De la vie possible sur une lune de Jupiter ? : La Nasa part investiguer

19/10/2024 mis à jour: 18:16
AFP
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Europe, la lune de Jupiter, photographiée par la sonde Galileo de la Nasa à la fin des années 1990

Une imposante sonde de la Nasa s'apprête à entamer son long voyage vers Europe, l'une des nombreuses lunes de Jupiter, qu'elle atteindra en avril 2030.

 Il s'agit d'un monde que l'agence spatiale n'a encore jamais observé de façon aussi détaillée : sous sa surface glacée se trouve un océan d'eau liquide, pensent les scientifiques.

 Le décollage a eu lieu depuis Cap Canaveral en Floride, à bord d'une puissante fusée Falcon Heavy de SpaceX. «Europe est l'un des endroits les plus prometteurs pour chercher de la vie au-delà de la Terre», a souligné lors d'une conférence de presse Gina DiBraccio, responsable à la Nasa.

La mission ne cherchera pas directement des signes de vie mais répondra à la question de l'habitabilité : Europe contient-elle les ingrédients qui permettraient à la vie d'y être présente ? Si c'est le cas, alors une autre mission devra s'y rendre pour tenter de la détecter. «C'est l'occasion pour nous d'explorer non pas un monde qui a pu être habitable il y a des milliards d'années», comme Mars, «mais un monde qui pourrait être habitable aujourd'hui, en ce moment même», s'est enthousiasmé Curt Niebur, responsable scientifique pour la mission. La sonde est la plus grosse jamais conçue par la Nasa pour l'exploration interplanétaire : 30 mètres de large une fois ses immenses panneaux solaires étendus. Ceux-ci ont été conçus pour capter la faible lumière parvenant jusqu'à Jupiter.

Les premières images rapprochées d'Europe, dont on connaît l'existence depuis 1610, ont été réalisées par les mythiques sondes Voyager en 1979, qui ont révélé les lignes rougeâtres mystérieuses striant sa surface. Elle a ensuite été survolée par la sonde Galileo dans les années 1990, qui a confirmé la présence très probable d'un océan. Cette fois, Europa Clipper emporte de nombreux instruments ultrasophistiqués -- caméras, spectrographe, radar, magnétomètre...


Vie primitive ? 

La mission doit permettre de déterminer la structure et la composition de sa surface glacée, la profondeur et même la salinité de son océan, ainsi que la façon dont les deux interagissent - pour savoir par exemple si l'eau remonte à la surface par endroits. Le tout afin de comprendre si les trois ingrédients nécessaires à la vie sont bien présents: l'eau, l'énergie et certains composés chimiques. A priori, si elle existe, la vie se trouverait dans l'océan sous la forme de bactéries primitives, a expliqué Bonnie Buratti, responsable scientifique adjointe de la mission. Mais trop profondément pour qu'Europa Clipper puisse la voir. Et si Europe n'était finalement pas habitable ? 

«Cela ouvrirait également la voie à toute une série de questions : pourquoi avons-nous pensé cela et pourquoi ce n'est pas là ?», a indiqué Nikki Fox, administratrice associée à la Nasa. En cinq ans et demi de voyage pour atteindre Jupiter, la sonde parcourra 2,9 milliards de kilomètres. A partir de son arrivée, la mission principale durera quatre ans. La sonde effectuera 49 survols proches au-dessus d'Europe, jusqu'à 25 km de la surface. Elle sera alors soumise à d'intenses radiations - l'équivalent de plusieurs millions de radio du thorax à chaque passage. Quelque 4000 personnes ont travaillé depuis environ une décennie sur la mission, dont le coût est de 5,2 milliards de dollars. Un investissement justifié par l'importance des données à récolter, selon la Nasa.

 Si notre système solaire se révèle abriter deux mondes habitables (Europe et la Terre), «pensez à ce que cela signifie lorsque vous étendez ce résultat aux milliards d'autres systèmes solaires de cette galaxie», a lancé Curt Niebur. «Même en mettant de côté la question de savoir s'il y a de la vie sur Europe, la seule question de l'habitabilité ouvre un nouveau paradigme pour la recherche de vie dans la galaxie», a-t-il ajouté. Europa Clipper opérera en même temps que la sonde Juice de l'Agence spatiale européenne (ESA), qui doit, elle, étudier deux autres lunes de Jupiter, Ganymède et Callisto, en plus d'Europe. 
 

 

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