, où sont entassés des centaines de milliers de déplacés, l’ONU a exprimé sa vive inquiétude quant à la capacité de ses équipes à poursuivre leur travail humanitaire dans de telles conditions. 

Un important organisme onusien, en l’occurrence le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), s’est dit «particulièrement inquiet» par les conséquences de cet énième ordre de déplacement forcé.

«Cette décision remet en cause tout un centre humanitaire qui avait été mis en place à Deir Al Balah à la suite de l’évacuation de Rafah en mai dernier, et elle a un impact considérable sur notre capacité à fournir un soutien et des services essentiels», s’indigne l’OCHA.

Le personnel de l’UNRWA «implanté» au cœur de la population palestinienne peut encore continuer à travailler, a affirmé Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies. Mais l’aide de l’UNRWA, au vu de l’ampleur des besoins, représente «une demi-goutte d’eau dans l’océan», admet le porte-parole d'Antonio Guterres.

Le chef de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a prévenu de son côté que les établissements de santé situés à proximité des zones pouvant être touchées par les opérations militaires israéliennes risquaient désormais «de ne plus fonctionner», dont l’hôpital Chouhada Al Aqsa, le seul établissement hospitalier de la région.

Intervenant à distance lors d'une conférence de presse des Nations unies organisée hier, la porte-parole de l’UNRWA, Louise Wateridge, est désemparée. «Si nous devions décrire la situation ici, c’est un désastre total», soupire-t-elle.

«Au cours des dernières semaines, nous avons reçu des ordres continus de déplacements forcés dans les parties centrale, sud et nord de la bande de Ghaza, et ce à quoi nous assistons ici est le déplacement forcé de centaines de milliers de personnes chaque jour», déplore la représentante de l’UNRWA. «L’accès à tout moyen de transport pour ce type de déplacement est désormais devenu très limité et les gens ne savent pas où aller», ajoute-t-elle.

Propagation de la polio

Le premier directeur adjoint de l’UNRWA, Sam Rose, en remet une couche en déclarant que ces mouvements de population répétés en raison des ordres d’évacuation israéliens favorisent l’émergence et la propagation de la polio. «C’est précisément dans ces circonstances que la polio a refait surface à Ghaza, avec un petit nombre de cas qui peuvent se propager très rapidement», a-t-il averti.

Le porte-parole du secrétaire général des Nations unies, Stéphane Dujarric, annonce, pessimiste, que la probabilité de vacciner 50 000 enfants nés après le 7 octobre 2023 est «très faible». 1,2 million de doses du vaccin contre la polio avaient été livrées à Ghaza dimanche, a-t-il précisé, et il est prévu de vacciner plus de 640 000 enfants dans la région.

Une véritable gageure pour l’ONU. Une situation qui a poussé Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, à lancer ce message sur le réseau X, qui résonne presque comme un appel de détresse, proposant une trêve de trois jours : «La propagation rapide de la polio menace tous les enfants de Ghaza, déjà affaiblis par les déplacements, les privations et la malnutrition.

J’appelle à un cessez-le-feu humanitaire immédiat de trois jours pour permettre la vaccination (des enfants de la bande de Ghaza) d’ici la fin de l’année par l’OMS et l’Unicef. Notre humanité l’exige.»        

 

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