Des crocodiles sur le parcours olympique d’aviron… : Le pari fou des JO 2032 en Australie

05/04/2025 mis à jour: 17:39
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Photo : D. R.

Voici une décision pour le moins surprenante ! Les autorités olympiques australiennes voudraient organiser les épreuves d’aviron dans un fleuve… où vivent de nombreux crocodiles marins !

Organiser une épreuve olympique dans l’habitat de crocodiles, c’est le pari audacieux que pourrait relever Rockhampton, en Australie. Cette ville du Queensland, désormais désignée pour accueillir les épreuves d’aviron des Jeux olympiques de Brisbane 2032, mise sur son fleuve emblématique, le Fitzroy, malgré la présence avérée de redoutables reptiles. Une décision qui suscite à la fois enthousiasme local et interrogations internationales.

Un fleuve peuplé par des crocodiles

A 25 kilomètres à l’est de Rockhampton, sur une île bordée de mangroves, John Lever élève plus de 3000 crocodiles marins. Cet ancien chasseur de crocodiles, aujourd’hui à la tête d’une ferme spécialisée, connaît les lieux comme sa poche.

Il se souvient du tout premier spécimen qu’il a capturé, en 1982 : «Il venait juste de manger un adorable labrador», a-t-il raconté au Guardian. Pour lui, l’idée d’organiser des épreuves d’aviron sur le Fitzroy est merveilleuse, car le Fitzroy est un fleuve spectaculaire», composé de plaines inondables, d’îles, de marécages et de maisons.

Bien conscient des inquiétudes que peuvent susciter ces reptiles préhistoriques, John Lever rappelle cependant que «ces crocodiles ne posent aucun problème» et que les riverains «utilisent et nagent dans le fleuve régulièrement, sans être attaqués». Si l’on en croit son expérience, la cohabitation est ancienne et maîtrisée. Il en veut pour preuve l’écusson de la ville, «sur lequel le seul animal représenté est un crocodile», symbole d’une cohabitation enracinée depuis le XIXe siècle.

Vigilance encadrée et doutes techniques

Face aux craintes de l’opinion publique, les autorités olympiques australiennes se veulent rassurantes. Le responsable des JO de Brisbane, Andrew Liveris, a déclaré lors de l’annonce officielle : «Il y a des requins dans l’océan et pourtant on y fait du surf».

Selon lui, l’essentiel est d’adopter un état d’esprit positif. De leur côté, les rameurs locaux, représentés par Sarah Black, présidente du club d’aviron de Rockhampton, assurent être préparés. «Le Fitzroy est un habitat naturel pour les crocodiles, nous en sommes bien conscients, a-t-elle souligné devant une commission parlementaire. Mais je pense que certains médias ont exagéré les choses, en parlant d’infestation.

C’est un risque encadré, et notre sport gère cela régulièrement.» Malgré cette sérénité affichée, les conditions techniques du site posent encore question. Sarah Cook, directrice générale de Rowing Australia, a exprimé ses réserves sur la conformité du site avec les critères internationaux : «L’un des critères essentiels est qu’il ne doit pas y avoir de courant», a-t-elle expliqué auprès d’ABC.

Or, aucun avis officiel n’a encore été émis par la Fédération internationale d’aviron ou le Comité international olympique sur la faisabilité du site. Si la décision finale reste en suspens, le débat, lui, est bien lancé. Entre fascination pour ces gentils dinosaures, comme les appelle John Lever, et préoccupations logistiques ou sécuritaires, le fleuve australien s’apprête peut-être à écrire un chapitre inédit de l’histoire olympique.

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