L’effort mérite d’être connu de tous. Journaliste de profession, Mohamed Kebci s’est attelé à faire le portrait des martyrs de son village, Agouni-Fourrou, aux Ouacifs (Tizi Ouzou).
Une belle galerie des martyrs de cette région martyre de Haute-Kabylie s’est formée. «Je viens d’achever de retracer le parcours de chacun des 110 glorieux martyrs du village Agouni-Fourrou tombés au champ d’honneur lors de la guerre de Libération nationale et ceux des neuf victimes tombés sous les balles et les lames des terroristes islamistes.
Un long et laborieux chantier, entamé petitement il y a des années et que j’ai décidé de reprendre et de finaliser fin septembre dernier. Un temps relativement court pour un projet de cette nature, surtout que j’ai de nombreuses obligations à honorer, familiales et professionnelles d’abord et des engagements par-ci par-là», précise à El Watan Mohamed Kebci. Qu’en est-il de la philosophie de cette démarche inédite ? «Il ne s’agissait pas pour moi de faire un livre d’histoire, surtout que l’essentiel des acteurs de cette mémorable épopée n’est plus de ce monde et que beaucoup d’entre eux, une vingtaine, ont évolué loin de leur chère Kabylie, à Médéa, à Alger et en France principalement, mais juste enlever cette épaisse couche d’oubli qui ensevelit nos glorieux martyrs.»
Comment s’est fait la collecte ? L’auteur de ces textes a eu à exploiter «nombre de témoignages et d’anecdotes de notre très large diaspora, que ce soit sous forme d’écrits, audio voire même de vidéos, de photos et de documents qui me sont parvenus d’Alger, d’Oran, de Médéa, de France, des Pays-Bas, des Etats-Unis d’Amérique et du Canada».
Les portraits ont été présentés à l’occasion des Journées de la mémoire (Ussan n cfawat) organisées du 2 au 9 juillet. En sus de l’exposition regroupant les portraits, des projections de films documentaires et des conférences ont été organisées sous l’égide de l’association culturelle locale Tanekra dont le journaliste est premier-vice-président. «Il a été question, pour moi, de mettre à profit cette manifestation pour m’occuper d’un autre aspect de mon projet, à savoir recueillir davantage de témoignages et de poèmes qui ont accompagné cette mémorable épopée», détaille-t-il, précisant qu’il compte retracer l’épisode de l’implantation, en mai 1956, d’un poste avancé au lieudit Tamurt Ufella, comprenant à peu près une compagnie composée de 120 hommes issus de bataillons de chasseurs alpins, etc.
Le portraitiste projette de publier un recueil de ses portraits, dont «les revenus des ventes seront totalement dédiés à l’aménagement de l’ancienne Tajmaat du village en musée, en étroite collaboration avec le comité de village et l’association culturelle Tanekra». «En plus d’installer des portraits aux effigies des martyrs à travers notre village, il sera question d’installer des plaques commémoratives aux endroits où des maquisards étaient tombés, pour ceux, bien entendu, tués au village», annonce-t-il, indiquant qu’un auteur en tamazight, cadre au HCA, traduira les portraits en tamazight, en attendant de le faire en arabe.