Crise à la CAF : Motsepe ne survivra pas à 2023

27/05/2023 mis à jour: 08:06
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Le président de la Confédération africaine de football, le Sud-Africain Patrice Motsepe

La Confédération africaine de football (CAF) traverse une forte zone de turbulences qui menace la stabilité du sommet de l’institution et remet en cause beaucoup de choses. 

Le dernier comité exécutif (Comex) de la CAF tenu à Alger en marge de la finale de la CAN-U17 a été marqué par de profondes divergences entre les principaux acteurs de l’organe dirigeant de la Confédération comme l’a rapporté un journaliste nigérian vivant à Londres. La «fuite  organisée» (démentie par des membres du Comex) a donné le signal du début des grandes manœuvres orchestrées par le président de la FIFA, Gianni Infantino, qui veut coûte que coûte garder la main sur la CAF dont il est le véritable patron depuis qu’il a intronisé le Sud-Africain Patrice Motsepe à la tête de l’instance faitière après avoir chassé l’ancien président, le Malgache Ahmad Ahmad avec la complicité de la commission d’éthique de la FIFA. 

Une fois cette besogne accomplie, il a imposé son favori, Patrice Motsepe, que les responsables des fédérations africaines ont adoubé sur le champ et sans se poser de questions. 

A priori, l’attelage Infantino-Motsepe (1921-1923) a fait son temps. De profondes divergences sont apparues entre les différents acteurs du Comex. Malin comme il l’est, l’talo-Suisse s’est rapidement redéployé pour garder la main sur la CAF et ses principaux dirigeants. 

Les informations qui sont remontées jusqu’à lui et sa garde prétorienne n’augurent rien de bon pour lui et la Confédération. Rapidement, il a réuni ses hommes de confiance et leur a demandé de lui préparer un ou deux plans pour maîtriser la situation. Comme c’est un «politique» doublé d’un calculateur, il a ciblé ses plus dangereux adversaires africains. 

Pour qu’il puisse compter sur le soutien indéfectible des dirigeants du continent, il a établi une liste d’hommes et de femmes qui lui sont fidèles (où pas). Il veut choisir celui qui conduira la CAF lors des prochains mois. Ses sergents lui ont suggéré d’établir une liste noire de personnes à qui il ne doit pas faire confiance. Le premier nom qui lui est venu à l’esprit est celui de la secrétaire générale de la FIFA, la Sénégalaise Fattouma Samoura, qu’il a choisie comme bras droit au lendemain de son élection à la présidence de la FIFA à la suite du scandale du Fifagate (2015-2016). 

Ce choix a été fait sur proposition d’Ahmad Ahmad qui lui a présenté la diplomate sénégalaise lors d’un banquet organisé chez lui à Antananarivo. La cheville ouvrière de la FIFA s’est ouverte à quelques délégués africains sur son désir de présider la CAF. Gianni Infantino a traduit son intention comme une menace pour son pouvoir absolu qu’il exerce sur la CAF et ses dirigeants. 

Se débarrasser  d’un rival est un jeu d’enfant pour lui. Michel Platini, ex-président de l’UEFA et vice-président de la FIFA, ainsi que Joseph Sepp Blatter, président de la FIFA, ont appris à leurs dépens que l’homme n’avait aucun scrupule pour assouvir son ambition. Fattouma Samoura a appris à le connaître et à se méfier de lui. L’homme fort de la FIFA a rapidement dégagé un plan. 

Il l’a éloignée de la FIFA pendant toute la durée de la coupe du monde U23 en Argentine et lui a préparé une reconversion. Il va la désigner comme présidente de la Banque africaine de football, un organe placé directement sous l’égide de la FIFA et qui ne figure sur aucun organigramme de la FIFA et de la CAF. Une promotion bidon. En réalité, une voie de garage royale pour son bras droit depuis des années.
      
Quel lien avec la CAF ?

Beaucoup s’interrogeront sur le lien qu’il y a avec la CAF et le «destin» que le président de la FIFA prépare à sa secrétaire générale. Une bonne question. A partir du moment où le départ de Patrice Motsepe est acté, Gianni Infantino veut peser sur la future recomposition du Comex et surtout sur l’élection du nouveau président. 

Au cours de la dernière année, il a tenté de recoller les morceaux entre les «ténors» du Comex. Sans réussite. Le Sud-Africain n’a pas affirmé son autorité sur le groupe au grand dam du président de la FIFA. Celui-ci a préparé en sous-main le futur successeur du Sud-Africain.

 Il s’agit du Mauritanien Ahmed Yahya, un magnat de la pêche et riche homme d’affaires. A ses proches, Patrice Motsepe s’est ouvert sur son futur projet. Prendre le secrétariat du parti politique que préside son beau-frère et président de l’Afrique du Sud. Il se tourne vers la politique et s’éloigne du football continental. Même s’il reste le propriétaire du club Mamelodi Sundowns dont il a confié la gestion à son fils. Il devrait annoncer sa démission de la CAF en automne prochain. Dans la fourchette septembre-octobre-novembre 2023. La page Motsepe fermée, il faudra bien en ouvrir une autre.

Augustin Senghor et sa compatriote Fattouma Samoura pourrait être le ticket gagnant. Le président de la FIFA ne veut pas de cet attelage à la tête de la CAF. Le Sénégalais, un brillant magistrat, et la Sénégalaise, une ancienne diplomate, représentent un danger pour le pouvoir absolu que l’Italo-Suisse exerce sur le football et les instances du continent africain. Augustin Senghor a une grande aura. Ce qu’il a réalisé à la tête de sa fédération est salué par tous.
Gianni Infantino sent-il la fin de son hégémonie sur le football africain ? Probablement. Les promesses de faire bénéficier le football africain de millions de dollars qu’il a promis de capter se sont évaporées. Dans un ultime réflexe pour ne pas perdre définitivement la face, il a chargé le président de la CAF de signer un contrat de partenariat avec le président de la fédération saoudienne, qui rapporterait 200 millions de dollars à la CAF, en contrepartie d’un vote groupé des délégués africains en faveur de la candidature de ce pays à l’organisation de la coupe du monde 2034.

Avec Gianni Infantino, la politqiue n’est jamais loin du football-business.
En attendant, il continue de placer ses pions à des postes stratégiques à la CAF. Il a confié le portefeuille du département marketing à un Suisse, celui de la stratégie à un Italien, celui des médias, sponsors et télés à un Australien. 

Sans oublier le Suédois Mattias, son ami, qui est pressenti pour remplacer Fattouma Samoura. Et le football africain dans tout cela ? Une bonne question qu’il faut poser aux dirigeants africains eux-mêmes. C’est l’histoire de l’honneur perdu du football continental.
 

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