Débat à Alger sur l’industrie cinématographique : Des «mesures incitatives et des crédits à taux bonifiés» pour les investisseurs

14/02/2024 mis à jour: 08:37
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La ministre de la Culture a présenté hier les mécanismes d’investissement dans l’industrie cinématographique ( Photo : El Watan )

Plusieurs producteurs, distributeurs, scénaristes, réalisateurs, gérants de salles de cinéma, experts et directeurs d’institutions publiques ont assisté à cette journée, la première du genre, organisée par le ministère de la Culture et des Arts et l’Agence algérienne de la promotion des investissements (AAPI).

«L’objectif de cette rencontre est de présenter et d’exposer les mesures légales et administratives pour ceux qui veulent investir dans le secteur du cinéma. Il s’agit aussi d’expliquer les différents avantages et incitations en matière d’octroi du foncier économique relevant des domaines de l’Etat. Il y a un travail qui est mené avec plusieurs secteurs intéressés par l’industrie cinématographique dont le ministère des Finances. 

A travers des comités mixtes, nous travaillons avec ce ministère pour mettre au point des mesures incitatives et des crédits à taux bonifiés pour appuyer les projets d’industrie cinématographique», a précisé Soraya Mouloudji, ministre de la Culture et des Arts, lors d’une déclaration à la presse. 

Elle a évoqué, lors d’une allocution, l’exploitation des salles de cinéma par les particuliers. Elle a parlé aussi de projets de construction de complexes cinématographiques, de studios de tournage et de multiplex qui pourraient faire l’objet de suivi par l’AAPI en concertation avec les ministères de la Culture et des Arts et des Finances. 

«Il s’agit également d’élaborer une stratégie nationale relative au positionnement de ces projets, selon les besoins nationaux et les différentes spécialités à même de créer un équilibre géographique», a-t-elle dit. Une convention-cadre est en préparation avec l’Association des banques et des établissements financiers (ABEF). 

«Le but est de mettre à la disposition des investisseurs dans le domaine du cinéma des avantages en matière de financement de projets et de lever tous les obstacles. Il s’agit de faire de l’industrie cinématographique un levier de l’économie algérienne tout en faisant la promotion de la culture et du patrimoine algériens», a souligné Soraya Mouloudji.
 

Création prochaine d’un Centre national du cinéma

La prochaine loi sur l’industrie cinématographique, actuellement en examen à l’APN, va, selon elle, répondre aux attentes des professionnels du secteur et aux exigences économiques du pays. «Ce projet de loi consacre l’importance de l’investissement privé dans l’industrie et les services cinématographiques. 

Il prend en compte l’approche nouvelle de la culture qui vise à consolider l’économie nationale, à diversifier les sources de revenus et à créer des postes d’emploi», a-t-elle dit. La ministre a annoncé la restructuration des établissements publics chargés du cinéma avec la création prochaine du Centre national du cinéma. 

«Ce sera un centre rassembleur de tout ce qui est lié au cinéma permettant d’unifier et de faciliter les procédures portant organisation de l’industrie cinématographique ainsi que sa gestion. Il aura pour tâche également de promouvoir la coopération internationale dans le domaine du cinéma et d’attirer les investisseurs et les producteurs dans le même domaine. 

Le ministère oeuvre à récupérer toutes les salles de cinéma pour en confier la gestion aux privés et à rapatrier et à numériser toutes les archives cinématographiques se trouvant l’étranger», a déclaré la ministre. 

Elle a annoncé l’organisation, avant la fin de l’année en cours, du premier festival international du court métrage de Timimoun.  Omar Rekkache, directeur général de l’AAPI, a, pour sa part, relevé que l’Algérie a engagé un processus de réformes pour «diversifier l’économie nationale». «L’industrie cinématographique est une des sources de la diversification de l’économie. 

Elle peut avoir un grand impact sur les autres secteurs. L’AAPI possède des instruments pour accompagner et soutenir les investisseurs dans cette industrie comme les avantages fiscaux et parafiscaux prévus déjà dans la nouvelle loi sur l’investissement. 

A cela, s’ajoute la facilité accordée pour accéder au foncier économique pour réaliser des projets. En concertation avec les services du ministère de la Culture et des Arts, nous allons définir les activités prioritaires et les régions», a-t-il indiqué.

Il a évoqué l’entrée en vigueur récente de la loi fixant les conditions et modalités d’octroi du foncier économique relevant du domaine privé de l’Etat destiné à la réalisation de projets d’investissement et le lancement jeudi 8 février 2024 de la plateforme de l’investisseur (https://invest.gov.dz/). 

Cette plateforme, perçue comme un instrument de «transparence et d’équité», permet de réduire les intervenants dans le domaine de l’investissement et d’avoir des informations sur les opportunités, les incitations et avantages prévus, les disponibilités foncières économique au niveau national et les dispositions légales, administratives et douanières. 


 

 

 

Lancement de la plateforme de l’investisseur

«La culture peut contribuer à construire une économie diversifiée. L’AAPI est disposée à collaborer avec les services du ministère de la Culture et des Arts pour soutenir l’investissement privé en matière de réalisation des infrastructures de base de l’industrie cinématographique en Algérie, comme les studios, les salles, les instituts de formation et les cités de production», a soutenu Omar Rekkache. Rachid Belaïd, délégué général de l’ABEF, a, de son côté, précisé que l’accompagnement d’un investisseur par les banques implique un suivi lors de l’exploitation. «Il existe d’autres instruments de financement, comme le leasing ou les sociétés de capital-investissement.

 Ces sociétés peuvent pallier l’insuffisance de fonds propres ou d’apports de la part de l’investisseur. Ces sociétés peuvent être temporairement dans le capital du projet. Par exemple, dans un projet où la banque peut financer à hauteur de 70%, la société de capital-investissement peut apporter la moitié du montant restant. Au lieu de 30%, l’investisseur va apporter 15%. Les sociétés de capital-investissement vont siéger dans les conseils d’administration pour aider à la gestion du projet. 

Au bout de cinq ans, elles se retirent une fois le projet bien lancé peut financer un autre projet», a détaillé Rachid Belaïd. En cinéma, le leasing est généralement utilisé pour la location de matériel de tournage de films, de studios ou de décors. «Il existe sept établissements de leasing, et des banques ont aussi des départements de leasing. 

Ce produit est proposé par treize établissements. Il existe aussi 600 guichets dédiés à la finance islamique», a-t-il dit. Rachid Belaïd a précisé qu’il existe actuellement en Algérie sept banques publiques, 14 banques à capitaux étrangers, huit établissements financiers dont le Fonds national d’investissement. 

«Le réseau bancaire algérien est composé de 1720 agences réparties sur tout le territoire national, y compris dans les nouvelles wilayas. Nous avons actuellement près de 23 millions de comptes bancaires. Un client peut disposer de plusieurs comptes. Les banques offrent des solutions de financement qui sont adaptées aux besoins des entreprises, des professionnels et des particuliers. 

Les investisseurs peuvent bénéficier de crédits à taux bonifiés pendant cinq ans. Le nouveau code de l’investissement (de 2022) prévoit des avantages fiscaux pendant la phase réalisation et exploitation des projets», a-t-il précisé. Il a rappelé qu’avant de décider du financement, les banquiers étudient la faisabilité, la viabilité et la rentabilité d’un projet. 

D’où l’intérêt, selon lui, de bien préparer les business plans à soumettre aux banques pour les demandes de crédits. «Les banquiers étudient aussi ce que peut apporter l’investisseur, sa connaissance du secteur, ses capacités managériales à conduire, réaliser et fructifier un projet, à respecter ses engagements», a-t-il dit. 

Nabil Hadji, conseiller de la ministre de la Culture et des Arts, qui a modéré les débats, a donné la parole à des investisseurs ayant réussi dans des projets de salles de cinéma. 

Il s’agit de Riad Ait Aoudia, directeur de TMV, qui gère le multiplex du Mall Garden City, à Chéraga, à Alger, d’El Hadi Bensenane, responsable au multiplex Ciné Gold à Oran, et de Mehdi Abdelmalek, représentant du groupe des hôtels AZ, propriétaire du multiplex Grand Ciné d’Oran. 
 


 

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