Il y a quelques années, la question était de rétablir la confiance entre l’Etat et le citoyen. A présent, il s’agit très clairement de se réapproprier et de cultiver la confiance en soi.
Le consensus n’est pas totalement atteint sur cet objectif extrêmement déterminant pour l’avenir du pays, si l’on en juge, à titre d’exemple, par les tirs de barrage qui continuent de cibler la décision de limiter d’une façon drastique les importations.
Pourtant, cette dernière ne traduit pas un simple souci de thésaurisation, mais une volonté de relancer la machine économique, avec son effet mécanique sur la création de richesses et d’emplois.
C’est l’objectif suprême de tout plan de gouvernance et l’attente première de la population. Le défi est d’abord psychologique puisqu’il s’agit de se convaincre que la richesse se crée et ne s’importe pas.
Pendant des décennies, des contraintes exceptionnelles ont plombé le sort du pays et cassé durablement les ressorts de la société. La décennie noire, dont le niveau de destruction ne sera égalé ou dépassé que dans certains pays ayant subi le printemps arabe, aura été une ornière de laquelle il a été difficile de s’extraire.
Puis vint l’étrange période de l’embellie financière, pendant laquelle le pays a été inondé de produits de l’étranger, à commencer par les véhicules neufs, de toutes les marques du monde, un phénomène qui s’ancra dans les mœurs presque comme une religion.
La fièvre acheteuse, toutes affaires cessantes, et largement soutenue par les banques, amènera des fournées de consommateurs à la cessation de paiement quand surviendront de nombreuses crises, dont celle du Covid-19. Le plus préjudiciable pour la société aura été de perpétuer l’esprit de l’assistanat, toujours à l’ombre des fortes rentrées en devises.
D’anciens dirigeants aujourd’hui en prison s’étaient illustrés d’une sinistre manière, en période électorale, en incitant les jeunes à dissiper les crédits bancaires sans les rappeler à leur obligation de créer de l’activité et de maintenir leur propre poste d’emploi.
Après ces années de gabegie, de dilapidation des deniers publics et, finalement, de régression, il faudra se rendre à l’évidence que le pack de la réussite et de l’accomplissement ne peut pas être livré par l’Etat ni par aucun employeur, mais cela relève de l’initiative individuelle et entrepreneuriale.
Il reste, bien entendu, à lever ce fléau persistant qu’est la bureaucratie. Sans utiliser les termes nouveaux de «contre-révolution», il s’agit d’un état de démission quasi institutionnalisée, où nul n’est tenu, du simple fonctionnaire au responsable, à l’obligation de résultat.
Parmi les pratiques du passé qui continuent d’être observées, des pans entiers de l’administration, notamment locale, ne se remettent à l’ouvrage que sur injonction ferme ou à l’occasion d’une visite d’inspection de la hiérarchie.
L’efficacité sera au rendez-vous quand l’effort sera au quotidien et l’évaluation régulière. Des signaux sur une démarche de responsabilisation à tous les niveaux de gestion sont en train de s’esquisser.
Des walis se départissent progressivement de leurs habits de représentation pour se consacrer pleinement à leur rôle de managers en chef et en charge de concrétiser les programmes de développement sectoriels.
Les assemblées élues vont devoir également réaliser que leur mission première est de préparer le terrain aux investissements, seul moyen de passer de l’ère de la subvention et du filet social à celle du renouveau économique et du bien-être de la collectivité.