Crise malienne : Fin de mandat pour la Mission des Nations unies

02/07/2023 mis à jour: 03:35
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Photo : D. R.

Jusqu’à hier, deux pays ont réagi à la nouvelle du retrait de la Mission onusienne du Mali. Il s’agit de la Russie et des Etats-Unis. Le département d’Etat américain a exprimé «son regret quant à la résolution de la crise, craignant l’impact que pourrait avoir le départ de la Minusma sur les crises sécuritaires et humanitaires affectant le peuple malien».

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté, vendredi dernier et à l’unanimité des 15 membres, une résolution mettant fin à l’action de la Mission des Nations unies (Minusma) au Mali, dix ans après son déploiement dans ce pays en proie à une crise politique et sécuritaire complexe.

Le texte, présenté par la France, ordonne le retrait total du Mali de tous les représentants de la Mission onusienne dans un délai de six mois (du 30 juin au 31 décembre 2023). «Le Conseil, tout en constatant que la situation au Mali continue de menacer la paix et la sécurité internationales, note que, dans une lettre adressée au président du Conseil de sécurité, le gouvernement de transition malien a demandé le retrait sans délai de la Minusma», précise un communiqué des Nations unies.

Dans ce sens, le Conseil, ajoute le même document, prie la Minusma, à compter du 1er juillet 2023, «de commencer immédiatement la cessation de ses opérations et le transfert de ses tâches ainsi que la réduction et le retrait de son personnel».

Il insiste à ce que ce retrait se fasse «de façon organisée et en toute sécurité, avec pour objectif que le processus soit achevé le 31 décembre 2023, en étroite consultation avec le gouvernement de transition malien et en coordination avec les pays fournisseurs de contingents ou de personnels de police». «Le Conseil décide également que, jusqu’au 30 septembre 2023, sans préjudice de la responsabilité première des autorités maliennes et de concert avec elles, et agissant dans les limites de ses moyens et de ses capacités dans son voisinage immédiat, la Minusma est autorisée à répondre aux menaces imminentes de violence contre des civils et à contribuer à l’acheminement en toute sécurité de l’aide humanitaire sous la direction de civils», note le document.

Des fonctions limitées jusqu’au 1er janvier 2024

La résolution onusienne autorise la Minusma à assumer, jusqu’au 1er janvier 2024, des fonctions limitées dans sa zone d’opérations, de concert avec le gouvernement de transition malien et avec sa coopération. Celles-ci consistent à pourvoir à la sécurité du personnel, des locaux, des convois, des installations et du matériel des Nations unies, ainsi qu’à celle du personnel associé, à continuer de surveiller les conditions régnant aux abords de ses sites et à escorter le personnel civil et en tenue des Nations unies dans ses fonctions d’appui.

Elle est également autorisée à «procéder à des opérations d’extraction de membres du personnel des Nations unies et d’agents de l’action humanitaire en danger, à fournir un appui médical, y compris l’évacuation sanitaire des membres du personnel des Nations unies et à mettre en place une communication stratégique efficace pour renforcer sa protection». «Le Conseil décide, en outre, que la liquidation de la Minusma commencera le 1er janvier 2024 et décide également d’autoriser, pendant la durée de cette liquidation, le maintien d’une unité de garde composée d’effectifs existants de la Mission, afin de protéger le personnel, les installations et les biens de la Mission», souligne le communiqué de l’ONU.

Quid de l’accord d’Alger ?

Avec cette décision, le Mali risque de plonger dans l’inconnu. Et pour cause, la Minusma était garante de la mise en œuvre de l’accord de paix conclu à Alger en 2015. Depuis quelques mois, un grave désaccord est né entre les mouvements de l’Azawad et le gouvernement de transition du Mali. Ce dernier était demandeur du départ de la Minusma. Sa demande est vue d’un mauvais œil par les différents mouvements du Nord-Mali, regroupés dans le CSP-PSD (Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement).

Dans un communiqué publié le 23 juin dernier, ces mouvements ont qualifié la demande de retrait de la Mission onusienne de «coup mortel pour l’accord de paix, dont l’application a été freinée par le gouvernement malien». «Le départ de la Minusma, et sans la mise en place d’un autre cadre crédible, constituera une véritable menace pour la paix et la sécurité au Mali et dans toute la région», alerte le CSP-PSD, qui refuse, aussi, de reconnaître le Constitution adoptée le 18 juin dernier.

Pour ce mouvement, «le projet de nouvelle Constitution n’enregistre aucune évolution particulière à la Constitution du 25 février 1992, en matière de dispositions indispensables à une concrétisation des mesures législatives et réglementaires des engagements politiques et institutionnels pris à l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger».

Au fait de la complexité de la situation, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, rappelle l’importance de l’Accord de 2015 pour la paix et la réconciliation au Mali. Il exhorte, de ce fait, les parties signataires à continuer d’honorer le cessez-le-feu, malgré le retrait de la Minusma. «António Guterres appelle à la pleine coopération du gouvernement de transition pour un retrait ordonné et en toute sécurité du personnel et des biens de la Mission dans les mois à venir, rappelant l’engagement du Mali à respecter l’Accord sur le statut des forces jusqu’au départ du dernier élément de la Mission», indique son porte-parole adjoint, Farhan Haq, dans une déclaration à la presse.

Et d’ajouter : «Le secrétaire général réaffirme la solidarité des Nations unies avec le peuple et les autorités du Mali pour toutes les épreuves que leur pays a subies. Il continuera de dialoguer avec le gouvernement de transition du Mali sur la meilleure façon de servir les intérêts du peuple malien en coopération avec l’équipe de pays des Nations unies au Mali, le Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) et d’autres partenaires.»

Jusqu’à hier, deux pays ont réagi à la nouvelle du retrait de la Mission onusienne du Mali. Il s’agit de la Russie et des Etats-Unis. Dans un entretien téléphonique avec son homologue malien, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a renouvelé le soutien indéfectible de son pays en faveur du Mali tant dans le domaine militaro-technique qu’en matière d’assistance humanitaire et économique. 

Pour sa part, le département d’Etat américain exprime «son regret quant à la résolution de la crise, craignant l’impact que pourrait avoir le départ de la Minusma sur les crises sécuritaires et humanitaires affectant le peuple malien».

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