Le terrible drame qui a frappé le 2 juin le quartier Bois des Cars 3, dans la commune de Dély Ibrahim, (lire notre édition du jeudi 9 juin 2022 : https://elwatan-dz.com/le-quartier-de-dely-ibrahim-a-ete-le-theatre-jeudi-dernier-dun-terrible-drame-colere-consternation-et-tristesse-au-bois-des-cars-3 ) continue de susciter une foule de questions.
Rappel des faits : la famille Laraba qui y réside depuis des années a perdu l’un des siens dans des circonstances extrêmement tragiques. La victime, Yaacoub Laraba, 78 ans, cadre retraité respecté et estimé par tous ses voisins, est décédé alors qu’il tentait d’empêcher l’inondation de son habitation par un important reflux d’eaux usées causé par une modification, opérée visiblement en dehors de toutes les normes admises, du tracé du réseau d’assainissement du quartier.
Ce n’était pas la première fois que le défunt se battait de la sorte pour sauver sa maison. Son calvaire a commencé il y a 14 mois, date justement de la modification du réseau d’assainissement du Bois des Cars 3 en raison de la construction d’une clinique.
A la moindre précipitation, la maison des Laraba se retrouve inondée par les eaux usées, comme c’est le cas d’ailleurs des habitations de ses voisins. Le quartier baigne en permanence dans une odeur pestilentielle, exposant ses habitants à toutes sortes de risques.
Les membres du comité de quartier du bois des Cars 3 ont tiré la sonnette d’alarme à de nombreuses reprises pour attirer l’attention des responsables locaux sur les risques qu’il y avait à laisser la situation perdurer. Des pétitions signées par plus 300 personnes ont été également adressées aux responsables de la commune. Malheureusement, leurs multiples cris d’alarme n’ont pas été entendus.
C’est ainsi que le drame a fini par arriver. Yaacoub Laraba est décédé des suites d’une chute dans un regard d’assainissement qu’il tentait manifestement de déboucher afin de sauver sa maison d’une énième inondation. C’est la raison pour laquelle les habitants du Bois des Cars ont parlé de «grave négligence». «Au Bois des Cars 3 on ne comprend toujours pas pourquoi ce problème de reflux d’eaux usées n’a pas été pris en charge durant tout ce temps alors que tout le monde savait qu’il allait provoquer un jour ou l’autre l’irréparable», fulmine Tarek un résidant du quartier.
Les habitants s’interrogent également sur «le retard mis par les éléments de la Protection civile pour arriver sur le lieu du drame afin de prodiguer les premiers soins au regretté Yaacoub Laraba». Ils ont été pourtant prévenus, affirme-t-on, immédiatement après l’accident. «On ne comprend pas également pourquoi le numéro d’appel d’urgence de la Protection civile n’a pas fonctionné ce jour-là. A quoi bon avoir en effet un numéro d’appel d’urgence s’il ne fonctionne pas ?» s’indigne-t-on.
En plus de leur retard (plus d’une heure selon différents témoignages), «les éléments de la Protection civile sont venus avec un camion de lutte contre les incendies, un véhicule qui ne se prête bien évidemment pas du tout à une opération de secours de ce type. Les premiers soins n’ont donc pas pu être prodigués au défunt, ce qui a révolté tout le quartier», témoigne A. Mohammed. Mais ce qui a le plus révulsé et touché au plus profond les Laraba ce jeudi 2 juin c’est «l’indifférence et la froideur» avec laquelle leur regretté Yaacoub Laraba a été traité.
Cette attitude a scandalisé tout le quartier et rajouté à la douleur des Laraba. «Ce qui s’est produit ce jour là est inadmissible. Comment une telle chose peut se produire dans l’Algérie de 2022 ?» lâche avec colère un proche de la famille Laraba. Le défunt aurait-il pu être sauvé si les secours étaient arrivés à temps et avec des moyens plus adéquats ?
Une enquête sur le drame fournira certainement des réponses aux questionnements de la population et situera les responsabilités des uns et des autres. Dans tous les cas, il est vital que tout soit entrepris pour que de tels manquements ne puissent plus se reproduire.
Brahim T.