De retour d’Azerbaïdjan oriental : Le président iranien Raïssi meurt dans un accident d’hélicoptère

21/05/2024 mis à jour: 00:02
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Le président iranien Ebrahim Raïssi avec son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliyev peu avant son décès tragique photo : dr

Le président iranien Ebrahim Raïssi et son ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian sont morts dans un accident d’hélicoptère dans le nord-ouest de l’Iran, a annoncé, hier, le gouvernement de ce pays, poids lourd du Moyen-Orient.


«Le président du peuple iranien, travailleur et infatigable, (...) a sacrifié sa vie pour la nation», a indiqué le gouvernement dans un communiqué, relayé par l’AFP. «Le grand esprit du président populaire et révolutionnaire d’Irna a rejoint le Royaume suprême», a indiqué l’agence officielle Irna, en saluant «le martyre» des victimes. En la circonstance, l’Iran a décrété cinq jours de deuil.   L’annonce du décès de E.Raïssi a été donnée en début de matinée par les agences de presse et les sites d’information, après la découverte de l’épave de l’hélicoptère à l’aube. La télévision d’Etat a parallèlement diffusé des chants religieux en montrant des photos du président.- De nombreux dirigeants ont envoyé des messages de condoléances.

 Le président russe, Vladimir Poutine, a rendu hommage à un «politicien remarquable» et à un «véritable ami» de la Russie. Son décès est une «grande perte pour le peuple iranien», a salué le président chinois Xi Jinping. L’Inde, la Turquie, la France, l’Union européenne, l’Otan ainsi que les pays arabes voisins de l’Iran dans le Golfe, entre autres, ont présenté leurs «condoléances». Raïssi s’est rendu dimanche dans la province d’Azerbaïdjan oriental, où il a notamment inauguré un barrage en compagnie du président d’Azerbaïdjan, Ilham Aliev, à la frontière entre les deux pays. Au cours d’une conférence de presse commune, il a de nouveau apporté son soutien au Hamas face à Israël. «Nous pensons que la Palestine est la première question du monde musulman», a-t-il dit.

L’hélicoptère du président a disparu en début d’après-midi, alors qu’il survolait une région de l’Iran escarpée et boisée dans des conditions météorologiques difficiles avec de la pluie et un épais brouillard. La perspective de découvrir vivants le président et les huit autres passagers a progressivement diminué durant la nuit.  Parmi eux figurait Hossein Amir-Abdollahian, 60 ans, nommé à la tête de la diplomatie par E. Raïssi en juillet 2021. Etaient également présents le gouverneur de la province d’Azerbaïdjan oriental, le principal imam de la région, ainsi que le chef de la sécurité du président et trois membres d’équipage. Les secours ont récupéré lundi matin les dépouilles des neuf passagers. «Nous sommes en train de transférer les corps des martyrs à Tabriz», la grande ville du nord-ouest de l’Iran, a annoncé le Croissant-Rouge. 

L’épave a été découverte à l’aube et les secours ont  indiqué qu’il n’y a «aucun signe montrant que les passagers de l’hélicoptère» étaient en vie, selon la télévision d’Etat. L’avancée des recherches a été suivie avec attention à l’international, notamment aux Etats-Unis, en Russie, en Chine et dans les pays voisins. 
Téhéran a salué dans la nuit les propositions faites par plusieurs pays d’aider dans les recherches de l’hélicoptère, un Bell 212.  La Turquie a rapidement déployé 32 secouristes et un drone de vision nocturne qui a été opérationnel durant la nuit, tandis que l’Union européenne a annoncé avoir activé, à la demande de l’Iran, «le service de cartographie de réponse rapide CopernicusEMS» pour aider à localiser l’appareil.
A la demande de Téhéran, Moscou a également annoncé envoyer en Iran une cinquantaine de spécialistes des opérations de sauvetage, des véhicules tout-terrain ainsi qu’un hélicoptère.


Des élections dans 50 jours

De son côté, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a désigné, hier, le vice-président Mohammad Mokhber comme président par intérim du pays. L’article 131 de la Constitution de la République islamique prévoit qu’«en cas de décès, de destitution, de démission, d’absence ou de maladie d’une durée supérieure à deux mois du président», c’est «le premier vice-président qui assumera les pouvoirs du président». 

Ce processus doit avoir «l’approbation du Guide suprême», précise l’article, alors que l’ayatollah Ali Khamenei est la plus haute autorité du pays et son chef d’État. Une élection présidentielle au suffrage universel devra être organisée «dans les 50 jours», soit d’ici au 1er juillet. Un peu plus tard, le négociateur en chef iranien du dossier du nucléaire, Ali Bagheri, est nommé à la tête de la diplomatie de l’Iran à titre provisoire. Il a été désigné «responsable du comité des relations extérieures du gouvernement», a annoncé le porte-parole du gouvernement, Ali Bahadori Jahromi. De son côté, le chef d’état-major des forces armées iraniennes, Mohammad Bagheri, a ordonné une enquête sur la cause du crash de l’hélicoptère présidentiel, selon l’agence de presse Isna.
 

Elu en 2021, le président Raïssi est considéré comme l’un des favoris pour succéder au Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, âgé de 85 ans. Il a le titre d’ayatollah. Considéré comme un ultra-conservateur, il a été élu le 18 juin 2021 dès le premier tour d’un scrutin marqué par une abstention record pour une présidentielle et l’absence de concurrents de poids. Il a succédé à Hassan Rohani qui l’a battu à la présidentielle de 2017. 

Raïssi est sorti renforcé des législatives qui se sont tenues en mars, premier scrutin national depuis le mouvement de contestation qui a secoué l’Iran fin 2022, à la suite du décès de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée pour non-respect du code vestimentaire strict de la République islamique. Né en novembre 1960, E. Raïssi a effectué l’essentiel de sa carrière dans le système judiciaire, en étant notamment procureur général de Téhéran puis procureur général du pays.

Raïssi figurait sur la liste noire américaine des responsables iraniens sanctionnés par Washington pour «complicité de graves violations des droits humains», des accusations balayées comme nulles et non avenues par les autorités de Téhéran.
 

Le décès de Raïssi à 63 ans intervient  au moment où la région est secouée par la guerre dans la bande de Ghaza entre Israël et le Hamas palestinien.

En représailles à une frappe aérienne mortelle contre le consulat d’Iran à Damas attribuée à Israël, l’Iran a lancé une attaque inédite le 13 avril contre Israël, avec 350 drones et missiles, dont la plupart ont été interceptés avec l’aide des Etats-Unis et de plusieurs autres pays alliés.  En parallèle, Téhéran soutient un réseau de groupes armés au sein de «l’axe de résistance» contre Israël, avec notamment le Hezbollah libanais, le mouvement islamiste palestinien Hamas à Ghaza et les Houthis au Yémen.

 Quant au dossier nucléaire iranien, Téhéran nie vouloir acquérir l’arme atomique, mais s’est affranchi des engagements pris dans le cadre de l’Accord international de 2015 encadrant ses activités nucléaires, en échange d’une levée des sanctions internationales.

 Ce pacte, signé à Vienne entre l’Iran et le Groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France, ainsi que l’Allemagne)  a volé en éclats, après le retrait unilatéral des Etats-Unis décidé en 2018 par le président Donald Trump.                                                    
 

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