Le comédien, metteur en scène et interprète de la chanson ghiwane, Abdelwahad Elaidi, est décédé jeudi matin à l’hôpital de Maghnia, à l’âge de 70 ans. Il a été inhumé, hier vendredi au cimetière El Izza de la ville.
Auteur prolifique, il avait joué et mis en scène plus d’une quarantaine d’œuvres théâtrales. Dès 1975, il formera une troupe à Maghnia et se fera rapidement connaître avec El Oumnia, pour s’illustrer, ensuite, avec l’adaptation de Tahar Ouettar Les martyrs reviendront cette semaine, qui obtiendra le 1er prix au Festival du théâtre amateur de Mostaganem. Début des années 1980, il s’établira à Grenoble, dans l’Isère où il s’assurera un grand succès avec son one-man-show Les champs de couscous ne donnent plus de blé (2006), qui fera le tour de plusieurs villes européennes et maghrébines, juste après La peur dévore l’âme de Christian Taponard et La guerre de 2000 ans de Kateb Yacine, d’après une mise en scène de Med Hondo. Il collaborera artistiquement dans Fatma un texte de M’hamed Benguettaf.
Il sera aux côtés de Mohamed Fellag et de Beyouna dans Opéra d’Casbah d’après une «mise en images» de Jérôme Savary. En 1916, il nous invitera à Grenoble pour sa pièce historique Sale guerre pour Marcel. Une œuvre émouvante, humaniste, jouée à guichets fermés. L’on se rappelle, après le baisser de rideau, un pied-noir s’est approché de Abdou pour lui témoigner sa reconnaissance, en larmes : «Merci M. Elaidi, tout simplement.» Nostalgique, alors qu’on était au pied des Alpes, il nous confiera : «Je reviendrai en Algérie, à Maghnia pour m’y établir définitivement.» Nous ne l'avons pas cru, puisqu’il était au summum de son art. Trois ans plus tard, il rentrera au bercail, comme promis, pour «me ressourcer», nous disait-il, et concrétiser son projet qui lui tenait à cœur, un «studio de formation et de création de comédiens et de metteurs en scène», il a aussi essayé de ressusciter le groupe musical d’El Ghiwane, avec le jeune prodige Mohamed Chiyakh.
Infatigable, Abdou était allé jusqu’au bout de ses ambitions, de ses rêves, même si, boulimique artistiquement, on a comme cette impression qu’il est parti avec plusieurs idées en tête. Il avait le sens de l’humour, car chacune de ses conversations était ponctuée de blagues et de souvenirs hilarants qu’il racontait comme s’il était sur les tréteaux d’une salle de spectacles. Dors en paix, mon frère Abdou, et nos sincères condoléances à ta famille.