Le dirigeant du PAM pour la Birmanie, Michael Dunford, a expliqué la semaine dernière à l’AFP que son organisation était contrainte de réduire la voilure faute de dons suffisants, notamment de la part des Etats-Unis.
Désemparés, les habitants d’un camp de déplacés de Birmanie ont reçu hier leur toute dernière allocation du Programme alimentaire mondial (PAM), avant que l’organisme onusien, faute de financements, n’interrompe son aide à plus d’un million de personnes dans le pays. Les coupes draconiennes dans le budget de l’aide internationale décidées par le président américain Donald Trump ont conduit à un «manque critique de financement», a regretté le PAM, contraignant l’organisation à suspendre son soutien au pays ravagé par une guerre civile meurtrière.
«Je prie chaque soir pour que cette nouvelle ne soit pas vraie», dit Byar Mee, qui a reçu mardi, comme d’autres mercredis, la dernière de ses enveloppes mensuelles d’argent liquide, équivalent à environ 50 dollars, qu’elle utilise pour nourrir les siens - cinq personnes, au total.
«Je prie Dieu pour que les donateurs soient bénis et soient capables de nous aider à nouveau», dit-elle à l’AFP dans un camp à l’extérieur de Myitkyina, dans le nord-est du pays. «S’il vous plaît, aidez-nous et ayez pitié de nous.» Depuis que l’armée a renversé le gouvernement civil en 2021, la Birmanie est enlisée dans un conflit qui a fait des milliers de morts, des millions de déplacés, et porté à quelque 50% la part des habitants sous le seuil de pauvreté.
Du fait des coupes, le PAM ne pourra venir en aide qu’à environ 35 000 personnes en avril, soit une infime part des 15 millions de Birmans ne pouvant satisfaire leurs besoins alimentaires au quotidien. Zi Yay Tar a dû quitter son logement il y a plus d’un an, en raison de combats et de la présence de mines. Sa famille, constituée de sept membres, a rejoint le même camp que celui de Byar Mee, dirigé par l’association baptiste Waingmaw Lisu dans l’Etat de Kachin, à 40 kilomètres de la frontière avec la Chine.
«Nous sommes en difficulté parce que nous n’avons pas d’autres revenus», explique l’homme de 32 ans à l’AFP. «Le Programme alimentaire mondial constituait notre meilleur espoir.» Le dirigeant du PAM pour la Birmanie, Michael Dunford, a expliqué la semaine dernière à l’AFP que son organisation était contrainte de réduire la voilure faute de dons suffisants, notamment de la part des Etats-Unis.
Depuis son retour en janvier à la Maison-Blanche, Donald Trump est entré en croisade contre la dépense publique au niveau fédéral, un combat confié à son plus important donateur, le milliardaire Elon Musk, l’homme le plus riche du monde. L’Agence américaine de développement (USAID), jusqu’ici un donateur important du PAM, a vu son budget de 42,8 milliards de dollars sabré. Quelque 379 ménages, soit plus de 1800 personnes, vivent dans le camp, soutenu par l’organisme depuis juillet.
«Mourir de faim»
Le Tarr, un habitant en charge de la coordination. «Depuis que l’on a entendu l’annonce du PAM, nous sommes déprimés et avons du mal à dormir», explique-t-il. «Sans nourriture et provisions, nous allons mourir de faim.» Donald Trump a présenté les coupes dans l’aide extérieure comme un moyen de réduire la dépense publique. L’Agence américaine du développement n’a toutefois représenté que 0,7 à 1,4% des dépenses totales du gouvernement américain durant le dernier quart de siècle, selon le centre de recherche Pew.
Le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits humains en Birmanie, Tom Andrews, a souligné lundi que «le soudain et chaotique retrait de l’aide, principalement par le gouvernement des Etats-Unis, était déjà en train d’avoir un impact écrasant pour le peuple de Birmanie». Cette aide «leur permet littéralement de rester vivants, et son arrêt brutal va les tuer», a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Genève, en Suisse.
Le PAM, c’est quoi ?
Le Programme alimentaire mondial (PAM ; en anglais : World Food Program, WFP) est l’organisme d’aide alimentaire de l’ONU. Le PAM est la plus grande agence humanitaire qui lutte contre la faim dans le monde en distribuant une assistance alimentaire dans les situations d’urgence et en travaillant avec les communautés pour améliorer leur état nutritionnel et renforcer leur résilience.
Chaque année, le PAM apporte une assistance à 80 millions de personnes dans près de 80 pays. Le prix Nobel de la paix 2020 a été décerné au PAM pour ses efforts dans la lutte contre la faim dans les différentes zones touchées par les conflits dans le monde. Son siège se situe à Rome, en Italie.
La mission du PAM est d’éliminer la faim et la pauvreté dans le monde, en répondant aux besoins d’urgence et en appuyant le développement économique et social. Le PAM vise aussi à réduire le taux de mortalité infantile, à améliorer la santé des femmes enceintes et à lutter contre la carence de micronutriments et contre les maladies comme le VIH/sida.
Le PAM a pour objectif de fournir une aide alimentaire aux victimes de catastrophes naturelles, aux personnes réfugiées ou déplacées à l’intérieur de leur propre pays – contraintes de tout abandonner à la suite de conflits, d’inondations, de sécheresses ou d’autres catastrophes naturelles et aux pauvres souffrant de la faim qui n’arrivent pas à se sortir du cercle vicieux de la pauvreté et de la malnutrition.(source : Wikipédia)