Les subventions sur les produits de base dépassé les 5000 milliards de dinars en 2021, selon le directeur général du Budget au ministère des Finances, Faïd Abdelaziz, qui intervenait samedi à l’occasion d’une journée parlementaire à l’Assemblée populaire nationale (APN), organisée par le groupe parlementaire du Front El Moustakbal sur l’accompagnement par le Parlement de la politique de réforme de l’aide sociale.
Plaidant en faveur d’une politique qui viendrait en aide à ceux qui en auraient véritablement besoin, sur laquelle planche actuellement le gouvernement, il a affirmé que l’Etat algérien contribuait, par son intervention sur le plan socioéconomique, au renforcement de la solidarité sociale et à la protection des catégories vulnérables (notamment les personnes aux besoins spécifiques et celles à faible revenu) contre toute forme de vulnérabilité et de pauvreté, tout en contribuant au développement de l’économie nationale, à travers la promotion des investissements.
Cette intervention, a-t-il ajouté, se traduit par les dispositifs d’aide et les transferts sociaux, scindés en «subventions directes puisées du budget de l’Etat, comprenant essentiellement les transferts sociaux», d’une part, et en «subventions indirectes consistant en les recettes non recouvrées auxquelles l’Etat renonce sous forme d’incitations fiscales, d’avantages commerciaux et de subventions sur les prix des produits énergétiques», d’autre part.
Ces subventions directes et indirectes épousent deux formes à leur application : «subventions ciblées» (habitat, santé, retraites) et «subventions généralisées» (subventions sur les prix des produits de base, des produits alimentaires et énergétiques et de l’eau).
Le total des subventions directes et indirectes oscillait, durant la période allant de 2018 à 2021, entre 3900 et 5130 milliards de dinars, dont 56% de subventions généralisées (2800 milliards). En 2021, le total des subventions directes et indirectes a atteint environ 5131 milliards de dinars, soit l’équivalent de 23% du PIB, selon les explications de Faïd Abdelaziz, qui a précisé que les subventions généralisées s’élevaient à 62% du total de ces subventions, soit près de 3181 milliards de dinars (14% du PIB).
Répartition des subventions
S’agissant de la répartition des subventions par nature en 2021, le responsable a souligné que les subventions généralisées se sont déclinées comme suit : 87% des subventions indirectes et 13% de subventions directes, la valeur des subventions directes ayant atteint 402 milliards de dinars, contre 2779 milliards de subventions indirectes, dont 96,5% allouées pour subventionner les prix des produits énergétiques, localement commercialisés.
Quant à la répartition des subventions généralisées par type de produit durant la même année, M. Faïd a fait savoir que 85% avaient été alloués pour subventionner les prix des produits énergétiques (soit l’équivalent de 2703,8 milliards de dinars), 13% (413,6 milliards) pour les prix des produits alimentaires et 2% (63,6 milliards) pour ceux de l’eau.
«Compte tenu de l’importance des fonds alloués pour subventionner les produits énergétiques sous forme de subventions indirectes et directes, il convient de noter que l’Algérie a occupé la première place mondiale en matière de prix du GPL carburant, la deuxième après l’Iran en ce qui concerne le gaz naturel et la cinquième pour les prix des carburants (essence et gasoil)», a-t-il ajouté.
Rien qu’en 2021, le prix moyen de vente de pétrole sur les marchés internationaux était de sept fois supérieur à celui appliqué localement, selon l’intervenant, d’autant que le prix à l’exportation s’élevait à 72,3 dollars/baril, contre 10,27 dollars/baril cédé aux raffineries locales.
Il précise que le prix moyen de vente du gaz naturel sur les marchés internationaux était 30 fois supérieur à celui appliqué au niveau local, le prix à l’exportation a atteint 5,8 dollars par unité de mesure du gaz naturel, contre 0,19 dollar localement. A ses yeux, «les subventions sur les produits de base sont généralisées et ne font pas de distinction entre ménages riches et ménages pauvres», et la multiplicité et la complexité des dispositifs actuels de subventions publiques généralisées rendent difficile un contrôle efficace.
D’après son évaluation, environ 152 milliards de dinars/an de subventions publiques (liées aux produits alimentaires) destinées essentiellement aux ménages «sont interceptés par d’indus intermédiaires».
Il faut rappeler, à ce propos, que le gouvernement a lancé une réforme du système des subventions publiques généralisées, suscitant néanmoins les craintes des ménages algériens – notamment de la classe moyenne – déjà rudement éprouvés par l’augmentation des prix.
A ce propos, les députés présents à cette journée parlementaire ont insisté sur l’importance d’associer tous les acteurs pour enrichir le débat autour de la politique de l’aide sociale ciblée, et proposer des solutions et des méthodes pour réorienter l’aide sociale.