Décès de Othmane Belouizdad : «On dirait que mon père avait vécu plusieurs vies»

15/01/2022 mis à jour: 14:28
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Photo : D. R.

Après la mort en mai 2020 de Abdelkader Lamoudi, Othmane Belouizdad, décédé mercredi dernier, aura été le dernier membre du Groupe des 22 historiques.

Le dernier membre du Groupe historique des 22 a tiré sa révérence. Homme discret, Othmane Belouizdad est décédé mercredi dernier, à l’âge de 92 ans. Né le 25 juillet 1929 à Belcourt, au sein d’une fratrie de six membres, dont le père, Ahmed, est originaire de Guenzet (Sétif), il suit une scolarité qu’il abandonnera pour verser dans le commerce après le débarquement des Alliés en 1942. «Je me débrouillais en vendant des sardines, des figues et parfois des armes.

Tout ce qui est bricolage m’intéressait et le marché noir instauré de facto après le débarquement des Alliés en 1942, encourageait tout trafic. On achetait des armes chez les Américains surtout, car les Anglais étaient moins coopératifs», détaille-t-il dans l’excellent portrait qui lui a été consacré par notre confrère Hamid Tahri. Le défunt s’est rallié au Parti du peuple algérien (PPA), puis le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD). En 1949, il rejoint l’Organisation spéciale (OS), dirigée par son frère Mohamed Belouizdad (1924-1952), de cinq ans son aîné.

Membre du Comité révolutionnaire d’unité et d’action (CRUA), il assiste à la réunion du Groupe des 22, tenue en juin 1954, dans la villa de Lyes Derriche au Clos-Salembier (El Madania), pour «la Révolution illimitée jusqu’à l’indépendance totale». Arrêté le 7 novembre 1954, il est torturé à la villa Mahieddine avant d’être emprisonné en Algérie (Serkadji, El Harrach, Lambèse) et en France où il a passé 4 ans dans plusieurs prisons (Marseille, Toultouse, Béziers, Rouen et Bordeaux). Il est incarcéré de nouveau à la prison de Serkadji jusqu’en 1962.

Resté dans le quartier de naissance qui portera le prestigieux nom familial «Belouizdad», il dirige une entreprise de confiserie. Il fera de rares apparitions publiques, la dernière le fut en mai 2020, lors d’une entrevue avec le président de la République, Abdelmadjid Tebboune.

Dans son message de condoléances, le chef de l’Etat affirme qu’«en faisant nos adieux à l’un des compagnons des martyrs héroïques de la première heure qui ont allumé la flamme éternelle de Novembre, nous nous inclinons, avec déférence et reconnaissance, devant leurs immenses sacrifices et nous nous remémorons le parcours de la lutte de libération, de la lutte armée que le peuple algérien a menée avec courage et bravoure, en puisant chez les vaillants chefs de la Révolution les valeurs de loyauté et de sacrifice pour l’Algérie».

Le ministère des Moudjahidine a estimé que le regretté fut «l’un des hommes qui ont scellé le sort du peuple algérien et l’un des artisans de l’histoire de l’Algérie contemporaine». Le défunt a été inhumé, jeudi, au cimetière de Sid M’hamed, à Alger. Cité par l’APS, Djaffar, le fils du défunt, affirme que son père était un «vrai patriote», un «exemple» qui lui parlait tout le temps de la glorieuse Révolution : «Quand il me racontait des anecdotes, c’est comme si c’était un film. Je suis très fier de son parcours, on dirait qu’il avait vécu plusieurs vies.»

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