Crise russo-occidentale sur l’Ukraine : Paris évoque des «solutions concrètes»

09/02/2022 mis à jour: 03:20
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Les présidents français et russe veulent amorcer une désescalade

Après des consultations à Moscou lundi à Moscou, Emmanuel Macron a assuré hier à Kiev voir des «solutions concrètes» à la crise russo-occidentale liée à l’Ukraine, selon des propos recueillis par l’AFP.

 Face à des tensions d’un niveau rarement atteint depuis la fin de la Guerre froide à la suite du déploiement de dizaines de milliers de soldats russes à la frontière ukrainienne, le président français a successivement rencontré ses homologues russe lundi, puis ukrainien Volodymyr Zelensky hier, pour rechercher une issue diplomatique. 

La présence de ces troupes fait craindre aux Occidentaux une invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a déjà annexé la Crimée en 2014 et soutient les séparatistes en guerre avec les forces ukrainiennes depuis la même année, un conflit qui n’a pas encore cessé malgré les accords de paix de Minsk. A Kiev, Emmanuel Macron, dont le pays préside actuellement l’Union européenne (UE), a assuré avoir obtenu «un double engagement» de l’Ukraine et de la Russie à respecter ces accords, indiquant croire en «des solutions concrètes pratiques» pour aboutir à une désescalade. «Il ne faut rien sous-estimer de la tension que nous sommes en train de vivre (...) on ne peut pas régler cette crise en quelques heures de discussions», a-t-il cependant averti.

 En attendant une éventuelle solution diplomatique, il a assuré avoir obtenu des promesses de son homologue russe Vladimir Poutine au cours de leur rencontre lundi soir : Il «m’a dit qu’il ne serait pas à l’origine de l’escalade». 
 

De son côté, Volodymyr Zelensky a annoncé s’attendre à un prochain sommet avec les présidents russe et français et le chancelier allemand sur le processus de paix dans l’est de l’Ukraine, précédé par une nouvelle réunion entre conseillers demain à Berlin. 
 

Vladimir Poutine a estimé à l’issue de sa rencontre avec Emmanuel Macron que «certaines des idées» de ce dernier pourraient «jeter les bases d’avancées communes» et doit reparler avec lui après son déplacement en Ukraine. Il a néanmoins une fois encore critiqué le refus occidental de lui céder sur la fin de la politique d’élargissement de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) et le retrait de ses moyens militaires d’Europe de l’Est. La Russie a présenté ces exigences comme étant les conditions d’une désescalade. Mais, selon la Présidence française, V. Poutine a accepté de se pencher sur des propositions d'E. Macron. 
 

Il s’agit d’un engagement à ne pas prendre de nouvelles initiatives militaires des deux côtés, de l’amorce d’un dialogue notamment sur le dispositif militaire russe, des négociations de paix sur le conflit en Ukraine et du début d’un dialogue stratégique. Sur le plan militaire, la Russie s’engagerait aussi à retirer ses unités militaires du Bélarus, une fois les manœuvres terminées en février. 

Plus au sud en revanche, six navires de guerre russes quittent la Méditerranée pour se rendre, dans le cadre d’exercices maritimes annoncés le mois dernier, en mer Noire, une zone de tensions car bordant la fois l’Ukraine, la Russie, la péninsule annexée de Crimée et plusieurs pays de l’Otan. L’Ukraine, pour sa part, prévoit de vastes manœuvres militaires sur son territoire du 10 au 20 février, recourant aux drones de combat achetés à la Turquie ainsi qu’à des missiles antichars livrés par Washington et Londres, parallèlement aux exercices russo-bélarusses. Les Etats-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont par ailleurs envoyé des renforts militaires en Europe. Un premier détachement d’une centaine de militaires américains est arrivé en Roumanie. 
 

Le gazoduc Nord Stream 2 resurgit à Washington
 

Lundi, le président américain Joe Biden et le chancelier allemand Olaf Scholz ont fait état de leur harmonie à Washington dans la crise autour de l’Ukraine. «Si la Russie envahit (l’Ukraine), cela veut dire des chars et des troupes qui traversent la frontière de l’Ukraine, encore une fois. 

Alors il n’y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin», a dit Joe Biden au sujet de ce gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne, déjà construit mais qui n’est pas encore entré en fonctionnement. A ses côtés lors d’une conférence de presse commune, le chancelier allemand, pressé de questions sur Nord Stream 2, n’a pas été lui aussi explicite. Etats-Unis et Allemagne sont «absolument unis» sur les sanctions à infliger à la Russie si jamais elle attaquait, et les deux pays prendraient «les mêmes mesures», a assuré Olaf Scholz, en veillant à ne pas mentionner nommément Nord Stream 2. Il a déclaré qu’à son avis, il ne fallait «pas mettre sur la table» d’emblée toutes les mesures de représailles possibles. Olaf Scholz a lui estimé que les deux nations pouvaient «compter l’une sur l’autre».

 Il a répété que Moscou subirait des «coûts très, très élevés» en cas d’attaque de l’Ukraine. Des déclarations contradictoires de responsables allemands sur l’attitude à tenir face à Moscou ont achevé de semer le trouble à Washington sur la fiabilité de Berlin intimement liée à la Russie sur le plan gazier et commercial. Berlin s’est toutefois récemment attaché à donner des gages. 

Plus tôt lundi, la ministre de la Défense a annoncé l’envoi de 350 soldats allemands supplémentaires en Lituanie dans le cadre d’une opération de l’Otan. Et il entend jouer un rôle dans le ballet diplomatique actuel autour de la Russie. Le chancelier allemand doit rencontrer Vladimir Poutine, à Moscou, le 15 février, après un passage par Kiev.

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