Dar Essalem à la Casbah : Maison de la paix ou le centre de rayonnement culturel

30/05/2024 mis à jour: 02:14
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Photos : D. R.

Dar Essalem ou la Maison de la paix, un espace intemporel niché dans l’ancienne médina, qui respire la sérénité et dont les murs libèrent une certaine charge spirituelle, invitant le visiteur à une halte, voire à un moment de communion au milieu d’une exposition d’œuvres de calligraphie qui alterne avec des séances de déclamation de poésie.

Au milieu de certaines  bâtisses historiques dans l’ancienne médina qui font l’objet de restauration par la wilaya, dont la maison des Bouhired, sise au 3, Impasse ex-Lavoisier, il y a une demeure qui, après avoir été squattée près d’un demi-siècle, vient d’être – il y a peine deux ans – entièrement réhabilitée, selon  le B.A.ba de l’architecture mauresque, avec ses éléments architectoniques.

Il s’agit d’une zaouiya appartenant à la confrérie alaouite qui a été acquise en 1947 par  cheikh Adda pour en faire un siège de la confrérie alaouite. Pour rappel, la bâtisse de trois niveaux a été partiellement endommagée, suite à des dégâts collatéraux causés par l’explosion d’une bombe placée le 26 août 1957, par les fidayine, en l’occurrence Hadj Othmane dit Ramel et Debbih Cherif dit Si Mourad, Abdenour Benhafidh et Hamitouche Zahia qui occupaient une maison mitoyenne, située à 4, Impasse ex-St-Vincent  de Paul (actuelle Mokrane Zouaoui), avant que ces derniers ne tombent les armes à la main, à l’issue d’un violent accrochage avec les forces coloniales.

Un édifice excellemment restauré

Cela dit, après avoir libéré les lieux de ses indus occupants, en 2018, relogés ailleurs, M. Khaled Bentounes, l’arrière-petit fils de cheikh Adda, prend le taureau par les cornes et lance, en 2019, les travaux de restauration, faisant appel à Hammou Djouahar, un architecte spécialisé dans la restauration du vieux bâti.

Réceptionné en 2022, le bel immeuble flambant neuf et dont les parois intérieures sont rehaussées d’un revêtement de céramique (zelidj) aux motifs anciens, avec des colonnes en tuf, ses portiques et stucs reproduits à l’authentique, une cage d’escaliers dont les marches et contremarches refaits à neuf avec de l’ardoise, des solives ou des poutres en guise de rondins supportant le plafond ou le plancher, des balustrades respectant l’art du travail chantourné, le tout baignant dans une ambiance feutrée et où les effets de la lumière se font complices et se conjuguent à une atmosphère qui laisse transparaître  la patine du temps.

Faut-il noter qu’une charge spirituelle emplit quelque part les lieux qui invitent le visiteur à un moment de méditation.A l’entrée, après le vestibule dont le sol est revêtu de marbre, le visiteur foule le rez-de-chaussée qui abrite une librairie “Alamet’’ (Signes) qui élit ses quartiers dans un bel espace convivial et apaisant, bien agencé et davantage lumineux grâce à  une dalle en verre qui laisse voir le djeb (citerne). La librairie propose des ouvrages dédiés aux domaines de l’histoire, du théâtre, de la philosophie, du patrimoine ainsi que des corpus de roman. Le premier niveau s’ouvre sur des salles et un patio recouvert d’une verrière.

Un réceptacle d’expositions et de conférences

L’espace est dédié à des expositions d’art plastique et des conférences autour des thèmes culturels et cultuels qu’animent des communicants et ce, jusqu’au 8 juin prochain. Lors du mois du patrimoine et surtout, de la journée internationale du ‘‘Vivre ensemble en paix’’, idée proposée, faut-il souligner, par le président d’honneur de l’ONG AISA (Association  internationale soufie alaouiya qui prône la paix au cœur de l’éducation), M. Khaled Bentounes, initiée par l’Algérie avant qu’elle ne soit adoptée le 8 décembre 2017 par l’assemblée générale des nations unies, qui l’a inscrite dans son agenda le 16 mai de chaque année, exprimant ainsi ‘’le désir profond de vivre et d’agir ensemble, unis dans la différence et dans la diversité, en vue de bâtir un monde viable reposant sur la paix, la solidarité et l’harmonie’’.

Tout au long du mois du patrimoine, un programme culturel et artistique a eu lieu dans ce bel édifice, qui se résume dans une série d’expositions de parchemins, de tableaux de calligraphie déclinés par des maitres talentueux de l’encre, du point et du trait fin, l’histoire de la belle écriture et son développement, alternant avec des séances de déclamation de poésie outre des conférences animées par des architectes es patrimoine matériel et immatériel sans omettre la tenue d’ateliers pédagogiques pour enfants. Notons, pour l’histoire, la confrérie alaouiya a été fondée en 1909 par Cheikh Ahmed Ibn El Alioua (1868-1934), d’origine mostaganémoise, qui avait élu ses quartiers du côté de la mosquée Ketchaoua.

Ce dernier avait sa propre imprimerie avant de donner naissance en 1922 à sa première publication, affiliée à l’ordre alaouite, intitulée ‘’Djaridat el Balagh’’.

Il est fait mention aussi que Cheikh Ahmed déambulait un jour dans le dédale de la Casbah lorsqu’il fut apostrophé par un des membres (Baba Hammoud, certainement) fondateurs du doyen du club algérois, qui lui demandait : ‘’Ya cheikh ! Que nous proposes-tu comme nom au premier club musulman de football que nous venons de mettre en place ?’’, club   qui élisait domicile dans son tout premier siège sis 5, rue Benachère (Ben’achîr pour les intimes ou souikya).

Celui-ci, en grattant sa tête et en secouant un chouya ses méninges leur  balança : ‘’ On est à quelques jours du Mawlid ennabaoui, alors pourquoi pas baptiser la nouvelle formation musulmane ‘’El Mouloudia’’ !! Ainsi naquit le MCA...

 

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