Décès de l'Américaine Gena Rowlands : Actrice indépendante et muse de John Cassavetes

17/08/2024 mis à jour: 10:54
AFP
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Photo : D. R.

La blonde et lumineuse Gena Rowlands, figure du cinéma américain indépendant morte mercredi à 94 ans, s’était imposée dans une soixantaine de rôles éclectiques, sous la direction de son mari John Cassavetes, mais aussi de Woody Allen ou de Jim Jarmusch.

Lena Rowlands, qui, selon son fils Nick Cassavetes, souffrait de la maladie  d’Alzheimer depuis cinq ans, s’est éteinte chez elle à Indian Wells, en  Californie, selon le site spécialisé américain TMZ. Elle disait de son époux qu’il lui avait écrit «les plus beaux rôles dont une actrice puisse rêver», de la call girl de Faces (1968) à une femme au foyer au bord de la folie dans Une femme sous influence (1974).Tourner avec celui qui refusait les diktats des grands studios hollywoodiens était «très excitant car toute la responsabilité du rôle reposait  sur vos épaules», disait l’actrice.

Le cinéma a dévoré leurs 35 années de mariage avec des tournages souvent à domicile, par économie - avec les fidèles Peter Falk, Ben Gazzara, Seymour Cassel -, Gena faisant des spaghettis pour tous, entre volutes de fumée et vapeurs de whisky. Leurs trois enfants n’ont pas échappé au virus du sérail : Nick, Xan (Alexandra) et Zoe sont tous acteurs et réalisateurs. John Cassavetes a porté au pinacle les talents de sa muse, sa beauté troublante et sa voix rauque de fumeuse, n’hésitant pas à utiliser des éléments de leur vie privée.

Gena, elle, s’est toujours identifiée à ses personnages avant le premier clap : «On a tous en soi un petit bout de chacun des autres. Jouer c’est simplement ouvrir une porte.» Une seule fois, elle a refusé un rôle à Cassavetes : celui de Mabel dans Une Femme sous influence, prévu initialement pour le théâtre, qu’elle trouvait «trop intense émotionnellement pour être joué tous les soirs». Il l’a réécrit pour le cinéma et Mabel lui a valu un Golden Globe de la meilleure actrice (1975).

Non à Hollywood 

L’enfance de Virginia Cathryn Rowlands, née le 19 juin 1930 à Cambria  (Wisconsin) d’un père banquier et sénateur et d’une mère peintre, la  prédisposait à une vie plus conventionnelle. Mais à 20 ans, fan de Bette Davis, elle interrompt ses études à l’université du Wisconsin pour des cours d’art dramatique à  New York.

Elle y débute sa «vraie vie» sur les planches («Sept ans de réflexion» de  George Axelrod) et séduit un jeune et beau comédien, John Cassavetes, qu’elle  épouse en 1954 quatre mois après l'avoir connu. Né à New York, d’origine grecque, il est subjugué par cette blonde électrique qui, comme lui, se «gave» de films français et italiens.

Cependant, le théâtre reste la passion de Gena et, deux ans plus tard, elle  est révélée dans Au milieu de la nuit de Paddy Chayefsky, tenant l’affiche 18  mois au côté d’Edward G. Robinson. En 1958, après des séries TV qui financent John devenu cinéaste, Gena est remarquée sur grand écran («L’Amour coûte cher» de José Ferrer, Seuls sont les indomptés de David Miller, avec Kirk Douglas).

Cependant, elle refuse Hollywood et rentre à New York : «J’ai toujours suivi ce que me dictait mon cœur et n’ai aucun regret.» Cassavetes qui «touchait à des choses auxquelles les femmes pensent mais qu’on n’attend pas d’un homme», racontera-t-elle à l’AFP, lui fait interpréter des personnages forts dans sept films, dont Opening Night (Ours d’argent de la Meilleure actrice au festival de Berlin, 1978), Gloria (1980) et LoveStreams avec Ben Gazzara (Ours d’Or 1984 du Festival de Berlin).

Lorsque John Cassavetes meurt d’une cirrhose du foie à 59 ans, en 1989, Gena qui vient de tourner Une autre femme de Woody Allen, continue d’être très demandée pour le grand écran et des séries télévisées.

Elle tourne également pour Nick Cassavetes, son fils. Après notamment Décroche les étoiles (1996) avec Gérard Depardieu (acteur et co-producteur), N’oublie jamais (2004) lui vaut le Golden Satellite Award 2005 du meilleur second rôle.

Gena accepte aussi un rôle de mère dans le premier film de sa fille Zoe, Broken English (2007), et est l’une des trois héroïnes de Parts per billion de Brian Horiuchi (2013). Remariée à l’homme d’affaires Robert Forrest en 2012, elle reçoit en 2015, date à laquelle elle s’est retirée, un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.
 

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