C’est le branle-bas à la Direction générale des Douanes algériennes. Cette dernière a été saisie par les services de sécurité sur un scandale d’une grande ampleur au port de Annaba, mettant en lumière une fraude d’envergure dans une opération d’importation de produits électroménagers.
Au cœur de l’affaire, au moins sept conteneurs de ventilateurs, faisant partie d’un grand lot, importés d’un pays asiatique sous le statut officiel de CKD (Completely Knocked Down).
La stupéfaction des douaniers a été grande lorsqu’ils ont inspecté les deux premiers conteneurs : les ventilateurs, devant arriver en kits détachés, déclarés en tant que tels, sont en réalité des produits finis, prêts à l’utilisation, étiquetés «Made in Algeria». «La fraude est sans appel», tranchent des sources proches de cette affaire. La réaction du directeur général des Douanes algériennes ne s’est pas fait attendre.
Immédiatement, ses services ont été instruits à l’effet de suspendre officiellement l’inspecteur principal aux opérations commerciales (IPOC), responsable du traitement de cette importation suspecte, affirment les mêmes sources.
L’enquête, désormais élargie, se penche sur l’historique des importations de plusieurs centaines de conteneurs de cet opérateur économique. Face à cette fraude manifeste, les Douanes algériennes ont décidé de passer à l'offensive. Sous la supervision du directeur régional et son divisionnaire, une inspection conjointe, impliquant également le service de lutte contre la fraude, a été entamée, hier, sur tous les conteneurs de cet opérateur.
En plus des sanctions attendues, une lourde amende, la confiscation des marchandises et la transmission d’un dossier à la justice, les privilèges douaniers dont bénéficiait l’entreprise seront révoqués, y compris le fameux «couloir vert», avantage tant convoité par les importateurs. Mais cette affaire n’est malheureusement pas un cas isolé. Les scandales se sont multipliés au port de Annaba ces dernières années.
En 2018, une fraude inédite avait déjà fait les gros titres : 20 conteneurs, déclarés comme contenant des panneaux photovoltaïques en provenance de Chine, n’en renfermaient en réalité que deux. Les 18 autres étaient bourrés de téléviseurs LED, également marqués «Made in Algeria».
Cette manipulation grossière avait conduit les Douanes à saisir la totalité des conteneurs et infliger à l’importateur une amende faramineuse de 2,5 milliards de dinars. Et l’histoire ne s’arrête pas là. Plusieurs importateurs, blacklistés par les Douanes pour des pratiques frauduleuses similaires, ont cherché à contourner leur interdiction en s’associant à des déclarants en douane peu scrupuleux.
Grâce à une manœuvre complexe, ces intermédiaires ont enregistré cinq entreprises figurant sur la liste noire des fraudeurs comme des «organismes spécifiques» – des associations ou corps diplomatiques, qui bénéficient de procédures douanières allégées.
Celles-ci leur permettent d’importer sans numéro d’identification fiscal (NIF), en utilisant un «code 9», destiné à des usages spéciaux. Cependant, un contrôle croisé effectué par les banques et le système Sigad a permis de mettre à jour cette supercherie, et une alerte a été lancée, provoquant un nouveau coup de filet au sein du réseau des fraudeurs.