Culture de la betterave sucrière à Biskra : L’absence d’une unité de transformation rebute les fellahs

19/06/2022 mis à jour: 03:58
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Photo : D. R.

Des agriculteurs craignent de se retrouver avec des tonnes de ce produit périssable sans pouvoir l’écouler rapidement et en soutirer les dividendes.

En application d’une feuille de route tracée par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural visant l’introduction de nouvelles plantes dans les activités agricoles nationales et in fine la réduction de l’importation des produits alimentaires dits stratégiques tels que le sucre, l’huile et le blé, l’Institut technique de développement de l’agronomie saharienne (ITDAS) de Biskra a été chargé de mener des recherches et des essais de culture de céréales, de tournesol et de betterave sucrière.

Afin de mettre en avant les résultats obtenus dans la culture de la betterave sucrière (Beta vulgaris), qui est une plante bisannuelle cultivée pour sa racine blanche gorgée de sucre, l’ITDAS a convié dernièrement des agriculteurs, des cadres de la direction de l’agriculture et des responsables de l’administration de la wilaya de Biskra à une journée d’étude et d’évaluation des expériences menées depuis plus d’une année.

Dans les champs d’expérimentation de cet institut de recherche appliquée et d’amélioration des pratiques culturales, les cultures de différentes variétés de betterave sucrière donnent d’excellents résultats. Avec une production possible estimée de 80 à 120 t/ha avec des tubercules atteignant de 19 à 23% de taux de sucre (saccharose) pour un poids variant de 3 à 10 kg, cette plante non consommable en l’état s’avère parfaitement adaptée aux conditions climatiques de Biskra.

Des perspectives intéressantes

On en extrait du sirop, du sucre, de l’alcool, de l’éthanol, de la pulpe, de la mélasse, de l’aliment et du fourrage pour le bétail, de l’engrais biologique et son jus additionné au chlorure de sodium est aussi utilisé dans certains pays comme fondant routier diminuant de façon significative l’impact des agents de déglaçage sur l’environnement et les infrastructures, a-t-on appris. «Les conclusions de nos expériences sur la betterave sucrière sont probantes et tout à fait au niveau des normes internationales.

La culture de la betterave sucrière dans le Sud du pays ouvre des perspectives intéressantes. En plus de revenus conséquents pour les agriculteurs, cette plante permet une professionnalisation et une augmentation de la main d’œuvre nécessaire.

Beaucoup d’agriculteurs montrent une ferveur et un intéressement sans pareil pour se lancer dans la culture de la betterave sucrière, mais certains sont encore réticents, car ils craignent de se retrouver avec des tonnes de ce produit périssable sans pouvoir l’écouler rapidement et en tirer les dividendes attendus compte tenu du fait que dans toute la région il n’y a pas une unité de transformation capable d’aborder toute la production escomptée et de procéder à toutes les étapes du processus d’extraction des produits dérivés de la betterave sucrière», a signalé Fouad Bendjeddou, directeur de l’ITDAS.

Pour lever les réticences des fellahs et les rassurer et ainsi implanter durablement la culture de la betterave sucrière dans la nomenclature des plantes cultivées en Algérie, celui-ci propose de développer les notions d’agriculture contractuelle obligeant les agriculteurs à répondre à un cahier des charges minutieux et aux autorités concernées de leur garantir des débouchés pour leurs productions futures.

A noter qu’à Biskra, il existe une unité privée de transformation et d’extraction de différents produits issus des dattes Ametna, dont le propriétaire a accompagné les agriculteurs et les techniciens de l’ITDAS dans ce plan de développement de la culture de la betterave sucrière et qui ont effectué des tests pour traiter et extraire du sucre et de la mélasse avec d’excellents résultats obtenus.

Mais cette entreprise n’a pas encore les capacités techniques et les installations d’une grande raffinerie qui serait capable d’absorber toute la production de betteraves sucrières prévue.                   

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