Crise au Soudan : Le chef de l’ONU redoute l’impact de la guerre sur les pays voisins

04/05/2023 mis à jour: 09:06
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Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a jugé hier «absolument essentiel» que la crise au Soudan ne s’étende pas au-delà de ses frontières et vienne menacer les transitions démocratiques et les processus de paix en cours dans les pays voisins, selon des propos recueillis par l’AFP. «La situation actuelle est totalement inacceptable. 

Un cessez-le-feu durable doit avoir lieu», a déclaré Antonio Guterres lors d’une conférence de presse dans la capitale kényane Nairobi. Il s’est dit «très préoccupé» par le débordement du conflit vers les pays voisins, en proie à des troubles politiques ou sortant de conflits, comme le Tchad, le Soudan du Sud et l’Ethiopie. «Il est absolument essentiel de soutenir massivement le Tchad dans la situation actuelle. 

D’autre part, nous avons d’autres pays de la région (qui sont) dans leurs propres processus de paix. L’Ethiopie est dans un processus de paix (après deux ans de guerre au Tigré, ndlr). Il est absolument essentiel d’éviter tout débordement du Soudan vers l’Ethiopie», a-t-il déclaré. «Le Soudan du Sud est dans un processus lent et difficile pour mettre en œuvre les accords (de paix de 2018 après une sanglante guerre civile, ndlr) qui ont été conclus.

Toute perturbation par rapport au Soudan du Sud serait extrêmement dangereuse», a-t-il ajouté. Il a déclaré que l’ONU a été «prise par surprise» par la guerre qui a éclaté au Soudan, car il était espéré que les négociations en cours entre les deux généraux porteraient leurs fruits. «Nous ne nous attendions pas à ce que cela se produise», a-t-il affirmé. 

Les combats qui opposent depuis le 15 avril dernier l’armée dirigée par le général Abdel Fattah Al Burhane et les forces paramilitaires du général Mohamed Hamdane Daglo ont notamment poussé 100 000 personnes à fuir vers les pays frontaliers, selon l’ONU, qui s’attend à huit fois plus de réfugiés. 

Comme ils ont causé la mort de plus de 500 personnes, principalement à Khartoum et au Darfour (ouest), et des milliers de blessés, selon le ministère soudanais de la Santé. Un bilan qui pourrait être largement sous-estimé, selon l’ONU.

Les deux rivaux ont convenu de plusieurs trêves, qui n’ont pas été respectées. Le ministère sud-soudanais des Affaires étrangères a annoncé mardi que les belligérants ont convenu du principe d’un nouveau cessez-le-feu du 4 au 11 mai, mais aucune des parties ne l’a confirmé. Par ailleurs, l’ONU a demandé hier des garanties de sécurité «au plus haut niveau» pour assurer l’acheminement de l’aide au Soudan, après le pillage de six camions transportant de l’aide alimentaire. 

«Ces engagements sont une condition préalable à une action humanitaire à grande échelle», a déclaré le responsable de l’ONU pour les affaires humanitaires, Martin Griffiths, qui s’exprimait depuis Port-Soudan, lors d’une visioconférence avec des journalistes à Genève. «Nous avons besoin d’avoir un engagement au plus haut et très publiquement, et nous devrons concrétiser ces engagements par des accords locaux», a-t-il dit, avant d’indiquer que six camions transportant de l’aide alimentaire pour le Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) ont été pillés alors qu’ils étaient «en route» vers le Darfour, dans l’ouest du Soudan. «L’environnement est instable. Nous avons donc besoin de ces engagements, c’est l’une des obligations qui m’incombent, je pense, dans le cadre de cette visite dans la région», a-t-il assuré. 

«Garanties»

Le haut responsable onusien se trouvait hier à Port-Soudan, ville côtière soudanaise où l’ONU s’est repliée en raison de la guerre pour le pouvoir entre deux généraux rivaux, qui déchire le pays depuis le 15 avril, pour rencontrer notamment des responsables des principales agences humanitaires. «Les discussions que j’ai eues ici et celles que j’ai eues en chemin à Nairobi m’ont clairement montré que le désir et la volonté des agences humanitaires d’agir sont plus forts que jamais», a-t-il indiqué. «Le deuxième aspect sur lequel j’ai déjà commencé à travailler ici aujourd’hui est de s’assurer que nous avons des engagements publics, clairement donnés par les militaires, afin de protéger les systèmes humanitaires pour qu’ils puissent opérer», a-t-il expliqué. 

Les premières cargaisons d’aide humanitaire arrivent au compte-gouttes dans le pays, où un habitant sur trois dépendait de l’aide humanitaire avant la guerre. Martin Griffiths a, par ailleurs, plaidé en faveur d’une levée des «obstacles bureaucratiques à l’acheminement de l’aide au Soudan». «Il n’est pas facile d’obtenir des visas ou des certificats de circulation. J’ai moi-même eu quelques difficultés à obtenir des visas, mais d’autres personnes, en particulier des ONG internationales, m’ont dit aujourd’hui qu’elles avaient vraiment besoin d’aide dans ce domaine», a-t-il détaillé. Il a également appelé la communauté internationale à se mobiliser pour financer l’appel de 1,7 milliard de dollars pour le Soudan, lancé avant l’escalade actuelle, et qui est financé à hauteur de 200 millions de dollars. 

De son côté, l’Arabie Saoudite a indiqué hier que son bureau culturel à Khartoum a été attaqué par un groupe armé. Le bâtiment du bureau culturel saoudien à Khartoum a été attaqué mardi matin par un «groupe armé» qui a «endommagé des équipements et des caméras», volé du matériel «et abîmé les systèmes (informatiques) et les serveurs» a affirmé le ministère des Affaires étrangères saoudien dans un communiqué, sans nommer le groupe en question.

Le royaume «condamne vivement» l’incident et «appelle à en sanctionner les auteurs», a-t-il ajouté, en réitérant par ailleurs son appel à «mettre fin à l’escalade militaire entre les parties en conflit». Le royaume wahhabite s’affiche comme médiateur dans le conflit soudanais, d’autant qu’il entretient des relations avec les deux généraux rivaux. Il a organisé l’évacuation du Soudan de plus de 5600 ressortissants saoudiens et étrangers ces trois dernières semaines. 

Dimanche, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal Ben Farhane, a rencontré un émissaire du général Al Burhane, et les autorités saoudiennes ont demandé la tenue d’une réunion d’urgence de l’Organisation de la coopération islamique (OCI). 

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