La France et l’Algérie décident d’inaugurer une nouvelle ère de leurs relations d’ensemble en jetant les bases d’un partenariat renouvelé.» C’est en ces mots que les présidents français et algérien ont conclu samedi une déclaration commune scellant la relance des liens bilatéraux suite à la visite d’Emmanuel Macron en Algérie.
Le communiqué commun publié à cette occasion énumère plusieurs domaines de collaboration, notamment les dossiers sécuritaire, économique et scientifique, en plus d’un travail sur la mémoire du passé colonial et une promesse d’assouplissement des procédures d’octroi de visas. Emmanuel Macron a ainsi décrit, dans l’une de ses interventions médiatiques lors de son séjour à Alger, un partenariat «nouveau pour et par la jeunesse» qui, selon ses mots, a été élaboré dans «l’enthousiasme du moment», lors de multiples entrevues jeudi et vendredi derniers avec le président Tebboune et ses ministres.
Une commission mixte pour «regarder le passé en face»
Une commission mixte d’historiens français et algériens devrait ainsi être créée pour «regarder» en face l’ensemble de la période de la colonisation «sans tabou», a annoncé le président Macron. Il s’agit, selon le communiqué conjoint signé par les présidents Tebboune et Macron, «d’établir une commission conjointe d’historiens français et algériens chargée de travailler sur l’ensemble de leurs archives de la période coloniale et de la guerre d’indépendance». «Ce travail scientifique a vocation à aborder toutes les questions, y compris celles concernant l’ouverture et la restitution des archives, des biens et des restes mortuaires des résistants algériens, ainsi que celles des essais nucléaires et des disparus, dans le respect de toutes les mémoires», peut-on lire dans le document en question.
Vers un assouplissement des procédures de visas
Les deux dirigeants ont également ouvert la voie à un assouplissement du régime de visas accordés à l’Algérie, en échange d’une coopération accrue d’Alger dans la lutte contre l’immigration illégale. «Conscientes que les liens humains constituent le vecteur, par excellence, de la redynamisation effective du partenariat bilatéral, les deux parties conviennent d’engager une réflexion pour bâtir des solutions concrètes et opérationnelles à même de répondre à leurs attentes respectives pour que la circulation des personnes entre les deux pays soit organisée et encadrée pour être pleinement respectueuse des lois, intérêts et contraintes du pays d’accueil tout en favorisant des échanges humains liés aux dynamiques économique, sociale, académique et touristique entre deux pays et deux sociétés partageant des liens multiples», est-il ainsi noté dans la déclaration commune.
L’idée est d’encourager la mobilité entre les deux pays, notamment pour les étudiants, entrepreneurs, scientifiques, universitaires, artistes, responsables d’association et sportifs, permettant de conduire davantage de projets communs. Les deux parties s’engagent, par ailleurs, à valoriser le potentiel que représentent la communauté algérienne en France et les citoyens binationaux dans le développement de la relation bilatérale et à appuyer les projets que ces acteurs portent en ce sens en France comme en Algérie. Macron annonce d’ores et déjà l’acceptation de 8000 étudiants algériens de plus cette année en France, qui rejoindront un contingent annuel de 30 000 jeunes.
Vers la création d’un «Haut Conseil de coopération»
Fait inédit : les deux présidents algérien et français se sont assis autour d’une table vendredi avec leurs chefs d’état-major des armées et du renseignement extérieur. Ils promettent de le faire aussi souvent que «nécessaire», notamment à travers l’institution du «Haut Conseil de coopération» au niveau des chefs d’Etat pour, selon le communiqué commun, «approfondir et concevoir ensemble, dans un esprit de confiance et de respect mutuels, des réponses adaptées aux questions bilatérales, régionales et internationales d’intérêt commun». Dans les faits, les chefs d’Etat réuniront les responsables des deux pays, sur le modèle de la réunion de Zéralda du 26 août 2022, chaque fois que nécessaire. Ce Haut Conseil se tiendra tous les deux ans, alternativement à Paris et à Alger, selon les modalités à définir ultérieurement.
Relance des partenariats économiques
Les deux pays entendent également favoriser une relance de leurs échanges économiques et encourager le développement des partenariats entre leurs entreprises ainsi que la recherche pour l’innovation. Ces efforts devront se concentrer sur les secteurs d’avenir : le numérique, les énergies renouvelables, les métaux rares, la santé, l’agriculture et le tourisme. «Les deux parties sont convenues de coopérer ensemble sur la transition énergétique – notamment à travers une coopération dans les domaines du gaz et de l’hydrogène», écrit-on. Elles sont également convenues de lancer un programme de recherche d’innovation technologique sur la récupération et le traitement du gaz de torchage.
Il est à noter, par ailleurs, que les deux parties se montrent promptes à donner un nouvel élan à leur coopération culturelle, notamment dans le domaine de la création, de la production et de la formation cinématographique, ainsi que d’intensifier leurs efforts pour accueillir des artistes en résidence et favoriser par ce biais des créations artistiques conjointes.