Depuis plusieurs décennies, les Baloutches se disent lésés dans leur province : officiellement, 70% des habitants y sont pauvres alors que le sous-sol regorge de minerais et d'hydrocarbures, notamment exploités par des entreprises chinoises.
Des assaillants armés ont tué samedi au Baloutchistan, dans le sud-ouest du Pakistan, quatre ouvriers originaires du Pendjab et quatre policiers, dernier épisode de violence dans cette région en proie à une rébellion séparatiste, ont indiqué les autorités. «Des assaillants à moto ont tué par balle quatre ouvriers pendjabis qui foraient des puits», a déclaré à l'AFP Ali Gul Imrani, un responsable de l'administration locale.
Un officier de police, Muhammad Asghar, a confirmé ces informations. Si l'attaque n'a pas été revendiquée jusqu'ici, ces derniers mois des séparatistes armés ont multiplié les exécutions sommaires de travailleurs venus d'autres provinces du Pakistan, en particulier de Pendjabis, perçus comme influents dans l'armée en guerre contre les rebelles baloutches.
Depuis plusieurs décennies, les Baloutches se disent lésés dans leur province : officiellement, 70% des habitants y sont pauvres, alors que le sous-sol regorge de minerais et d'hydrocarbures, notamment exploités par des entreprises chinoises.
Récemment, la région aux confins de l'Afghanistan et de l'Iran a été le théâtre d'une spectaculaire prise d'otages dans un train qui a fait une soixantaine de morts, selon les autorités, dont la moitié étaient des séparatistes auteurs de l'attaque. En mars, trois barbiers ambulants originaires du Sindh avaient été abattus au Balouchistan et en février, des séparatistes avaient fusillé 7 travailleurs pendjabis après avoir arrêté leur autobus et identifié leur origine.
En août, l'Armée de libération du Baloutchistan (BLA), principal groupe séparatiste, avait tué 39 personnes, notamment en vérifiant les cartes d'identité des passagers sur différentes routes avant de les abattre s'ils étaient pendjabis.
Depuis le 1er janvier, selon un décompte de l'AFP, près de 180 personnes, en majorité des membres des forces de sécurité, ont été tuées dans des violences menées par des groupes armés en lutte contre l'Etat, dans le Khyber-Pakhtunkhwa comme au Baloutchistan voisin.
Le Centre pour la recherche et les études sur la sécurité d'Islamabad estime que l'année 2024 a été la plus meurtrière en près d'une décennie au Pakistan, avec plus de 1600 morts, pour près de la moitié membres des forces de sécurité.
La figure de proue des Baloutches accusée de «terrorisme»
La figure de proue des Baloutches au Pakistan est accusée de «terrorisme» et de «meurtre», a indiqué hier une source policière à l'AFP au lendemain du placement en détention administrative de Mahrang Baloch, pour laquelle l'ONU s'inquiète.
La militante de 31 ans a été placée en détention en vertu d'une ordonnance héritée de l'époque coloniale portant sur «le maintien de l'ordre public», a indiqué à l'AFP Mohammed Hamza Chafqaat, haut fonctionnaire du Baloutchistan. L'avocat de Mahrang Baloch a confirmé qu'elle était incarcérée dans la prison de Quetta, la capitale du Baloutchistan.
Selon le procès-verbal consulté par l'AFP, celle qui lutte depuis 2009 pour les droits des Baloutches est accusée de «terrorisme», «sédition» et «meurtre». Ce document fait référence à des échauffourées entre forces de sécurité et manifestants samedi avant l'aube, lors d'un sit-in du Comité de l'unité baloutche (BYC), fer de lance de la protestation non violente dans la région, pour réclamer la libérations de plusieurs de ses militants arrêtés.