Cap sur l’enseignement de la langue anglaise dès le primaire. Lors du Conseil des ministres tenu dimanche 19 juin, le président Abdelmadjid Tebboune a mis l’accent sur la nécessité de réviser les programmes éducatifs en se référant, selon le communiqué publié à l’occasion, «à l’esprit pédagogique, qui a permis la formation, depuis l’indépendance, d’une élite dans diverses spécialités». Il y est question d’adopter la langue anglaise à partir du cycle primaire, après une étude approfondie menée par des experts et des spécialistes.
Ces dernières années, l’enseignement de l’anglais a été mis en avant essentiellement en opposition à la langue française, donnant lieu à une nouvelle guerre des langues. Alors que la crise entre Alger et Paris battait son plein, les entêtes des correspondances et les écriteaux écrit en français ont été remplacés par l’anglais.
Le gouvernement avait aussi réfléchi à remplacer le français par l’anglais à l’université. Une situation loin d’être nouvelle, l’utilisation de l’anglais comme arme de substitution ayant été exploitée par les politiques dans les années 1980 et1990.
La question divise ainsi en Algérie, entre les défenseurs de la langue française, avec une francophonie déjà bien installée en Algérie, et ceux qui mettent en avant l’anglais indispensable aujourd’hui, compte tenu des mutations que connaît le monde.
Avant même la déclaration de Tebboune au Conseil des ministres, et répondant à une question à l’APN liée à l’intégration de l’anglais dans le programme scolaire des élèves du primaire, le ministre de l’Education nationale, Abdelhakim Belabed, avait expliqué que l’aboutissement de ce projet ne se fera qu’à travers une réadaptation du système scolaire algérien, qui se traduira par la modification de certains aspects liés au programme dispensé et une formation adaptée des enseignants.
Dans les faits, il est à souligner le fossé qui existe entre le discours et la réalité du terrain. Des tentatives similaires ont été soldées par un échec, à l’instar du choix donné aux parents de la deuxième langue dès la quatrième année primaire dans les années 1990. La majorité des parents ayant choisi le français, plus par un souci pragmatique qu’idéologique.
Par ailleurs, le niveau général d’anglais est à la traîne, justifiant ainsi la volonté d’améliorer son statut. Mais le statut du français n’est guère plus enviable, car marqué par un enseignement peu satisfaisant. Il apparait ainsi que la qualité de l’enseignement des langues dépend sensiblement de leur dépolitisation.