Le décès, lundi, du détenu d’opinion Hakim Debazi à la prison de Koléa, où il avait été placé en détention provisoire en février dernier, suscite colère et indignation.
Depuis l’annonce et la confirmation de ce drame, des appels se multiplient pour faire la lumière sur cette énième affaire de décès en prison d’une personne emprisonnée pour ses opinions politiques, après Kamel-Eddine Fekhar et Mohamed Tamalt. «Le décès du détenu d’opinion Hakim Debazi ce 24 avril 2022, en détention provisoire depuis le 22 février 2022, remet violemment en surface la question des détenus politiques et d’opinion, les conditions de leur détention et l’abus dans le recours au mandat de dépôt dans notre pays», précise le Front contre la répression et pour les libertés dans un communiqué rendu public.
Ce dernier rappelle, dans la foulée, que «la demande de liberté provisoire introduite par les avocats du défunt détenu, déjà malade, a fait l’objet d’un rejet». «Nous considérons que la généralisation de la détention provisoire, censée être l’exception, est une mesure coercitive illégale et injustifiée, elle remet gravement en cause les droits élémentaires de la personne humaine», lit-on dans le même communiqué.
Pour le Front antirépression, lit-on dans ce communiqué, «cette tragédie, qui rappelle d’autres décès de détenus politiques survenus dans les prisons algériennes, ces dernières années, doit interpeller toutes les consciences du pays pour mettre un terme définitif à l’emprisonnement arbitraire pour délit d’opinion, de presse ou en raison de l’exercice effectif de droits démocratiques».
Dans ce sens, le Front appelle aussi à la «libération inconditionnelle et immédiate de tous les détenus politiques et d’opinion». «C’est la condition sine qua non pour mettre fin à ces drames», souligne le Front antirépression, qui réclame de «faire la lumière sur les circonstances exactes de cette tragique disparition d’un prisonnier en détention préventive pour situer les responsabilités de ce drame».
Réactions d’indignation
Pour sa part, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) interpelle les autorités judiciaires pour leur demander d’informer l’opinion nationale sur les «circonstances et causes de la disparition tragique de Hakim Debazi». «Les plateformes et réseaux sociaux ont largement diffusé l’information du décès d’un détenu d’opinion à la prison de Koléa. Les autorités judiciaires sont tenues d’informer l’opinion publique sur tous les détails, circonstances et causes de cette disparition tragique», insiste Saïd Salhi, vice-président de la LADDH. Les réactions sont venues aussi des organisations internationales qui exigent une enquête indépendante.
C’est le cas de l’Institut des études sur les droits de l’homme du Caire, en Egypte (CIHRS), qui a appelé, dans un communiqué rendu public sur sa page Facebook, les «autorités algériennes à ouvrir une enquête indépendante et approfondie sur la mort du militant du mouvement et prisonnier d’opinion Hakim Debazi, dont la mort est intervenu dans des circonstances mystérieuses».
Le CIHRS demande aussi la publication des résultats de cette enquête. «Le militant algérien est détenu depuis février 2022 à la prison de Koléa (Tipasa) en raison de ses opinions en ligne.
D’autres comme lui restent dans les prisons algériennes injustement à cause de leurs opinions, la plupart d’entre eux sont en détention provisoire injustifiée», rappelle cet institut. EuroMed Rights, pour sa part, estime qu’«une enquête judiciaire indépendante doit être mise en place pour éclaircir les circonstances de ce décès».