Des Incendies ravageurs font 38 morts et 200 blessés à l’est du pays : Un lourd bilan et des questions

20/08/2022 mis à jour: 03:12
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Hier matin, la Protection civile a annoncé la maîtrise totale des feux, dont les séquelles resteront vivaces de longs mois

Été 2021 - été 2022. Une année après les incendies de forêt ayant causé drame et désolation en Kabylie, l’histoire se répète, charriant à nouveau mort d’hommes et destruction de biens et de l’environnement. Cette fois-ci, l’apocalypse s’est produite à l’extrême est du pays, et plus précisément dans les wilayas d’El Tarf et Souk Ahras. 

Un mercredi noir. De gigantesques incendies, enregistrés simultanément dans 16 wilayas, particulièrement celles de l’Est, ont engendré un bilan macabre : 38 morts, plus de 200 blessés et des dégâts matériels importants. Tout a commencé à la mi-journée de mercredi 17 août, lorsque la Protection civile a annoncé l’enregistrement d’une quarantaine de feux de forêt, dont 16 à El Tarf, 3 à Souk Ahras, 3 à Sétif, 3 à Guelma et 1 à Annaba. En l’espace de quelques heures, l’enfer s’est installé, particulièrement à El Tarf et à Souk Ahras, où les flammes ont englouti des hectares de forêt pour se rapprocher dangereusement des agglomérations. Le drame n’a pas pu être évité, en dépit de la mobilisation de la Protection civile, des éléments de l’armée et de la population locale. 
 

En début de soirée de la même journée, un premier bilan, communiqué par le ministre de l’Intérieur, Kamel Beldjoud, faisait état de 24 morts à El Tarf et deux autres à Sétif. Il s’est alourdi durant la nuit pour atteindre 37 décès, dont des femmes et des enfants, et 200 blessés. Comme ce fut le cas en 2021 en Kabylie, les images et les vidéos postées sur les réseaux sociaux sont effroyables. On y voit des habitants impuissants et apeurés devant des flammes giclant de partout et ravageant tout sur leur passage. Les incendies ont surpris des familles entières à l’intérieur de leurs maisons, alors que d’autres se trouvant dans des véhicules ou à l’intérieur d’un parc animalier n’ont pas pu se sauver. Parmi les victimes, il y avait aussi une dizaine d’agents de la Protection civile qui sont morts en luttant contre les flammes. 
 

Des leçons qui n’ont pas été tirées
 

Hier matin, la Protection civile a annoncé la maîtrise totale des feux, dont les séquelles resteront vivaces de longs mois dans cette région et dans la mémoire collective. Jusqu’à présent, les autorités politiques avancent des facteurs climatiques qui ont favorisé le départ et la propagation des incendies. «Depuis le début de l’été, nous avons enregistré 106 feux de forêt à travers le territoire national. Durant la semaine dernière, plusieurs foyers d’incendie ont été enregistrés dans certaines wilayas du nord du pays. Il faut signaler que les températures de ces derniers jours étaient très élevées, dépassant les 47°C dans certaines régions qui ont connu aussi des vents forts», a souligné Kamel Beldjoud lors de son passage, mercredi soir, au JT de 20h de la télévision publique. Selon lui, tous ces incendies ont réduit en cendre «800 hectares de forêts et 1300 hectares de broussailles». 
 

En déplacement jeudi à El Tarf, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a affirmé pour sa part que «des vents forts soufflant à 91 km/h ont accentué la propagation des feux». Le premier responsable du gouvernement et son ministre de l’Intérieur ont affirmé que «tous les moyens étaient mobilisés pour venir à bout de ces incendies», à l’exception «du bombardier d’eau loué auprès de la Russie qui était en panne». 
 

Mais des voix, notamment des partis politiques de l’opposition, se sont élevées pour dénoncer l’attitude des autorités qui «n’ont pas tiré les leçons de la tragédie de 2021 en Kabylie». A l’époque, le Conseil des ministres avait annoncé la décision d’«acquérir rapidement six Canadair pour faire face aux feux de forêt». Une année après, aucun appareil n’a été acheté. L’Etat a dû se rabattre sur la location d’un seul bombardier d’eau auprès de la Russie, qui, après avoir participé à l’extinction des premiers incendies enregistrés en juillet dernier, est tombé en panne au plus mauvais moment.

 Au-delà de l’acquisition des Canadair, qui suscite toujours débat dans le pays concernant leur utilité, les pompiers algériens sont-ils suffisamment dotés de moyens pour accomplir leurs tâches dans de meilleures conditions ? «Non !» rétorquent les mêmes voix, accusant les autorités «de manquer de vision et de politiques de gestion des risques qui tendent à se répéter à chaque période estivale». 
 

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